Quelque 40 000 personnes, dont l'équipe nationale allemande de football, ont fait leurs adieux dimanche à Hanovre (centre) à Robert Enke, le gardien de but du club de la ville qui s'est suicidé mardi, vaincu par la dépression.

Favori pour garder les buts de la Mannschaft au Mondial-2010 en Afrique du sud, le joueur de 32 ans «n'était pas seulement une idole mais un idéal», a déclaré le prêtre Heinrich Plochg qui connaissait bien sa famille.

Il a rappelé à la foule que «l'échec, la maladie et les coups du sort» ne constituaient «pas des faiblesses que l'on doit s'entraîner à faire disparaître, même si notre société nous le demande souvent».

Suivi par des psychiatres depuis 2003, Enke s'est jeté sous un train mardi soir dans la banlieue de Hanovre, où il vivait avec son épouse Teresa et la petite fille qu'ils avaient adoptée en mai après la mort, en 2006, de leur propre fille Lara, née avec une grave malformation cardiaque. Il devait être enterré à ses côtés dimanche après-midi dans l'intimité.

«Le football n'est pas tout»

Avant l'éloge funèbre, les joueurs de l'équipe allemande, portant tous le deuil, s'étaient recueillis tour à tour devant le cercueil exposé au milieu du stade AWD-Arena d'une capacité de 45 000 places.

De longues files d'attente de supporteurs, pour beaucoup vêtus de noir, s'étaient formées devant les portes bien avant leur ouverture à 07H30 GMT.

Famille et amis du joueur étaient assis sur un podium installé sur le terrain. Au pied du cercueil en bois clair recouvert d'un drap blanc et de gerbes de roses blanches, une couronne de fleurs en forme de coeur.

«Le football n'est pas tout», a répété trois fois le président de la fédération allemande (DFB), Theo Zwanziger, lors de cette cérémonie considérée comme l'une des plus grandes qu'ait connue le pays en termes de participants.

«Le football n'a pas le droit d'être tout», a-t-il insisté, devant un public triste et silencieux. Dans les tribunes, certains ne pouvaient réprimer leurs larmes, d'autres brandissaient dignement des écharpes aux couleurs du Hanovre 96.

«Naturel, modestie, cordialité»



«Robert, tu étais numéro un dans le vrai sens du terme», a déclaré le président du club, Martin Kind, très ému et décontenancé par la disparition du joueur emporté par une «maladie sournoise qui lui a brisé le coeur».

«Robert Enke n'avait que des amis» et avait conquis les coeurs pas uniquement pour son talent sportif mais pour son «naturel, sa modestie, et sa cordialité», a-t-il poursuivi.

La veuve du joueur, Teresa, qui avait témoigné au lendemain de la mort de son conjoint de la maladie dont il souffrait, a été ovationnée. Autre moment très émouvant quand des coéquipiers d'Enke ont porté son cercueil à l'extérieur du stade en vue de sa mise en terre.

Dans l'hebdomadaire Der Spiegel, son père, Dirk Enke, lui-même psychothérapeute, a estimé que «la peur a joué un très grand rôle» dans le déclenchement de la dépression de son fils.

L'hommage funèbre a été retransmis en direct par plusieurs chaînes de télévision et sur deux grands écrans à l'extérieur du stade.

Dans un pays où le football est profondément ancré dans la culture populaire, la mort de Enke a suscité un émoi sans précédent bien au-delà du milieu sportif. Quelque 35 000 personnes avaient défilé jeudi à l'issue d'un service religieux dans le centre de Hanovre.