Stéphanie Durocher a toujours aimé sauter, virevolter, pirouetter. À titre de «sauteuse» de l'équipe canadienne de nage synchronisée, elle est servie. Cet été, aux Jeux olympiques de Londres, c'est elle que vous verrez bondir deux mètres au-dessus de l'eau, exécuter trois vrilles, et replonger comme si de rien n'était.
«Essayer de nouveaux trucs, prendre des flats, ça ne me faisait pas peur. J'ai toujours été un peu casse-cou», a raconté Durocher lors du dévoilement du thème et de la musique de la routine en équipe libre, mercredi après-midi, à Montréal.
Il faisait chaud au Bain Mathieu, cette vétuste piscine du Centre-Sud transformée en salle multifonctionnelle consacrée aux arts et à la création. Normal, un cracheur de feu s'époumonait au milieu du vieux bassin en céramique. Il était accompagné d'une acrobate et d'un clown.
Le cirque, donc. Voilà le thème, éminemment québécois, choisi par l'équipe canadienne pour impressionner juges et spectateurs à Londres.
«Ce qu'on veut, c'est être combatives et monter sur le podium. C'est pour ça qu'on a osé prendre un thème comme le cirque, qui est très connu dans le monde a expliqué l'entraîneuse-chef Julie Sauvé, mercredi midi. On s'attend à ce que la foule embarque.»
Jamais à court d'idées, Mme Sauvé, vétérane de sept Jeux olympiques, est allée cogner à la porte du Cirque du Soleil pour un coup de main. La célèbre multinationale québécoise a fourni la musique qui accompagnera la prestation (O, Alegria, Quidam, Kà) et offert une aide technique pour peaufiner la chorégraphie, en particulier pour les acrobaties et les 30 secondes sur le bord du bassin avant l'entrée à l'eau.
Durocher est l'une de celles qui ont profité de l'expertise du Cirque du Soleil. Déjà épaulée par Luc Belhumeur, entraîneur de ski acrobatique, et par Mikaël Begon, entraîneur de gymnastique, la nageuse de Repentigny a pu compter sur les conseils de Dmitry Belyaykov, ancien gymnaste et porteur dans des spectacles du Cirque du Soleil, notamment dans Saltimbanco.
«Il a de bonnes techniques et une autre vision sur la façon de lancer des filles, a souligné Durocher. Il est encore là-dedans et pour lui, c'est encore frais.»
Durocher a entre autres appris à s'entraîner avec un minitrampoline sur le bord de bassin, ce qui lui permet de multiplier les répétitions de sauts sans taxer ses coéquipières. Belyaykov lui a aussi inculqué des enchaînements de mouvements au sol, qui lui permettent de développer sa «dextérité en acrobatie».
«On veut se rapprocher le plus possible de ce qui se fait en plongeon», indique Durocher, qui a tâté de la gymnastique dans sa jeunesse. Avec Belhumeur et Begon, la nageuse de 23 ans a développé un saut où elle exécute trois vrilles, exactement le nombre de rotations qu'exécutent les meilleurs plongeurs de la planète... sur un tremplin de trois mètres.
«Elle est très rapide dans les airs. C'est probablement la fille qui tourne le plus vite au monde, souligne sa coéquipière Marie-Pier Boudreau-Gagnon. C'est aussi une fille qui aime donner un show, ce qui est important dans son rôle. Si le lancer n'est pas bien exécuté, elle est toujours capable de sauver la situation.»
Quatrième aux derniers Mondiaux de Shanghai, l'équipe canadienne vise évidemment le podium à Londres. Le bronze au combo, une épreuve non olympique, fait croire à Durocher que tout est possible. «Ça nous a comme ouvert les yeux, que l'on n'est pas juste des participantes, que l'on est dangereuses pour les autres.»
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LES 12 MEMBRES DE L'ÉQUIPE OLYMPIQUE CANADIENNE DE NAGE SYNCHRONISÉE *
> Geneviève Bélanger (Laval)
> Marie-Pier Boudreau-Gagnon (Rivière-du-Loup)
> Gabrielle Cardinal (Saint-Lambert)
> Stéphanie Durocher (Repentigny)
> Jo-Annie Fortin (Montréal)
> Chloé Isaac (Brossard)
> Stéphanie Leclair (Gatineau)
> Tracy Little (Pointe-Claire)
> Élise Marcotte (L'Ancienne-Lorette)
> Karine Thomas (Gatineau)
> Valérie Welsh (Saint-Nicolas)
> Erin Willson (Toronto)
* Pour les JO, l'équipe passera à huit nageuses et une remplaçante