Le nageur américain Ryan Lochte, à l'origine de l'affaire de la vraie-fausse agression qu'il a inventée avec trois de ses coéquipiers en marge des Jeux olympiques de Rio, a été lâché par tous ses commanditaires lundi.

Le fantasque nageur aux six titres olympiques, âgé de 32 ans, a notamment perdu le soutien de deux poids lourds, l'équipementier sportif Speedo et la marque de vêtements Polo Ralph Lauren, celles-ci regrettant que le sportif ne se soit pas montré à la hauteur des «valeurs» qu'elles mettent en avant.

Cela représente une perte de plusieurs centaines de milliers de dollars de revenus pour le nageur.

Ryan Lochte et ses coéquipiers Gunnar Bentz, Jack Conger et James Feigen, tous médaillés d'or à Rio, avaient prétendu avoir été braqués par des faux policiers dimanche 14 août à l'aube, alors qu'ils rentraient en taxi au village olympique après une longue nuit arrosée au Club France, dans un quartier huppé de Rio.

En réalité, ils ont été filmés dans une station-service où ils sont accusés d'avoir uriné sur les murs et vandalisé les toilettes, avant de se quereller avec le vigile.

Speedo a été le premier à annoncer lundi matin qu'il abandonnait son partenariat avec Ryan Lochte: «Speedo USA annonce aujourd'hui sa décision de mettre fin au parrainage de Ryan Lochte», a indiqué dans un communiqué l'équipementier spécialisé dans les accessoires de natation.

L'entreprise précise qu'elle fera don d'une somme de 50 000 dollars, qui initialement aurait dû revenir à Ryan Lochte, à Save the Children, une association caritative avec laquelle elle collabore régulièrement, qui oeuvre notamment pour les enfants au Brésil.

«Bien que nous ayons apprécié notre relation gagnante avec Ryan durant plus d'une décennie et qu'il ait été un membre important de l'équipe Speedo, nous ne pouvons pas fermer les yeux sur un comportement contraire aux valeurs que la marque défend depuis longtemps», poursuit le communiqué de Speedo USA.

«Nous sommes reconnaissants pour ses nombreuses réussites et espérons qu'il apprendra de ses erreurs», conclut l'entreprise.

Omissions, exagérations 

«Je respecte la décision de Speedo et suis reconnaissant des opportunités que ce partenariat m'a permis d'obtenir au fil des années», a réagi Ryan Lochte sur le site E! News après l'annonce de l'équipementier. «Je suis fier de ce que nous avons accompli ensemble».

Plus tard lundi, Polo Ralph Lauren, a fait savoir à son tour qu'il n'allait plus collaborer avec le nageur.

«Ralph Lauren continue à soutenir fièrement les équipes olympique et paralympique américaines et les valeurs que portent leurs athlètes. Le partenariat de Ralph Lauren avec Ryan Lochte était spécifiquement lié aux jeux Olympiques de Rio 2016 et l'entreprise ne renouvellera pas son contrat», a indiqué l'entreprise dans un communiqué.

Deux autres commanditaires de moindre calibre ont également mis fin à leur soutien au nageur: Airweave, fabricant de matelas qui a notamment fourni ceux des athlètes américains à Rio, a annoncé qu'«après mûre réflexion, nous avons pris la décision de mettre fin à notre partenariat avec Ryan Lochte», même si la marque reste elle aussi commanditaire des équipes olympique et paralympique américaine.

Enfin, le Washington Post rapportait que le dernier parraineur du nageur, la marque de cosmétiques et d'épilation au laser Gentle Hair Removal, mettait également fin à son partenariat avec Lochte.

Dans une interview à la télévision américaine samedi, le nageur aux 12 médailles olympiques avait déclaré contrit assumer «l'entière responsabilité» de cette vraie-fausse agression.

«J'ai omis certaines choses et j'ai exagéré certaines parties de l'histoire», avait-il reconnu dans cet entretien donnée à NBC.

Les affirmations mensongères de Lochte avaient mis dans l'embarras les organisateurs des JO de Rio, montrés du doigt pour plusieurs failles et notamment des questions de sécurité, malgré le déploiement de 85 000 policiers et soldats.

Ryan Lochte s'était fait remarquer aux JO-2012 à Londres en posant après ses victoires avec un dentier-bijou en diamants rappelant le dessin du drapeau américain, une fantaisie qui n'avait pas plu à tout le monde.

Autre coquetterie, le nageur, qui fut classé 9e en 2014 dans la liste du magazine People des hommes les plus sexys de la planète, était reconnaissable à Rio à ses cheveux teints en gris-bleu.