C'est parce qu'il n'était plus capable de jouer comme Peter Forsberg que Peter Forsberg a choisi d'abandonner. Pour de bon, cette fois.

«J'ai vraiment essayé, et j'ai essayé et j'ai essayé, mais cette fois, je suis certain de prendre la bonne décision, a déclaré le joueur suédois lors d'une conférence de presse, hier à Denver. Il y a six semaines en Suède, je m'étais dit que je devais tenter un retour au jeu une autre fois... Mais après la fin de semaine, j'en suis venu à la conclusion que le temps était venu d'arrêter.»

Le grand retour au jeu de Forsberg n'a finalement duré que deux matchs, vendredi et samedi. Déjà, après la rencontre de samedi à Nashville, celui que les Suédois surnomment Foppa savait que la fin était proche. Cette fin, il l'a confirmée hier.

La raison? Encore ce fameux pied droit, qui lui donne du mal depuis 2003.

«Même avec une orthèse, j'avais du mal à placer mon pied dans un patin, a-t-il expliqué. Mon premier match a été correct, sans plus, mais en fin de match à Nashville, je sentais que mon pied commençait à glisser, si on veut. Ça devenait évident que ça n'allait pas fonctionner pour moi.»

Au-delà des deux médailles d'or aux Jeux olympiques, au-delà des deux conquêtes de la Coupe Stanley dans le maillot de l'Avalanche du Colorado et de ce titre de joueur de l'année dans la LNH en 2003, c'est surtout cela que l'on retiendra de Peter Forsberg: cette ténacité sans fin, ce désir de ne jamais abandonner.

On peut difficilement comprendre, mais hier, le Suédois de 37 ans a rappelé les douleurs chroniques qui ont meublé son quotidien de joueur de hockey. Il a rappelé ses 25 opérations. Ces fins de match où le fameux pied droit le faisait souffrir encore un peu plus. En gros, ça veut dire que Forsberg a disputé quelque quatre saisons dans la LNH malgré ses ennuis au pied droit, sans compter deux tournois olympiques et quelques matchs aussi dans sa Suède natale.

«Ce qui est étrange, c'est que tout ça a commencé en 2003, ma meilleure saison en carrière... C'est arrivé lors des séries éliminatoires, je ne sais pas comment. J'ai dû jouer malgré la douleur depuis ce moment-là. C'est un problème qui est resté, et ça fait huit ans déjà. Chaque saison, c'était toujours une nouvelle bataille pour moi. Je ne suis plus capable de continuer», a avoué le vétéran devant les médias de Denver.

Mais il a essayé. Et il comptait bien jouer avec l'Avalanche jusqu'à la fin de la saison. «Je voulais vraiment revenir au jeu et disputer les 30 derniers matchs de la saison... C'est très décevant, tout ça», a-t-il ajouté.

Aujourd'hui, si Peter Forsberg n'est plus capable de continuer, c'est vraiment parce qu'il n'est plus capable. Des fois, on reproche à certains joueurs de ne pas donner leur 110%, de prendre plusieurs soirs de congé quand ça leur tente. Pas lui.

D'ailleurs, quand on lui a demandé ce qu'il aimerait laisser comme souvenir aux fans de hockey, Forsberg n'a pas parlé de ses triomphes, pourtant nombreux. «J'espère seulement que les fans de Denver, quand ils quittaient l'aréna, se disaient que j'avais tout donné», a-t-il répondu.

Oui, Peter Forsberg a tout donné. Et c'est justement parce qu'il ne peut plus tout donner qu'il doit arrêter.