Au premier abord, le portrait de la situation du Canadien de Montréal dans les filets est plutôt limpide: Carey Price sera le partant et Al Montoya, embauché le 1er juillet, sera l'adjoint. Mais ça ne signifie pas que des gardiens comme Mike Condon, Charlie Lindgren et même Zachary Fucale, qui n'a encore jamais joué un match dans la LNH, n'auront pas l'occasion de s'imposer au cours des huit prochains jours.

Comme il serait très étonnant que Price participe à même un seul des cinq matchs prépatoires du Tricolore la semaine prochaine, tous les réflecteurs seront tournés vers ceux qui chercheront à épauler le portier numéro un de l'équipe en 2016-2017. La bataille va commencer dès dimanche avec la présentation du traditionnel duel entre les Rouges et les Blancs au Centre Bell.

Et selon les propos que Michel Therrien a tenus samedi, ils auront tous la chance de se démarquer au cours de cette période.

« Il y a une bagarre qui va se dérouler au niveau de nos gardiens, a reconnu l'entraîneur-chef du Canadien à l'issue du deuxième match intra-équipe en autant de jours, qui s'est soldé par un verdict nul de 1-1. 

« L'expérience est un avantage, on ne s'en cachera pas, a-t-il ajouté en faisant allusion à Montoya. Mais nous regardons aussi la progression des jeunes. Je reviens souvent à ça, et je sais que ça peut être "plate" pour vous, mais on va laisser les performances dicter [nos décisions]. »

Un cas intrigant

Si les dirigeants du Canadien ont déjà une bonne idée de ce que peuvent leur offrir Montoya et Condon, ils voudront sans doute en savoir davantage sur Lindgren, qui a signé une victoire de 4-2 à son seul match en carrière dans la LNH, le 7 avril dernier, en Caroline.

« Il nous a démontré de belles choses lors de l'opportunité que nous lui avons donnée l'an dernier, a rappelé Therrien, et nous avons été très impressionnés par la manière dont il s'est comporté à London au tournoi des recrues. Il va avoir des opportunités. Nous avons déjà pas mal élaboré notre plan pour l'utilisation de nos gardiens pendant le camp d'entraînement avec l'absence de Carey. »

Si ses chances de doubler Montoya semblent minces, Lindgren n'en demeure pas moins un candidat intrigant. Lorsqu'il a annoncé la mise sous contrat de l'athlète originaire du Minnesota, le 30 mars, le directeur général Marc Bergevin avait affirmé que Lindgren était l'un des meilleurs gardiens disponibles parmi les agents libres issus des universités américaines.

Les statistiques semblent donner raison à Bergevin. Au cours de ses trois saisons avec les Huskies de St. Cloud State, Lindgren a fait passer sa moyenne de buts alloués de 2,42 en 2013-2014 à 2,13 l'an dernier, pendant que son taux d'arrêts grimpait de ,905 à ,925. L'année dernière, il a inscrit 30 victoires en 40 sorties.

« C'est surtout une question d'expérience, estime Lindgren, qui a fermé la porte aux Blancs, samedi, après leur avoir concédé deux buts la veille. 

« Lors de ma saison recrue, je n'ai pas beaucoup joué, mais je me suis quand même senti de plus en plus à l'aise. Lors de ma deuxième saison, j'ai connu une bonne première moitié, et la seconde a été meilleure encore. Et l'an dernier, j'ai pu jouer au sein d'une excellente équipe et récolter 30 victoires. »

En signant un contrat avec le Canadien le printemps dernier, Lindgren a d'abord fait plaisir à son père, un ancien gardien qui a toujours applaudi le Tricolore et dont le joueur préféré était Ken Dryden. Mais le fiston, qui se décrit comme un gardien athlétique et très combatif, croyait qu'il s'agissait de la situation la plus avantageuse pour sa carrière.

« Après la dernière saison, mon agent et moi avons regardé les différents scénarios et nous pensions que le Canadien représentait la meilleure option. J'aurai la chance d'apprendre de Carey Price, le meilleur gardien au monde, et auprès de l'un des meilleurs instructeurs des gardiens au monde », explique Lindgren, en parlant de Stéphane Waite.

Conscient de la situation dans laquelle il se trouve, Lindgren compte batailler avec ardeur pour, à tout le moins, faire belle impression sur les dirigeants du Canadien. C'est dans sa nature.

« Dans tout ce que je fais, je veux gagner, que ce soit au hockey ou à un jeu de société. Je veux arriver au sommet et, un jour, gagner le trophée Vézina et la Coupe Stanley. »