À l'image de Johan Cruyff, le plus espagnol des Hollandais, nombre d'amateurs de football ont été désagréablement surpris par la brutalité des Néerlandais en finale de la Coupe du monde dimanche soir.

Dans une chronique publiée par le quotidien catalan El Periodico, la légende du football néerlandais, devenu joueur puis entraîneur du FC Barcelone par la suite, estime que l'équipe des Oranje a pratiqué un «anti-football» lors de cette finale perdue contre l'Espagne, 1 à 0 après prolongation.

Les hommes du sélectionneur Bert van Marwijk ont joué «lamentablement et tristement de manière très sale», dans un style «laid, vulgaire, dur, hermétique», écrit le capitaine de l'équipe finaliste du Mondial 1974 (défaite en finale contre l'Allemagne).

Lundi, le président de la FIFA Sepp Blatter lui-même, malgré son devoir de réserve, s'est autorisé quelques commentaires acides: «La tâche n'était pas facile pour le trio d'arbitres, et ils n'ont pas été aidés (par les joueurs)».

De fait, les Néerlandais ont usé et abusé des gestes brutaux dès le début du match, récoltant au total neuf cartons jaunes et un rouge (Heitinga, expulsé en fin de prolongation pour un deuxième avertissement). Les Espagnols, de leur côté, ont reçu cinq avertissements. Soit au total un record historique de 15 cartons (14 jaunes, 1 rouge) pour une finale de la Coupe du monde.

D'autant plus étonnant que les Néerlandais sont plus connus pour leur football de mouvement que pour leur brutalité. Depuis le début du Mondial, les Oranje avaient pratiqué un jeu certes engagé mais dans la norme (13 cartons jaunes sur les six premiers matches).

«Violence de canailles»

Les Néerlandais «ont décidé d'intimider les joueurs espagnols avec une violence de canailles. Cela n'a jamais été leur style», déplorait lundi le quotidien sportif espagnol Marca: «Au milieu de la première mi-temps, le jeu était une guerre où une seule équipe portait des coups à l'adversaire (...). La violence n'a pas cessé jusqu'à la dernière minute du match».

Pour son concurrent As, «la Hollande s'est employée à une tâche de harcèlement et de destruction indigne d'un maillot comme le sien. Seule la permissivité de l'arbitre a permis qu'elle termine à 11 le temps réglementaire».

Cruyff lui aussi attaque l'arbitre, estimant qu'il aurait dû «expulser deux joueurs hollandais» au cours du match.

L'arbitre anglais du match, Howard Webb, n'a sans doute pas voulu déséquilibrer la finale en expulsant trop tôt un joueur. Ainsi a-t-il donné «seulement» un carton jaune à Nigel de Jong, coupable d'un coup de pied de «karaté» dans la poitrine de Xabi Alonso à la 28e minute. Un geste qui aurait pu valoir une exclusion immédiate. Tout comme un tacle dangereux de Van Bommel sur Iniesta à la 22e minute.

Et pourtant, les Néerlandais ont eux aussi critiqué l'homme en noir: «L'arbitre était plus du côté de l'Espagne», a estimé le milieu Dirk Kuyt. «Ca nous coûte le titre». L'ancien sélectionneur Louis van Gaal, commentateur pour la télévision néerlandaise, a lui aussi jugé que «l'arbitre avait eu une influence importante sur le résultat».

Interrogé sur ces critiques néerlandaise, Sepp Blatter a répondu: «Le football est un sport de combat, mais dans l'esprit du fair-play. Apprendre à gagner c'est facile, mais quand vous perdez, il ne faut pas oublier les bases de la discipline et du respect.»