La recherche d’un nouveau directeur général peut donner lieu à de nombreux rebondissements

Nous sommes le 30 mars 2012. La veille, le Canadien a annoncé, sans causer de grande surprise, le congédiement du directeur général Pierre Gauthier. L’équipe vient de terminer l’une des saisons les moins glorieuses de sa longue histoire, qui se traduit par une 28e place au classement général.

Heureux hasard : tout juste avant le congédiement, La Presse avait commandé un sondage afin de savoir qui serait le meilleur candidat pour devenir le prochain directeur général, dans l’éventualité où Gauthier serait limogé. Difficile de demander mieux comme timing !

Le trio de tête ?

  1. Patrick Roy (38 %)
  2. Vincent Damphousse (21 %)
  3. Julien BriseBois (8 %)

Vient ensuite l’analyste Pierre McGuire (5 %), puis, à égalité au 5rang, à 2 %, Claude Loiselle et… Marc Bergevin !

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La Presse, 30 mars 2012, cahier des sports, pages 2-3

Ce type d’exercice donnera le ton pour les semaines suivantes. Déjà, le jour même du congédiement de Gauthier, Roy est interrogé au sujet du poste de directeur général du Canadien. Il est alors entraîneur-chef des Remparts de Québec, dans la LHJMQ.

« J’ai toujours été clair. Je vais toujours écouter ce qu’on a à me proposer. Je l’ai fait dans le passé. Ce n’est pas nouveau pour moi, à savoir si je veux rencontrer l’organisation du Canadien. C’est sûr que je vais le faire », répond-il.

Neuf ans plus tard, avec le recul, il est fascinant de relire le fil des évènements d’avril 2012, le mois pendant lequel le processus d’entrevues a été mené. Dans le numéro de La Presse du 5 avril, un premier domino tombe : Vincent Damphousse se retire du processus. Le 10 avril, c’est au tour de l’agent Pat Brisson, pas mentionné dans le sondage, de se désister.

Dans les semaines suivantes, des noms s’ajoutent à la conversation : Luc Robitaille, Blair MacKasey, François Giguère…

Tous restent relativement discrets, même que BriseBois refuse toute entrevue. Roy, par contre, multiplie les commentaires. Il faut dire que dans son rôle d’entraîneur-chef des Remparts, il rencontre les médias plusieurs fois par semaine. Son tour viendra finalement un an plus tard, au Colorado, en tant qu’entraîneur-chef et vice-président des opérations hockey.

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La Presse, 14 avril 2012, cahier des sports, page 1

Fin avril, le portrait se précise : il semble que ça se joue entre Bergevin, BriseBois, McGuire et Giguère, respectivement 5e, 3e, 4e et non classé dans le sondage du départ.

Dans le numéro du 2 mai, Giguère annonce qu’il n’a pas été retenu. Mais au moment où les lecteurs vont chercher leur journal papier sur le perron, les plus branchés savent déjà que Bergevin a eu l’emploi ; un journaliste de Chicago, Chris Kuc, a sorti la nouvelle en primeur en pleine nuit, et la Toile s’enflamme.

Des noms et des noms

Ce qui nous ramène à 2021.

Dans les premiers jours, la candidature de Daniel Brière était celle qui retenait le plus l’attention. Le 28 novembre, il confiait d’ailleurs à Jonathan Bernier (le confrère du Journal de Montréal, pas le gardien, bien que rien n’empêche Brière de parler au gardien des Devils du New Jersey, mais on s’écarte) qu’il ne « cracherait pas sur une occasion pareille ». Le lendemain, toutefois, Brière mettait les freins lorsque joint par le collègue du Droit Marc Brassard, disant préférer « ne pas faire de commentaires pour l’instant ».

Il ne faudrait pas s’étonner que d’autres candidatures ressortent au fil des semaines, en plus de la demi-douzaine de noms déjà évoqués un peu partout.

C’est encore plus vrai à la lumière des propos de Jeff Gorton, vice-président des opérations hockey du Tricolore, qui s’est dit prêt à « sortir des sentiers battus », en point de presse vendredi. Gorton a ajouté, sans que ce soit évoqué dans une question, la possibilité que son futur directeur général soit un agent de joueurs.

Au lendemain de cette déclaration, Elliotte Friedman dévoilait en pleine émission de Hockey Night in Canada que Kent Hughes, de la firme montréalaise Quartexx Management, faisait partie des candidats.

Hughes est un Anglo-Montréalais de 51 ans qui parle très bien français. Il a étudié au Middlebury College, au Vermont, et demeure à Boston depuis des années. Ses fils Riley et Jack étudient d’ailleurs à Northeastern, une université de Boston.

Selon nos informations, les relations entre Hughes et Gorton datent de plusieurs années, Hughes ayant même initié le fils de Gorton au hockey mineur. Le monde du hockey est petit et leurs liens le prouvent. Le frère de Kent Hughes, Ryan, a été repêché par les Nordiques en 1990, mais s’est ensuite retrouvé dans l’organisation des Bruins quand Gorton y agissait comme directeur du recrutement.

Gorton et Hughes ont ensuite fait affaire ensemble notamment par l’entremise de Patrice Bergeron, un des plus gros noms que Hughes représente. Gorton était adjoint au directeur général à Boston quand les Bruins ont repêché Bergeron en 2003.

Hughes compte d’ailleurs une multitude de Québécois parmi ses clients. Selon Puckpedia, en plus de Bergeron, il représente notamment Kristopher Letang, Anthony Beauvillier, Marco Scandella, Michael Matheson, Samuel Blais et William Carrier.

Dans son communiqué, le Tricolore a précisé chercher un directeur général capable de « communiquer avec les partisans en français et en anglais ». Il reste à voir si Molson sera disposé à embaucher un candidat au nom à consonance anglaise, établi à Boston depuis plusieurs années.

Cela dit, comme l’exemple de 2012 nous l’a montré, il faut s’attendre à davantage de rebondissements, d’autant plus que Gorton a laissé entendre qu’il était fort probable que son candidat ne soit pas embauché avant Noël.