Lorsqu'il s'est présenté dans la salle de conférence de presse vendredi soir après avoir dirigé l'entraînement de ses joueurs, Claude Julien avait l'air détendu et a même badiné avec les représentants des médias. Quelque 28 heures plus tard, il n'avait nullement envie de rigoler.

Est-ce la température de moins 10,8 Celsius au début du match qui a paralysé ses joueurs? Ou est-ce le fait que les soi-disant piliers de l'équipe ont échoué là où des rivaux comme Erik Karlsson, Mike Hoffman et Matt Duchene ont réussi?

Ce qui est sûr, c'est qu'à l'exception du gardien Carey Price, personne chez le Canadien de Montréal ne s'est présenté à la Place TD, avec comme résultat qu'il a subi un revers clair et net de 3-0 contre les Sénateurs d'Ottawa lors de la Classique 100 de la LNH.

«L'écart dans les mises en jeu (70,2 pour cent contre 29,8 pour cent en faveur des Sénateurs), n'était même pas proche, et j'ai trouvé qu'on a couru après la rondelle toute la soirée. C'est l'un des aspects de notre jeu qui nous a causé beaucoup de tort», a analysé Julien.

Pourtant, le contexte était idéal pour utiliser ce rendez-vous hors de l'ordinaire comme tremplin avant deux voyages difficiles de trois matchs en moins d'une semaine, le premier dans l'Ouest canadien avant Noël, le second dans le sud-est des États-Unis, entre la Nativité et le Jour de l'An.

Les hommes de Claude Julien venaient de perdre trois de leurs quatre sorties précédentes, toutes à domicile, et avaient vaincu les Devils du New Jersey de peine et de misère, en prolongation, pour clore un séjour de cinq parties. Plus que jamais, ils avaient besoin d'une victoire, contre une formation qui en arrache au moins davantage qu'eux et qu'ils avaient trouvé le moyen de vaincre lors de leurs cinq derniers rendez-vous.

Aussi, pendant qu'ils ne faisaient rien qui vaille contre les Sénateurs, les Bruins de Boston s'inclinaient aux mains des Rangers de New York en prolongation. Le Canadien avait donc une chance de s'approcher à un point des Bruins et du troisième rang de la section Atlantique, alors qu'ils ont toujours trois parties de plus de jouées que leurs grands rivaux.

Mais à part pendant quelques instants en troisième période, l'attaque du Canadien a été inexistante et Craig Anderson n'a eu aucune difficulté à signer un premier jeu blanc en carrière face au Tricolore. Tellement, en fait, qu'il n'a même pas mérité l'une des trois étoiles de la rencontre.

«Après deux périodes, nous avions obtenu une ou deux chances de marquer seulement. C'est inacceptable, a admis le capitaine Max Pacioretty, sur la glace lors des trois buts des Sénateurs. Je ne sais pas pourquoi mais il semble que nous parvenions à créer de l'attaque une fois que nous avons le dos au mur.»

Le dos au mur, le Canadien pourrait bien l'avoir s'il ne parvient pas à sortir avec une fiche victorieuse lors des six prochains matchs qu'il disputera, tous à l'étranger.

Désinvolture qui étonne

Pendant que Pacioretty essayait de comprendre ce qui ne va pas avec l'attaque, le gardien Carey Price a répondu aux questions des journalistes pendant exactement 84 secondes, avec une désinvolture qui en a laissé plusieurs d'entre eux perplexes et qui, il faut le reconnaître, ne correspondait absolument pas avec le désir de vaincre qu'il venait d'afficher sur la patinoire.

«Comment évalues-tu la façon que l'équipe a joué collectivement ce soir?», lui a demandé un journaliste du Réseau des sports, pour lancer la mêlée de presse.

«J'ai eu beaucoup de plaisir là-bas», a-t-il répondu, après une brève hésitation.

«Tu as eu beaucoup de plaisir?», a réagi le journaliste.

«Oui.»

«As-tu le sentiment que le résultat n'est probablement pas celui que tu voulais?», a poursuivi le reporter.

«Non, pas du tout.»

«Pas du tout?»

«Non. Nous avons perdu. Nous avons perdu», a renchéri Price, tout en riant très brièvement.

À la suite d'une autre tentative de lui faire parler du match, quelques instants plus tard, Price a répondu qu'il préférait discuter de l'expérience qu'il venait de vivre, qu'il avait trouvé divertissante.

Pourquoi, s'est-on risqué à lui demander?

«L'expérience de jouer dehors. C'était spécial pour tous les fans et je pense que c'est bon pour le sport.»

La soirée de travail de Price avec les journalistes venait de prendre fin...