Difficile de trouver ambiance plus morose à l'heure actuelle qu'à Buffalo. Et là on ne parle pas de la ville en tant que telle, qui a connu des moments difficiles et qui tente maintenant de se relever. On parle surtout d'une équipe de hockey qui termine ce soir son calendrier local en affrontant le Canadien et qui ratera les séries pour une sixième saison de suite.

Les Sabres eux, n'arrivent pas à se relever.

«Je suis tellement tanné, a laissé tomber le vétéran Ryan O'Reilly au terme de l'entraînement matinal facultatif des Sabres. C'est tellement frustrant de venir à la patinoire en ce moment. En pratiquant je me disais qu'il n'y avait pas de but. On voit d'autres équipes se préparer en vue des séries éliminatoires, on voit une jeune équipe comme Toronto réclamer la place dans laquelle on devrait être... Je suis écoeuré de perdre, ça draine toutes nos énergies.»

Sur papier, à tout le moins, les Sabres auraient dû former une bien meilleure équipe. Mais le leadership n'a pas été en mesure de s'imposer entre des vétérans qui n'ont plus tous les moyens de leurs ambitions et des jeunes pressés de mener les opérations.

«Il va falloir que chacun se regarde dans le miroir, à commencer par moi-même, a indiqué O'Reilly. En tant que leader je ne me suis pas imposé. Je n'ai pas rendu mes coéquipiers imputables et je n'ai pas été une voix au sein de l'équipe. C'est dur. Quand (Kyle) Okposo est revenu il a vraiment aidé, il a pris les choses en main et même si nous étions écartés du portrait des séries, il encourageait à ce qu'on apporte des changements dès maintenant. En le perdant ça a été difficile à maintenir. »

À sa première saison à Buffalo, Okposo a plutôt bien fait, sauf qu'il est présentement ennuyé par une maladie qui a nécessité un séjour à l'hôpital et qu'il soit tenu à l'écart de l'équipe depuis une semaine. Pour l'instant les Sabres n'entrevoient pas de retour au jeu cette saison.

«Je suis très préoccupé, a admis l'entraîneur-chef Dan Bylsma. C'est un truc difficile avec lequel il doit composer.»

Bylsma est de plus en plus contesté à Buffalo et on entend à travers les branches qu'il n'aurait pas la faveur des plus jeunes joueurs chez les Sabres. En attendant, il tente de garder ses joueurs imputables, comme en fait foi ce récent incident où il a laissé sécher Sam Reinhart au banc durant tout un match après qu'il se soit présenté en retard à l'exercice matinal.

«Après notre semaine de congé, on savait qu'on devait gagner des matchs pour rester dans la course mais on a perdu quatre avances en l'espace de dix jours, a noté Bylsma en décrivant le moment où le train a déraillé. On a perdu contre l'Arizona, Nashville et Pittsburgh... Ce sont des matchs que nous aurions dû gagner. Ça a laissé des traces dans la psyché de notre équipe après cela.»

Selon Ryan O'Reilly, il revient aux joueurs de prendre leurs responsabilités. Bylsma n'a pas à prendre le blâme pour tout ce qui s'est passé.

N'empêche: comme Jack Eichel l'a indiqué mardi, les Sabres concluent deux années de hockey médiocres. Et O'Reilly ne l'accepte pas.

«Que ça prenne un an c'est correct; il y avait beaucoup de nouveaux visages et ça a pris du temps à nous habituer les uns aux autres, a mentionné l'ancien de l'Avalanche du Colorado. Mais cette année, on a eu de la misère à se mettre en marche et on est retombés dans nos vieilles habitudes. En tant que leader j'en prends la responsabilité. Mais que la même chose se passe deux ans de suite, sans qu'on aille nulle part et sans qu'on s'améliore, c'est pathétique. Les choses doivent changer. Il nous reste trois matchs pour prouver quelque chose, ne serait-ce qu'à nous-mêmes.»

Photo Jeffrey T. Barnes, AP

Ryan O'Reilly

1000 matchs pour Gionta 

Dans tout cela, le capitaine des Sabres et ancien du Canadien Brian Gionta vient d'atteindre le plateau des 1000 matchs. Les Sabres ont invité parents et amis du petit attaquant de 38 ans pour célébrer l'accomplissement.

«Ce n'est pas un plateau que je m'attendais à atteindre un jour, a indiqué Gionta. Je suis heureux de m'y être rendu. Mais mes matchs préférés ont été des matchs de séries donc ils ne comptent pas parmi les 1000!»

Gionta a récolté 15 buts et 34 points en 79 matchs cette année et se dit en bonne santé. Il lui reste encore du hockey dans le corps mais il ignore s'il pourra demeurer à Buffalo comme il le désire. L'Américain sera joueur autonome sans compensation à la fin de la saison.

Photo Jeffrey T. Barnes, AP

Brian Gionta