Qui sait si la Coupe du monde sera de retour dans quatre ans ? Qui sait si l'idée de réunir les meilleurs jeunes prodiges sera répétée ?

Mais en attendant, lever le nez sur l'équipe d'Amérique du Nord - sous prétexte qu'elle est bricolée et patentée -, ce serait bouder son plaisir. Non seulement y a-t-il au sein de cette formation une concentration de talent pur qui n'a d'égal que l'attaque canadienne, mais c'est peut-être la seule fois où l'on pourra voir les fruits d'une telle expérience chimique.

Les Canadiens Connor McDavid, Nathan Mackinnon et Jonathan Drouin mêlés aux Américains Jack Eichel, Auston Matthews et Johnny Gaudreau... Les savants un peu fous qui ont concocté cela ont plus de chance de faire naître une créature virtuose que Frankenstein.

Parlez-en à Pekka Rinne, qui a été étourdi tôt dans le match par la première unité d'avantage numérique qui réunissait McDavid, Eichel et Matthews. Bien sûr qu'ils ont marqué !

Ç'a été le début d'une longue soirée pour le gardien des Predators de Nashville qui s'est soldée par un revers de 4-1 des Finlandais. Dur coup pour cette nation qui a remporté plus de médailles que n'importe quelle équipe nationale depuis 1998.

« Ils ont été impressionnants, c'est toute une équipe », a sèchement répondu l'entraîneur-chef Lauri Marjamaki.

Lentement une équipe

L'idée de former une équipe faite entièrement de jeunes remonterait à l'époque où la Ligue nationale, étudiant sa participation aux Jeux olympiques de Turin, aurait brièvement jonglé avec l'idée d'envoyer seulement ses joueurs de moins de 23 ans, comme le font les équipes nationales de soccer aux Jeux d'été.

L'idée serait par la suite restée dans les cartons de la LNH, selon ce qu'a rapporté récemment le Globe and Mail.

À la lumière des matchs préparatoires et de celui d'hier contre la Finlande, l'idée d'enfin réunir les meilleurs jeunes nord-américains s'annonce brillante.

« C'est vrai qu'ils ont 23 ans et moins et qu'ils sont les plus jeunes joueurs de ce tournoi, mais ils ont été sous les projecteurs depuis leurs débuts, rappelle leur entraîneur-chef Todd Mclellan. Ce sont de hauts choix au repêchage, ils sont habitués à l'attention des médias et des partisans. Ils savent comment se comporter, il y a là-dedans des capitaines et de futurs capitaines dans un proche avenir. Ajoutez à cela leur haut niveau d'habiletés et leur capacité à créer des liens, et ça donne une équipe. »

« Nous avons commencé en étant un groupe, mais lentement, nous sommes en train de devenir une équipe. »

Certes, ils manquent d'expérience. On dit qu'ils ne sont pas les mieux outillés défensivement, même si les Finlandais peuvent maintenant affirmer le contraire.

Mais ils sont surtout rapides, créatifs, et capables de produire.

Pourrait-on sérieusement plaider qu'ils sont trop jeunes pour la Coupe du monde au moment où les statistiques avancées indiquent qu'en matière de points par minute d'utilisation, les attaquants de 24 ans atteignent leur sommet à... 24 ans ?

Le hockey est de plus en plus un sport de jeunes - sur la glace comme dans les bureaux. L'équipe d'Amérique du Nord en est le reflet le plus brillant.

Contre la Russie ce soir

Il y a manifestement un élan de sympathie pour cette équipe impossible, aussi impossible que la couleur - ni orange ni rose - qu'elle arbore sur ses chandails.

Tout le monde se demande, alors que six équipes à tout le moins défendent l'honneur d'un pays, pour quoi se bat l'équipe nord-américaine ? Elle aussi pour « le logo sur le chandail » ? Ce logo qui évoque étrangement un ordre secret, une forme de franc-maçonnerie ?

« Les gars sont juste excités d'être ici, a répondu Johnny Gaudreau. Je ne sais pas exactement ce que signifie ce logo, mais nous sommes heureux de jouer les uns pour les autres, de nous mesurer aux meilleurs et d'avoir l'occasion d'améliorer notre jeu. »

La Russie, qui s'est inclinée plus tôt dans la journée contre la Suède, a rendez-vous avec ces jeunes hommes dès ce soir. Ils ont de quoi se méfier, surtout que Connor McDavid n'a pas encore marqué...