Quand une équipe présente une fiche de 22-5-4, comme le font les Blue Jackets, quand elle gagne un 11match de suite, comme ils l'ont fait hier en molestant les Penguins 7-1, cela veut dire que plusieurs joueurs connaissent la meilleure saison de leur carrière en même temps.

Les Jackets n'échappent pas à cette règle. Après quelques saisons pénibles, le gardien Sergei Bobrovsky et l'attaquant Sam Gagner ont rebondi de belle façon. Bobrovsky affiche une moyenne inférieure à 2,00 et Gagner totalise 25 points en 30 matchs.

Les jeunes Alexander Wennberg et Zach Werenski ont quant à eux progressé à une vitesse folle. Le premier compte 28 points en 31 sorties, tandis que le second fait partie des favoris pour remporter le trophée Calder. À 19 ans, Werenski est déjà le ténor de l'avantage numérique des siens.

Et puis, au milieu de tout ça, il y a Cam Atkinson. Lui, on l'attendait moins, car à 27 ans, après trois saisons de suite à produire essentiellement au même rythme, il était permis de croire qu'il avait plafonné. Et pourtant.

Avant les matchs d'hier, il occupait le 8e rang de la LNH avec 33 points, et il en a ajouté un 34en première période. Et comme les Blue Jackets sont l'équipe qui a disputé le moins de matchs dans la LNH, il pourrait même grimper de quelques échelons quand il aura disputé ses matchs en main sur ses rivaux.

S'il y a un joueur à qui l'arrivée en poste de John Tortorella a été bénéfique, en octobre 2015, c'est bien lui. Écoutez les circonstances dans lesquelles l'entraîneur-chef a fait la connaissance du joueur.

«Quand je suis arrivé ici, Cam avait été laissé de côté lors du match précédent, peu importe pour quelle raison. Il a probablement été mon attaquant le plus constant depuis que je suis en poste. Je l'utilise à toutes les sauces.»

«Il a gagné en maturité, a poursuivi l'entraîneur, hier, avant la rencontre de son équipe. Il a davantage conscience de ce qu'il doit faire pour connaître du succès dans cette ligue. Encore la saison dernière, il fallait le réveiller par moments pour s'assurer qu'il se rappelle comment jouer, comment s'entraîner aussi. Je continue à garder certaines choses à l'oeil. On sait que c'est un bon joueur, mais je pense qu'il peut être encore meilleur.»

Si Tortorella a réussi à passer ses messages, c'est en partie parce qu'un vieil allié lui a servi de courroie de transmission...

«Quand Torts a été embauché, la première personne à m'avoir appelé était Martin St-Louis, racontait Atkinson, après le match d'hier. On habite la même ville, je le vois tous les jours en été, on s'entraîne et on joue au golf ensemble. Il a adoré Torts comme entraîneur à Tampa. Il m'a dit: "Tant que tu travailles fort, même si tu fais des erreurs, il va te trouver des minutes et te donner des occasions." J'ai écouté ses conseils.»

Du St-Louis dans le nez

Sa mention de St-Louis n'est pas innocente.

Avec ses 5 pieds 8 et ses 182 livres, Atkinson est un autre de ces joueurs de petit gabarit qui s'illustrent dans la LNH. Il y a donc des rapprochements à faire avec St-Louis, même si le numéro 13 des Blue Jackets est encore loin d'avoir accompli ce que l'illustre numéro 26 a fait.

«Il a été une de mes idoles de jeunesse, a affirmé Atkinson, qui avait 18 ans la première fois qu'il a rencontré St-Louis. Je regardais son style de jeu et je me disais: s'il s'est rendu à la LNH et connaît autant de succès, pourquoi je n'en ferais pas autant? Il m'a beaucoup aidé en été à mes premières années chez les pros. Il m'a rappelé que les saisons sont longues et que je ne dois pas m'en faire si je joue quelques matchs sans marquer.»

À la différence de St-Louis, toutefois, Atkinson a été repêché, mais il a dû attendre au 6tour (157rang) en 2008 avant d'entendre son nom.

Avant même son éclosion cette année, le petit numéro 13 constituait déjà un très bon coup des Jackets. S'il poursuit sur sa lancée, on pourra carrément parler de vol.