En novembre dernier, au coeur d'une autre séquence gênante du Canadien, nous discutions, dans ces pages, des différentes options qui s'offraient à l'équipe pour une relance.

On venait alors de franchir le premier quart de la saison. Les données du site Sports Club Stats indiquaient 3,1 % de probabilités d'accéder aux séries éliminatoires. Le chiffre en soi faisait sursauter, mais dans une division Atlantique aussi faible, la direction a très bien pu espérer une remontée au classement.

Nous voici 45 jours plus tard. Le Tricolore conclura ce soir la première moitié de son calendrier. Nul besoin d'être un grand expert en probabilités pour constater que les carottes sont cuites pour les Montréalais. Ils se retrouvent à huit points de la dernière place donnant accès aux séries, et il y a cinq équipes à dépasser pour s'y rendre. Parmi elles, les Penguins de Pittsburgh, une espèce de bombe à retardement dans une telle course.

Ajoutons qu'avec l'absence de Shea Weber au moins jusqu'au match des Étoiles, le Canadien en a donc pour encore au moins trois semaines à se débrouiller avec Jeff Petry, Jordie Benn et quatre gars qui font leur possible en défense.

Dans ce contexte, il est assez fascinant de voir que quatre des cinq options ont essentiellement disparu, du moins dans l'immédiat.

Un rappel ou un changement d'adjoint n'aura jamais un effet suffisamment puissant pour donner au Canadien l'élan nécessaire pour partir sur une lancée victorieuse. Dans ces circonstances, vaut mieux attendre après la saison pour amener du sang neuf auprès de l'entraîneur-chef Claude Julien, puisque davantage de candidats de qualité seront disponibles. Une transaction pour améliorer l'effectif dans l'immédiat relève du délire, pour les mêmes raisons qu'en novembre.

Congédier Marc Bergevin ? Cette option ferait le bonheur de bien des partisans qui lui en veulent encore pour sa gestion des dossiers de P.K. Subban, Andrei Markov et Alexander Radulov. Mais un changement de directeur général en cours de saison demeure une rareté. C'est sans compter que les deux Québécois les plus près d'un poste de DG dans la LNH - Julien BriseBois et Martin Brodeur - sont déjà avec d'autres équipes.

Un changement de DG au terme de la saison n'est pas à exclure, mais d'ici là, Geoff Molson ne peut pas non plus menotter Bergevin sous prétexte qu'une autre personne prendra la relève. Des actifs de l'équipe perdront en valeur !

Quels sont donc ces actifs qui peuvent être échangés d'ici au 26 février ? Les options sont nombreuses. Sans échanger tous les noms ci-bas, il y a lieu d'envisager une reconstruction partielle en monnayant deux de ces attaquants.

1. MAX PACIORETTY

Le collègue Elliotte Friedman a rapporté la fin de semaine dernière que Bergevin était très actif dans ce dossier. L'intérêt de l'échanger dès cette saison est de permettre à son acquéreur de compter sur lui deux années de suite en séries éliminatoires. Par contre, les plus grosses transactions, à l'exception de celle de Matt Duchene cet automne, se font généralement près du repêchage. Que peut-il bien valoir ? Selon Friedman, Bergevin chercherait à se départir du numéro 67 pour un marqueur plus jeune. Voilà qui ouvre bien des possibilités. Sinon, l'échange de Duchene peut en faire rêver quelques-uns à Montréal, puisque Duchene et Pacioretty partagent plusieurs paramètres (situation contractuelle, production dans la LNH, saison difficile). Mais Duchene est un centre, une denrée plus recherchée que des ailiers gauches. On doute que le 67 rapporte trois choix au repêchage et trois espoirs à Bergevin !

2. TOMAS PLEKANEC

Une cible assez évidente pour une transaction. À 35 ans, en dernière année de contrat, il a le profil du typique joueur de location qui pourra aider une équipe à la recherche d'un centre de troisième trio, ou d'un quatrième centre de luxe. Il connaît actuellement sa meilleure saison au cercle des mises en jeu (53,4 %) et est l'attaquant le plus utilisé de son équipe en désavantage numérique. Il est toutefois en voie d'être de nouveau limité à une trentaine de points. L'an dernier, Martin Hanzal avait valu aux Coyotes de l'Arizona trois choix au repêchage, dont un de premier tour. Hanzal est toutefois supérieur offensivement à son compatriote tchèque, et plus jeune.

3. ANDREW SHAW OU BRENDAN GALLAGHER

Deux des meilleurs attaquants du Canadien cette saison, et deux rares ailiers qui osent s'aventurer « là où ça fait mal ». Les deux sont aussi en voie de connaître la saison la plus productive de leur carrière en termes de buts. Gallagher a 25 ans. Shaw, 26 ans. Bref, autant d'arguments pour plaire à un DG à la recherche d'un attaquant qui empoisonnera la vie des adversaires pendant une série quatre de sept. Aucun doute, ils manqueront grandement au Tricolore si l'un ou l'autre est échangé. Mais ce sont aussi des ailiers dans une ligue où les centres et les défenseurs dictent de plus en plus le jeu.

4. ALEX GALCHENYUK

On a tendance à l'oublier, car les rumeurs de transaction à son sujet circulent nettement moins qu'en juin dernier. Sa première moitié de saison n'a sans doute pas nui à sa valeur. Il s'est tenu loin de toute controverse, n'a pas dit un mot - publiquement, du moins - quand il a été confiné au quatrième trio, et il mène son équipe pour les points malgré un temps d'utilisation réduit. Son tir et ses mains demeurent ses plus grandes forces. Un DG pourrait-il le voir comme le complément idéal à un fabricant de jeux ?

5. CHARLIE LINDGREN

Le voici de retour dans la Ligue américaine après un séjour convaincant dans la LNH en l'absence de Carey Price. Évidemment, son cas est différent de ceux de Pacioretty, de Plekanec et des autres vétérans, car il n'aiderait pas une équipe à la recherche d'aide immédiate en vue des séries. Il n'en demeure pas moins qu'il serait éventuellement plus utile à une organisation qui ne compte pas de Price dans ses rangs. Cela dit, rien ne presse dans son cas et il deviendra joueur autonome avec compensation en juillet prochain. Bergevin a du temps.