Les joueurs qui accueillent avec le sourire une transaction les faisant passer d’une équipe aspirante à la Coupe Stanley à un club qui n’a pas joué en séries éliminatoires depuis 11 ans ne courent pas les rues.

Ils existent pourtant bel et bien. Et Alex Tuch en est la preuve.

Lorsque les Sabres de Buffalo ont fait trembler la LNH avec l’échange majeur envoyant Jack Eichel aux Golden Knights de Vegas, en novembre dernier, ce sont surtout le jeune espoir Peyton Krebs et les choix au repêchage acquis en retour qui ont fait parler d’eux.

Or, Tuch était aussi du voyage du Nevada vers l’État de New York. Comme il était blessé au moment de la transaction, il n’a pas pu faire ses débuts tout de suite avec sa nouvelle équipe.

À la lumière de ce qu’il démontre sur la glace depuis son entrée en scène à la fin du mois de décembre, on comprend mieux pourquoi les Sabres tenaient tant à lui. Après 19 matchs, l’ailier droit de 25 ans revendique 21 points. Dans l’intervalle, ses partenaires de trio, Jeff Skinner et Tage Thompson, ont eux aussi maintenu un rythme d’un point par rencontre. Les trois ont d’ailleurs totalisé neuf points lors de la récente visite des Sabres à Montréal, il y a 10 jours.

Cette production de Tuch est supérieure à celle qu’il affiche depuis ses débuts dans la LNH, mais elle ne surprend pas Kevyn Adams, directeur général des Sabres.

« On a fait nos devoirs », a-t-il dit à La Presse, mercredi matin, à quelques heures de l’affrontement entre son équipe et le Canadien au Centre Bell.

« Tout ce qu’on entendait sur lui, c’est à quel point c’est une bonne personne, qui possède un fort caractère et qui est un excellent coéquipier. […] On sentait que c’était un joueur qui, si on lui offrait plus de chances, pouvait élever son jeu à un autre niveau. Je pense qu’on commence à peine à voir son plein potentiel. »

À Vegas, Tuch était en quelque sorte dans un cul-de-sac. Le grand nombre d’ailiers de qualité l’a souvent confiné au troisième trio.

Chez les Sabres, on lui donne de la glace à profusion. Et alors qu’il a en poche un contrat encore valide pour quatre saisons, on croit qu’il sera un élément clé dans la longue route de l’équipe vers le succès.

« Il a encore de l’espace pour s’améliorer, insiste Adams. Il est très puissant et se sert bien de sa vitesse pour attaquer le filet. En ce moment, il est en pleine confiance. Parfois, un joueur n’a besoin que d’une chance pour décoller. On est très emballés. »

L’entraîneur-chef Don Granato partage le même enthousiasme. Et il le fait en pleine connaissance de cause, lui qui a dirigé Tuch au sein de programme de développement américain avant qu’il ne devienne un choix de premier tour du Wild du Minnesota.

« Je le voyais aller à l’époque, je le vois encore aujourd’hui avec de l’expérience dans la LNH, et je le répète : il a tellement plus de potentiel » que ce qu’il a montré jusqu’à présent, maintient Granato, qui vante par ailleurs le « leadership » qu’il a insufflé dans le vestiaire.

Ému

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Avec Jeff Skinner (à droite) et Tage Thompson (à gauche), deux coéquipiers qui lui rendent la vie « facile », Alex Tuch s’amuse ferme.

On ne l’a pas encore évoqué, mais une autre des raisons qui rendaient Tuch si attrayant, c’est qu’il a grandi à Syracuse, à trois heures de route de Buffalo.

Au hockey mineur, il rêvait de porter l’uniforme des Sabres. Encore aujourd’hui, il s’émeut d’y être parvenu.

« Avant mon premier match, je suis arrivé 30 minutes avant tout le monde, a-t-il raconté, mercredi matin. Je me suis glissé dans le vestiaire et j’ai pris des photos devant mon casier, où était accroché mon chandail. Jouer pour l’équipe de mon enfance est très spécial, c’est le moins qu’on puisse dire. Je ressens beaucoup de fierté. C’est pourquoi je ne tiens rien pour acquis. »

Avec Skinner et Thompson, deux coéquipiers qui lui rendent la vie « facile », il s’amuse ferme. À l’instar du reste de son équipe, il cherche à trouver de la « constance », dans son apport offensif, certes, mais également en défense.

Son trio a connu une soirée pénible, dimanche dernier, dans une défaite de 7-3 à Columbus. « Je dois encore peaufiner mon jeu », dit-il.

Sans surprise, Jeff Skinner est loin de se plaindre de son sort. Évoluer à la gauche de deux colosses — Thompson mesure 6 pi 7 po et Thuch, 6 pi 4 po — lui donne certainement pas mal d’espace pour manœuvrer. Les deux sont « tellement gros et forts », s’émerveille-t-il. « C’est très plaisant de jouer avec eux, j’espère que ça continuera comme ça. »

En quelques lignes

Même s’il a accordé six buts sur 38 tirs aux Blue Jackets de Columbus, Craig Anderson sera le gardien partant pour les Sabres ce mercredi soir… Le défenseur Rasmus Dahlin, qui a raté le dernier match, sera de retour dans la formation. L’attaquant Kyle Okposo, en contrepartie, devra s’absenter, lui qui souffre d’un virus qui n’est pas la COVID-19. Pour le remplacer, on a rappelé Brandon Biro, qui disputera son premier match dans la LNH… La rencontre s’amorcera à 19 h 30.