Marc Bergevin a profité de son retour du Championnat du monde junior pour rencontrer les médias hier. Son point de presse, généralement positif, est toutefois passé à deux doigts d'être tristement prémonitoire pour le Canadien.

À la question de savoir ce qu'il redoutait le plus de cette deuxième moitié de calendrier, il n'a pas hésité une seule seconde: «Les blessures.» Le genre de blessure dont on ne se remet pas, comme celle de Carey Price il y a trois ans, ou celle de Shea Weber la saison dernière.

Bergevin s'est même assuré de «cogner du bois», au sens figuré bien sûr, quand il parlait desdites blessures. Une manière comme une autre de conjurer le mauvais sort.

Hier, le directeur général a dû retenir son souffle quand il a vu Weber tomber au combat dans la défaite du Canadien 1-0 contre le Wild du Minnesota.

En première période, Weber a placé son bâton pour en faire une rampe tandis que Mikael Granlund tirait en pleine accélération. La rondelle a frappé Weber directement au visage. Il a fait comme si de rien n'était, fier compétiteur qu'il est. Mais on voyait, à son retour au banc, qu'il avait mal. Le sang coulait sur sa joue.

Il s'est accordé une grosse minute de pause, avant de retourner sur la glace et d'écouler les 13 minutes toujours au cadran. Toutefois, il n'est pas revenu au jeu après le premier entracte. Visite à l'hôpital, examen des os du visage. Le Canadien a vécu exactement la même chose, avec exactement la même technique défensive, plus tôt en saison avec Noah Juulsen. Le jeune défenseur a raté 20 jours de hockey et 8 matchs.

«C'est une malchance, a dit Mike Reilly au sujet du danger d'utiliser cette technique défensive. D'habitude, tu espères que ça va frapper le filet protecteur. Peu importe, tu essaies toujours de placer ton bâton sur la rondelle. Tu peux essayer de te protéger le visage, mais à cette vitesse, quand l'adversaire tire en accélération, c'est difficile à évaluer.»

Pour Weber, le diagnostic est plus positif. Pas de fracture, il fera le voyage avec l'équipe vers Detroit pour le match de ce soir. Claude Julien ne pouvait toutefois pas dire s'il sera en uniforme contre les Red Wings.

Un monde sans Weber

Le Canadien a longtemps vécu dans un monde sans Weber. La majeure partie de la saison dernière, qui s'est révélé un complet fiasco, et les 24 premiers matchs de la présente campagne. Mais voilà, le Canadien s'est plutôt bien tiré d'affaire, avec une fiche de 11-8-5.

En l'absence du capitaine, le bon second Jeff Petry a pris des responsabilités de chef. Il compte déjà 29 points, cette saison, et il a connu le match le plus occupé de la dernière année dans la LNH, avec 33:51 de jeu. Hier, il a dirigé 12 rondelles au filet, en plus de 27 minutes de jeu, et s'est généralement bien débrouillé.

Mais il a commis la bourde de toutes les bourdes... Une passe de dos, à l'aveuglette, qui a permis à Granlund de marquer le seul but du match. Une erreur que Claude Julien va revoir dans ses cauchemars et qu'il n'a pas manqué de souligner dans son bilan du match.

«Juste une erreur de ma part, a dit Petry. J'aurais plutôt dû envoyer la rondelle le long de la bande, mais je l'ai envoyée directement au milieu du jeu. J'aurais dû la conserver et attirer leur joueur vers moi au lieu de faire ça.»

Le problème de cette erreur est qu'elle a offert encore une fenêtre sur un monde sans Shea Weber. Un monde où les Petry sont trop sollicités. Un monde où ce sont Victor Mete et Mike Reilly qui ont la tâche d'aller chercher le gros but en fin de match.

Bergevin a lancé ceci tout bonnement avant le match: «J'avais oublié c'était quoi d'avoir Shea Weber dans la formation. Pas une équipe ne peut se permettre de perdre un joueur de ce calibre-là pour longtemps.»

C'est encore vrai. D'autant plus quand l'équipe a déclaré son intention de se battre pour une place en séries éliminatoires. Le Canadien n'est pas hors du portrait des séries, même s'il a encore perdu le genre de match qu'il doit apprendre à gagner. Les revanches d'une dégelée de 7-1 n'ont qu'un résultat acceptable: la victoire.

Weber n'est pas blessé sérieusement, le Canadien l'a échappé belle. Cette fois-ci. Marc Bergevin doit encore cogner du bois.

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En hausse: Max Domi

Il a saisi l'exigence de Claude Julien qu'il se «prenne en main». Il a travaillé fort toute la soirée, notamment lors d'un périple en territoire ennemi durant lequel il a déjoué tout ce qui bougeait.

En baisse: Jeff Petry

La bourde sur le but de Mikael Granlund. Quelle bourde... Dommage, il a connu un bon match dans l'ensemble.

Le chiffre du match: 9

Le Wild a maintenant gagné ses 9 derniers matchs contre le Canadien.