Geoff Molson a attiré l’attention la semaine dernière quand il a affirmé qu’il souhaitait voir davantage de diversité au sein des opérations hockey du Canadien.

Son organisation n’est certainement pas un leader en la matière, mais de façon générale, la LNH enregistre elle aussi un retard. Ainsi, à ce jour, Dirk Graham demeure l’unique entraîneur-chef noir de l’histoire du circuit, et c’était le temps d’une moitié de saison il y a 23 ans.

Il y a tout de même eu des adjoints racisés ici et là, et chez les Stars du Texas, un Québécois d’origine haïtienne aimerait bien se frayer un chemin dans le milieu des entraîneurs : Maxime Fortunus. Fraîchement retraité, l’ancien défenseur de 38 ans est un adjoint de l’entraîneur-chef Neil Graham au sein du club-école des Stars de Dallas.

Fortunus, qui a roulé sa bosse dans la Ligue américaine, est bien conscient que le hockey est un milieu très blanc. Mais il n’entend pas s’arrêter à ça.

« Nos parents nous ont toujours avertis : ‟Ça se peut que vous entendiez des choses sur la glace.” Oui, ça va arriver, mais tu te retournes, tu souris, tu fais tes affaires sur la glace et tu lui montres pourquoi t’es ici, ce que t’es capable de faire. J’ai toujours eu cette mentalité-là, que rien ne m’affectait », nous a confié Fortunus, lors du passage des Stars du Texas à la Place Bell pour deux matchs contre le Rocket de Laval, cette semaine.

« J’étais concentré sur un but et j’essaie de faire ça comme coach. Oui, on voit tous ces affaires-là. Mais je n’ai pas été engagé parce qu’ils voulaient de la diversité dans l’équipe. J’ai été engagé en raison de ce que je peux faire. »

Un joueur durable

Ce qu’il peut faire ? Comme entraîneur, c’est encore dur à dire, mais son bagage de joueur est unique.

Fortunus n’a disputé que neuf matchs dans la LNH, mais… 882 matchs dans la Ligue américaine ! C’est bon pour le 19rang de l’histoire du circuit. Mais dans le top 20, ils ne sont que huit à avoir joué dans les années 2000. Ajoutons qu’il a aussi passé deux ans dans l’ECHL et trois en Allemagne.

À l’approche des 350 matchs dans la Ligue américaine, Jérémy Grégoire commence à avoir une idée des sacrifices requis pour durer aussi longtemps dans un circuit ingrat.

« Dans la Ligue américaine, on compte nos années en années de chien, on les multiplie ! De jouer aussi longtemps et de continuer à grinder, c’est spectaculaire », lance le Québécois, attaquant chez les Stars.

« C’est une ligue vraiment dure sur le corps, c’est robuste, poursuit Grégoire. Tous les jours, tu joues contre une équipe qui a des gars robustes. Tout le monde espère monter, on est tellement proches, tu ne peux pas prendre une soirée de congé, sinon, tu vas te faire démolir. Quand t’es un gars honnête, qui se fait un devoir de se présenter tous les matchs, et que tu fais ça presque 1000 fois, ça commence à être du stock. »

Tu dois être prêt à battre le gars devant toi à tous les matchs, tous les entraînements. Ça a été une de mes forces comme joueur.

Maxime Fortunus

Au fil des saisons, il a compris qu’il avait un intérêt pour la compréhension du hockey, des systèmes de jeu. Ça a commencé sous Glen Gulutzan, devenu entraîneur-chef des Stars du Texas à 38 ans, en 2009.

« Il était proche des joueurs, et j’étais plus vieux, j’étais un leader. Il nous demandait souvent notre opinion, je posais des questions. C’est comme ça que je me suis aperçu… J’ai vu ce qu’il faisait hors glace. Il prenait des notes, comment les gars s’entraînaient, ce qui marchait, ne marchait pas. J’ai réalisé que cette partie-là du hockey m’intéressait. »

Il a continué à s’y intéresser pendant ses trois saisons à Bremerhaven, en Allemagne, là où il a terminé sa carrière. « Ensuite, en été, je coachais mon gars dans sa ligue d’été. Ça me donnait une expérience derrière le banc. L’intensité restait, j’avais encore des papillons avant un match ! »

Le hasard faisant bien les choses, les Stars souhaitaient ajouter un deuxième adjoint – ils fonctionnaient avec un seul. Et Fortunus connaissait bien Cedar Park, la banlieue d’Austin où jouent les Stars. Il y a passé six ans comme joueur, de 2009 à 2015. La décision a donc été simplifiée pour ce père de trois enfants. « Mon plus vieux a 14 ans, il a retrouvé ses amis qu’il avait dans le temps ! », lance-t-il.

Il a donc obtenu l’emploi et s’occupe principalement des défenseurs et du désavantage numérique.

Fortunus demeure évasif quand on lui demande si son but ultime est de devenir entraîneur-chef dans la LNH.

J’aimerais continuer dans le coaching. On ne sait jamais où ça va nous mener.

Maxime Fortunus

« Je n’ai jamais voulu sauter les étapes, et c’était comme ça quand je jouais. Mon but était de jouer dans la LNH, mais j’ai commencé dans l’ECHL et je savais que je devais faire des efforts. Oui, le but était de me rendre, mais même si ça ne fonctionnait pas, je devais continuer à travailler. »

En étant derrière un banc d’une ligue tout de même en vue, Fortunus envoie un message fort pour l’inclusion.

« Ça montre aux jeunes que oui, c’est possible, rappelle-t-il. Je me suis toujours dit que j’étais un petit gars pareil comme les autres, que je n’avais rien de spécial. Peu importe ce que tu fais, quand tu veux quelque chose, si tu mets les efforts, tu vas avoir un résultat positif. »