C'est là, ça existe, mais on préfère ne pas en parler.

Depuis quelques années, les Bruins de Boston ont de la difficulté à éliminer un adversaire en séries lorsque l'occasion se présente. La tendance s'est confirmée jeudi soir à New York alors qu'ils n'ont pu compléter le balayage des Rangers.

Depuis la saison 2007-08, lorsque les Bruins ont déjà trois gains en poche et qu'ils veulent régler la note - peu importe qu'on soit dans le quatrième ou le septième match - leur fiche est de 7-13.

À croire qu'ils préfèrent prendre leur temps et faire ça langoureusement...

« Ce sont des choses qui arrivent, soutient Patrice Bergeron. On joue contre de bonnes équipes qui cherchent à prolonger leur saison. Ce sont toujours des matchs difficiles. »

L'entraîneur-chef Claude Julien affirme que son équipe « aurait facilement pu » achever les Rangers jeudi soir.

« Si on ne leur donne pas deux buts, on gagne le match », a résumé Julien, qui dit ne pas vouloir se concentrer sur des statistiques négatives.

Fort bien, mais tout le monde dans l'entourage des Bruins est au courant de cette fâcheuse tendance. Dans certains cas, ça a donné des séries plus corsées qu'elles n'auraient dû l'être. La référence ultime étant l'effondrement en sept matchs face aux Flyers de Philadelphie, en 2010, un effondrement dont les Bruins ont de nouveau entendu parler lorsqu'ils ont failli y laisser leur peau d'ours, la semaine dernière face aux Maple Leafs de Toronto.

« Ça ne vaut même pas la peine de comparer avec 2010, a lancé le gardien Tuukka Rask. Ce n'est plus la même équipe. L'année suivante, je vous rappelle qu'on avait balayé les Flyers. Nous ne voulons plus regarder le passé, nous ne voulons nous préoccuper que du présent. »

Mieux vaut en rire

Un collègue de Boston a écrit que « l'effort de jeudi au Madison Square Garden était l'un des pires de l'histoire des séries ».

On se calme.

C'est vrai que ça pouvait ressembler à un beau petit bouquet fleuri offert aux Rangers, mais si Rask n'était pas tombé sur le derrière et laissé bêtement passer le tir de Carl Hagelin, les Bruins n'en seraient peut-être pas là.

Et si Zdeno Chara n'avait pas été victime d'un revirement en fond de territoire qui a mené au but de Derek Stepan, alors là, les Bruins n'en seraient assurément pas là.

Rask s'est posé en bouc-émissaire facile à la suite de son salto arrière, mais il a tourné la chose de façon suave vendredi.

« J'ai vu la reprise télé et je l'ai souvent revu dans ma tête aussi, a-t-il dit. Je ne sais pas si c'est mieux d'en rire ou d'en pleurer, mais je vais prendre ça avec humour.

« En quatre ans, j'ai déjà réussi à aligner quelques-uns de ces jeux qui ne font pas les tops 10 pour les bonnes raisons. C'en est un autre ! »

Rares, les balayages

La défaite des Bruins à New York se comprend mieux quand on sait qu'ils ont perdu leurs sept derniers matchs à l'étranger lorsqu'ils étaient en position d'éliminer leur rival.

« C'est toujours plaisant d'avoir nos partisans derrière nous, mais en même temps il faut apprendre à gagner sur la route, a relevé Patrice Bergeron. Jeudi, on a fait de petites erreurs qu'on aurait dû éviter. »

Certes, tout ce que les Rangers ont fait jusqu'à maintenant, c'est d'éviter le balayage. Lors des cinq dernières saisons - et si l'on ajoute le premier tour disputé cette année - il n'y a que 14,5% des séries éliminatoires qui se sont terminées en quatre matchs. Mais les Blue Shirts affichent quand même un dossier de 6-1 depuis l'an dernier lorsqu'ils font face à l'élimination.

Cela dit, ça ne pourrait quand même durer que le temps des cerises pour les hommes de John Tortorella. Avant les matchs de vendredi, les équipes locales avaient une fiche de 14-3 au deuxième tour des séries. Si la tendance se confirme, samedi à Boston, les Rangers n'ont plus qu'à faire leurs dévotions...