Michel Platini, président de l'UEFA, veut que le monde du football réfléchisse «à quelque chose de plus sain» pour éviter les dérives du marché des transferts, qui «devient un gros business», parfois «malsain» avec des joueurs devenant des «produits».

«Moi, j'ai toujours été à la fin de mes contrats. Aujourd'hui certains joueurs deviennent des produits. Nous devons, tous ensemble, et en premier lieu la FIFA, réfléchir à quelque chose de plus sain», a-t-il expliqué devant la presse internationale vendredi à Monaco.

«Aujourd'hui, il arrive que des joueurs n'appartiennent même plus à des clubs, mais à des sociétés financières ou des personnes, c'est un retour 50 ans en arrière, c'est une honte, ça devient un gros business. C'est malsain qu'un club ne fasse plus jouer un joueur pour le forcer à partir et réaliser un transfert», a poursuivi l'ancien joueur vedette de la Juventus.

Platini n'a cité aucun exemple, mais c'est le cas à Lyon, qui a écarté du groupe professionnel son attaquant «Bafé» Gomis pour le pousser au transfert vers un autre club : le joueur n'a pas prolongé son contrat et l'OL ne toucherait rien s'il rejoignait un autre club en fin de saison.

«Il faut avoir une certaine réflexion. Y compris pour le mercato d'hiver : au bout de quatre mois d'une saison, les joueurs changent! Il y a quelque chose de malsain».

Dossier Bale : «le débat ne repose pas sur la moralité»

Interrogé sur les 100 millions d'euros que le Real Madrid serait prêt à dépenser pour l'international gallois Gareth Bale (Tottenham), Michel Platini a estimé que le «débat ne repose pas sur la moralité».

À la question «est-ce qu'il est moral de dépenser près de 100 millions d'euros pour Bale?», Platini a répondu : «J'ai un grand vécu dans le foot, pour le transfert de Maradona il y a 30 ans, on se demandait déjà si 5 millions c'était moral. Puis il y a eu la même question pour le transfert de Zidane à la Juventus, de Cristiano Ronaldo au Real. Ça fait 30 ans qu'on se pose la question, ça ne date pas d'aujourd'hui».

«Mais le débat ne repose pas là dessus, la question c'est: est-ce que le Real a cet argent pour payer? Si le Real Madrid avait acheté trois joueurs à 30 millions on ne se poserait pas la question. Le Real a peut-être un moyen de payer sur 5-6 ans, ce qui ferait 15 millions par an».

Mondial-2022: Platini a appris «avec plaisir» la position de Blatter

Le président de l'UEFA a indiqué avoir «appris avec plaisir que le président de la FIFA Joseph Blatter voulait déplacer la Coupe du monde de 2022, au Qatar, en hiver», ce que le patron du foot européen prône depuis longtemps.

«J'ai appris avec plaisir que le président de la FIFA Joseph Blatter voulait déplacer la Coupe du monde de 2022 en hiver, c'est ce que je réclamais depuis longtemps, il est impossible de jouer par 50 degrés Celcius au Qatar l'été», a expliqué Platini.

Joseph Blatter a indiqué qu'il inscrirait cette question à l'ordre du jour du prochain comité exécutif de la fédération internationale, en octobre, qui sera chargé de trancher.

«Il faut jouer la Coupe du monde au meilleur moment. Le comité exécutif de la FIFA va prendre une décision, et si elle doit se jouer en hiver, l'UEFA proposera ce qu'elle considère comme la meilleure période pour le mois qui serait concerné», a conclu l'ancien capitaine des Bleus.

«Il est clair qu'on ne peut pas jouer par cette chaleur en plein été, il faut prendre en compte la santé des joueurs», avait déclaré M. Blatter en juillet.

«C'est possible de refroidir un stade, mais pas un pays tout entier. C'est pourquoi le comité exécutif doit se montrer courageux et faire prendre conscience aux fédérations qu'il faut changer quelque chose», avait-il précisé.

La volonté de Sepp Blatter de faire jouer la Coupe du monde 2022 au Qatar en hiver entraînerait un «chaos», a déclaré fin juillet le chef de la Premier League anglaise Richard Scudamore.

«Pendant 150 ans, l'Angleterre a imposé son calendrier et on l'a respecté, alors pour une fois, pendant un mois, l'Angleterre pourrait respecter un autre calendrier», a commenté Platini dans un grand sourire, provoquant également des sourires chez les journalistes anglais qui l'avaient interrogé au sujet des oppositions à une Coupe du monde en hiver en Angleterre.