Le gouvernement britannique a sonné le branle-bas de combat jeudi, en mobilisant 3500 soldats supplémentaires pour boucler l'imposant dispositif de sécurité déployé à l'occasion des JO de Londres, au risque d'être taxé d'improvisation à J-15 avant l'événement.

La défaillance tardive d'une entreprise privée dans l'incapacité de fournir le contingent prévu de gardiens privés a contraint les organisateurs à solliciter un peu plus l'armée, dans le cadre du déploiement inédit de 40 000 hommes.

Au total, 17 000 soldats des trois armes terre/air/mer seront sur le pied de guerre aux côtés de 12 500 policiers et de bataillons gardiens et volontaires. L'ardoise dépassera le demi-milliard de livres (plus de 630 millions d'euros).

La société privée G4S a piteusement admis qu'elle avait rencontré «quelques difficultés en matière de recrutement de personnel et de calendrier».

Un porte-parole du premier ministre David Cameron a qualifié l'épisode de «fâcheux». Il l'est d'autant plus que le gouvernement n'a cessé de claironner qu'il était «paré contre toute éventualité».

«J'ai toute confiance dans leur capacité à assurer une bonne sécurité aux Jeux», a confirmé en début de semaine le président du Comité international olympique (CIO), Jacques Rogge.

La ministre de l'Intérieur Theresa May, prise à partie par les députés d'opposition au parlement, a tenté de rassurer en soulignant que «l'opération de sécurité planifiée méticuleusement était la plus importante et la plus complexe mise sur pied dans le pays depuis la Seconde Guerre mondiale».

Son collègue de la défense Philip Hammond a pour sa part évoqué «le principe de précaution». Il a aussi insisté sur le fait que la mobilisation tardive ne gênerait pas «les autres opérations».

Du théâtre afghan aux JO

La majorité des 3500 hommes appelés sont des fantassins. Bon nombre reviennent d'Afghanistan ou sont en passe de se rendre sur ce théâtre d'opérations.

À en croire les correspondants des grands quotidiens britanniques, l'armée a modérément apprécié d'être ainsi mise à contribution. La tâche «présentée comme une priorité nationale» est jugée ingrate. Et le contexte est mal choisi, au moment où des coupes budgétaires vont ramener ses effectifs à leur niveau le plus bas depuis les guerres napoléoniennes.

Dans l'apparent souci de désamorcer la grogne, M. Hammond a cru utile d'affirmer que les congés d'été supprimés seraient compensés.

Il croyait avoir surmonté un dernier obstacle en cours de préparatifs cette semaine, quand la Haute cour de justice a débouté une poignée de résidents qui tentaient de s'opposer à l'installation de missiles antiaériens sur le toit de leur immeuble HLM, à proximité du parc olympique, dans l'est de Londres.

La sécurité est d'autant plus prioritaire que la capitale a connu son pire attentat 24 heures après avoir été choisie pour accueillir les JO, le 7 juillet 2007. Des bombes dans les transports publics avaient fait 52 morts en plus des quatre kamikazes.

Jeudi, une commission parlementaire a souligné que les services secrets MI5 et MI6 avaient été soumis à «une pression sans précédent» depuis un an, dans le but d'écarter la menace d'al-Qaïda, de dissidents républicains ou de «pays ennemis».

Pour faire bonne mesure, le Comité d'organisation olympique Locog a diffusé des brochures prévenant les spectateurs que les mesures à l'entrée des stades seraient dignes des aéroports: portiques de sécurité, confiscation des récipients contenant plus de 100 ml de liquide, fouilles au corps. La liste des objets prohibés inclut des frisbees et vuvuzelas.

Les larges parapluies de type «golf» sont aussi proscrits, malgré le record absolu de pluviosité enregistré cette année au Royaume-Uni pour un mois de juin.