Sandrine Mainville est sortie un peu meurtrie des sélections olympiques au printemps. Oui, elle s'est qualifiée pour ses premiers JO à Rio, mais seulement au relais 4 x 100 m libre, ce qu'elle a presque reçu comme un prix de consolation. Elle visait l'épreuve individuelle avant toute chose.

Cette déception est disparue pour de bon samedi soir au stade aquatique olympique de Rio de Janeiro. En cette première journée de compétition, Mainville a lancé le relais vers une médaille de bronze, procurant au Canada un premier podium au Brésil. Pour une fois, le pays n'aura pas à se morfondre pendant des jours avant de s'inscrire au tableau.

Cette médaille n'est pas une surprise complète. Le Canada avait terminé cinquième aux deux derniers Mondiaux. L'ajout de deux recrues d'à peine 16 ans, Penelope Oleksiak et Taylor Ruck, a fait la différence à Rio de Janeiro.

« C'est facile de se dire : " Ah non, ce n'est pas possible, ça va être dur. " Mais depuis le début, on y croit », a déclaré Mainville, sa médaille au cou, peu de temps après la cérémonie de la remise.

Les yeux dans l'eau, la Bouchervilloise de 24 ans peinait à prendre la mesure de l'exploit collectif, une première en 20 ans pour l'équipe féminine. 

« Je pense que je ne le réalise pas encore. Juste de faire les Olympiques, j'y rêvais depuis que je suis jeune. En venant ici, je voulais juste avoir du fun, et arrivera ce qui arrivera. Je veux donner le maximum et n'avoir aucun regret. Je ne peux pas demander mieux ! », a expliqué Sandrine Mainville.

Première à s'élancer, Mainville a réussi le troisième temps (53,86 s), à un centième de son record personnel établi l'an dernier à Kazan. L'Ontarienne Chantal Van Landeghem s'est fait dépasser par l'excellente Suédoise Sarah Sjöström, mais Ruck, une native de la Colombie-Britannique qui vit en Arizona depuis l'âge de 10 mois, a replacé le Canada en troisième place.

En remplacement de Michelle Williams, qui avait nagé en préliminaires où le Canada s'était aussi classé troisième, Oleksiak a encore été fumante, résistant au retour de la Néerlandaise Ranomi Kromowidjojo, triple championne olympique.

Avant que sa coéquipière ne touche au mur, Mainville, les mains sur la tête, ne semblait pas en croire ses yeux. « Aux 50 mètres, quand j'ai vu le nom de Kromowidjojo sur le tableau, je me suis dit : " Tout peut arriver, elle peut ramener ça super vite " », a admis celle qui s'entraîne à Toronto avec Oleksiak, Van Landeghem et Williams. « Je m'attendais à ce qu'on arrive quatrièmes. Dans les 15 derniers mètres, je voyais un peu plus ce qui se passait. Ça s'est passé tellement rapidement et j'ai vécu tellement d'émotions depuis ce matin... »

Les trois filles se sont enlacées avant d'étreindre Oleksiak, qui reprenait son souffle dans l'eau. Une heure plus tôt, la Torontoise s'était qualifiée cinquième pour la finale du 100 m papillon de dimanche soir.

> Voyez la fin de la course: https://twitter.com/CBCOlympics/status/762251198757871617

Le quatuor canadien a terminé à un peu plus de deux secondes des Australiennes, qui ont battu leur record du monde, et à une seconde des Américaines.

Sur le podium, Mainville, l'aînée du groupe, paraissait petite au côté de ses trois coéquipières, qui mesurent toutes plus de 6 pieds. À ce moment-là, elle ne pensait plus aux sélections du mois d'avril.

Mainville est devenue la première Québécoise médaillée olympique depuis la Montréalaise Patricia Noall, qui a gagné le bronze au relais quatre nages aux JO de Séoul en 1988 (elle avait nagé en préliminaires). Sauf erreur, Anne Jardin, double médaillée à Montréal en 1976, Robin Corsiglia (relais QN 1976) et George Vernot (double médaillé à Anvers en 1920) sont les seuls autres nageurs québécois médaillés olympiques.

> Voyez la remise des médailles: https://twitter.com/RC_Sports/status/762119527186337792



Résultat: 


Or: Australie (Emma McKeon, Brittany Elmslie, Bronte Campbell, Cate Campbell)

Argent: États-Unis (Simone Manuel, Abbey Weitzeil, Dana Vollmer, Katie Ledecky)

Bronze: Canada (Sandrine Mainville, Chantal Van Landeghem, Taylor Madison Ruck, Penny Oleksiak)

HOSSZÚ MARQUE LES ESPRITS

La soirée a été marquée par un record du monde de Katinka Hosszú au 400 m quatre nages individuel. La Hongroise a anéanti la concurrence avec un temps de 4 min 26,36 s, devançant l'Américaine Maya Dirado de presque cinq secondes. Celle qu'on surnomme la dame de fer de la natation a effacé des tablettes la marque mondiale de la Chinoise Ye Shiwen, qui avait soulevé la controverse aux JO de Londres. Dans le contexte actuel, la prestation de Hosszú, plus de deux secondes de mieux que celle de la Chinoise, fera sans doute jaser longtemps. Médaillée de bronze aux derniers Championnats du monde, la Canadienne Emily Overholt a terminé troisième.

Photo La Presse Canadienne