Plus que quelques heures et l’équipe montréalaise de la LPHF disputera le premier duel de son histoire, au TD Place d’Ottawa. « On est comme des enfants à Noël. On a attendu ce moment-là tellement longtemps », lâche la capitaine, Marie-Philip Poulin, au bout du fil.

Notre entretien avec Poulin a lieu le 30 décembre, à trois jours de cette première rencontre fort attendue. L’athlète de 32 ans rappelle d’ailleurs qu’elle se déroulera à guichets fermés. « Ça va être magnifique », laisse-t-elle tomber.

« Juste voir combien les gens en parlent, combien ils sont excités de ce moment-là… C’est dur de le mettre en mots, pour être honnête. Pour moi, ça va être comme la première fois que j’ai joué au hockey. »

Poulin n’a pas l’habitude d’être la plus bavarde en entrevue. En cette avant-veille du jour de l’An, on la sent sincèrement emballée par tout ce qu’elle vit présentement. Le fait qu’il s’agisse d’une équipe toute neuve crée d’ailleurs une dynamique différente au sein du groupe.

Tu crées des nouveaux rituels avec ton équipe. […] C’est la première fois qu’on va être là comme équipe. On va tout créer ensemble. Ça va être cool.

Marie-Philip Poulin

« On a des filles qui viennent du réseau universitaire, d’autres de la République tchèque ou des États-Unis, d’un petit peu partout. De créer cette chimie-là, de construire cette culture, c’est super excitant. »

Voilà plusieurs semaines que les joueuses se préparent pour leur saison, qui s’amorce avec trois matchs à l’étranger contre les formations d’Ottawa, du Minnesota et de New York. Ce sera une semaine bien remplie en émotions. Et l’équipe risque de vivre quelques séances d’essais et erreurs, le temps d’apprendre à se connaître. Le contraire serait surprenant.

« Je pense que ça va être un processus. Ça va être de s’améliorer chaque jour individuellement et collectivement.

« Cette ligue-là, ce qui en fait sa beauté, c’est que chaque équipe peut gagner chaque match. Ça va être vraiment compétitif. Pour nous, ça va être de se concentrer sur nous-mêmes, d’aller de l’avant. C’est facile de regarder ce que chaque équipe fait, mais si on est prêtes collectivement, c’est ce qui va faire la différence. »

PHOTO MARTIN TREMBLAY, ARCHIVES LA PRESSE

L’équipe de Montréal à l’entraînement, fin novembre

Une jolie surprise

Cette première semaine de jeu n’est pas la seule raison du bonheur de Poulin. La veille de notre entretien, la native de Beauceville apprenait sa nomination à titre de première capitaine de l’histoire du club de Montréal.

Ça s’est passé au Centre Bell, pendant le spectacle Crystal du Cirque du Soleil. Les joueuses avaient été invitées à y assister pour ce qui était, en apparence, une activité de cohésion d’équipe. Il s’agissait en réalité d’une annonce surprise.

« C’était vraiment cool à regarder ! Tout d’un coup, le personnage principal, qui s’appelle Crystal, est sorti avec le chandail de Montréal. De loin, on était comme : nice, c’est notre chandail ! Elle s’est retournée et j’ai vu le C. Toutes les filles avaient un grand sourire. C’était vraiment unique. »

PHOTO TIRÉE DU COMPTE X DE PWHL MONTRÉAL

La capitiaine Marie-Philip Poulin (au centre), avec la directrice générale Danièle Sauvageau, les assistantes Erin Ambrose et Laura Stacey, et l’entraîneuse-chef Kori Cheverie

Ce choix n’est pas une surprise. Il allait de soi que celle qui est considérée comme la meilleure joueuse au monde, et qui a porté le titre de capitaine partout où elle est passée, soit la leader de cette nouvelle formation. La principale intéressée, elle, est fidèle à son habitude : quand on lui parle d’elle, elle répond en parlant de l’équipe.

« Pour moi, qu’il y ait une lettre ou pas… Le hockey, je vais le dire plusieurs fois, c’est tellement un sport d’équipe. Mais ça fait chaud au cœur. »

La Québécoise est heureuse de faire partie d’un club qui comprend des filles « d’un petit peu partout dans le monde ». En tant que capitaine, elle souhaite représenter à la fois le passé, c’est-à-dire toutes celles qui sont passées avant elle avec les Stars ou les Canadiennes de Montréal, et le futur, dit-elle.

« C’est un bel honneur. J’espère vraiment créer une équipe, une culture qui va rester à tout jamais et que ça va faire en sorte que celles qui graduent universitaire, les plus jeunes, veulent venir jouer à Montréal. »

Des voix importantes

Marie-Philip Poulin est reconnue, entre autres, pour son éthique de travail. Elle mène surtout par l’exemple, affirme-t-elle, mais elle a aussi appris, au fil des années, à « utiliser [sa] voix, à parler un peu plus, à être moins gênée ».

Et puis, elle n’est pas toute seule, rappelle-t-elle. Elle sera entourée de ses adjointes Laura Stacey et Erin Ambrose, ainsi que de Kristin O’Neill, qui portera le titre à l’étranger.

« Elles sont là pour une raison, de dire Poulin. Elles font passer l’équipe en premier. Sur la glace, elles font tout pour gagner. Mais aussi hors glace, elles regroupent les joueuses pour qu’on aille dans la même direction. Je pense que ces trois femmes-là le méritent amplement. »

PHOTO MARTIN TREMBLAY, ARCHIVES LA PRESSE

La gardienne Ann-Renée Desbiens à l’entraînement

L’équipe a également ajouté trois personnes au sein de ce qu’elle appelle son « groupe de leadership », soit Ann-Sophie Bettez, Ann-Renée Desbiens et Kati Tabin.

« Je pense qu’une équipe a différentes voix et différents buts, note Poulin. […] Avoir un groupe de leaders, c’est ce qui permet d’avoir le pouls d’une équipe, de savoir vraiment ce qui se passe. »

Mais ultimement, insiste-t-elle, « que tu aies une lettre ou pas, chaque personne a tellement une voix importante ».

Ces nominations étaient un peu comme le dernier point au terme d’une longue préparation qui a mené au premier match de cette saison.

« Que te souhaite-t-on en 2024 ? », demande-t-on à Poulin.

— Du succès, du fun et d’en profiter.

– Un championnat ?

— Effectivement ! On veut commencer grand, ça va être une journée à la fois. »

Ça commence ce mardi, à 19 h.