Ce sont peut-être les contrecoups de l'affaire Zack Kassian.

Ou alors le fait que le Canadien, qui présentera ce soir à Toronto un visage semblable à celui de l'an dernier, retourne au boulot dans un environnement familier.

Ou bien c'est l'idée que personne ne veut s'emballer et que tout le monde veut garder la tête bien froide en vue de la saison qui débute.

Toujours est-il qu'il n'y avait pas chez le Tricolore, hier, cette fébrilité caractéristique des débuts de saison. Un entraînement qui se prolonge, des joueurs qui passent en coup de vent dans le vestiaire, une équipe pressée de partir pour l'aéroport... On aurait pu être le 20 février que l'ambiance n'aurait pas été différente.

Même dans un vestiaire presque désert, l'histoire de Kassian était un peu l'éléphant dans la pièce.

«Je connais quelques individus qui ont dû passer par ce genre de programme et ce n'est pas une mince affaire», a confié Carey Price à propos de son nouveau coéquipier qui a été admis en cure de désintoxication lundi soir.

«La meilleure chose qu'on puisse faire est de rester proche pour pouvoir l'épauler.»

«C'est une situation regrettable, a ajouté P.K. Subban. Nous devons nous préparer en vue du premier match, mais il sait qu'il a le soutien de tout le monde. Nous voulons le revoir le plus tôt possible. Les gens spéculent par rapport à sa situation, mais ma seule préoccupation, c'est qu'il soit correct. S'il ne l'est pas, on a affaire à une situation complètement différente.»

Gérer les attentes

C'est un nouveau calendrier qui se met en branle, ce soir, contre les Maple Leafs, et qui lance une saison pleine d'aspirations pour le CH.

«Notre défi cette année sera se gérer les attentes, a d'ailleurs prévenu Price. Tout le monde a passé la barre très haut pour notre équipe et c'est à nous de demeurer concentrés sur ce que nous avons à faire, sans nous soucier de nos performances par rapport à l'an dernier.»

Il est vrai qu'un tas d'observateurs - d'abord et avant tout à cause de la présence de Price - estiment que le Canadien est sur le point de rejoindre les équipes d'élite. Mais les prévisions, joueurs et entraîneurs s'en balancent un peu.

«Toutes les équipes ont le même but, celui de gagner la Coupe Stanley. Mais pour y arriver, il faut réaliser les étapes une à la fois, a rappelé Michel Therrien. La première est de se classer dans les séries. Et si l'on veut faire cela, il faut avoir un bon début de saison.»

L'entraîneur-chef s'est dit encouragé de ce qu'il avait vu au camp d'entraînement. Les effectifs sont semblables à ceux de l'an dernier, mais en ce qui concerne le style de jeu, il va changer quelque peu.

«On a apporté certains ajustements à notre manière de jouer, souligne Therrien. On va travailler davantage en unité de cinq, ce qui va nous permettre d'avoir plus souvent possession de la rondelle.

«Avoir des joueurs de styles différents nous aide beaucoup, et la présence de Jeff Petry aide beaucoup l'utilisation de nos défenseurs. J'entrevois le début de la saison avec beaucoup d'optimisme.»

Un esprit de continuité

Le Tricolore va amorcer la saison avec les six mêmes défenseurs avec lesquels il a abordé les dernières séries. On retrouve trois nouveaux visages parmi les 13 attaquants et, selon Therrien, c'est grâce à deux d'entre eux - Alexander Semin et Tomas Fleischmann - que le Canadien a affiché autant de stabilité sur ses trios durant le camp d'entraînement.

«On a ajouté deux joueurs dynamiques en attaque, particulièrement Semin, renchérit Price. On va vouloir chercher à faire plus de jeux. C'est bien d'être responsable défensivement, mais il faut aussi faire des jeux.»

Jusqu'à ce que l'incident Kassian ne crée une petite secousse sismique, le camp d'entraînement du Canadien avait été un long fleuve tranquille. C'est le fruit de la continuité dans laquelle se trouve l'organisation.

«La continuité, sans qu'elle nous rende trop à l'aise, nous permet de savoir où l'on s'en va et de bien nous aligner, explique Price. La compétition interne est importante, mais pour certains gars, c'est bien d'avoir un minimum de sentiment de sécurité et de sentir qu'ils ont de bonnes chances de faire leur place.»

Ils sont 23 à savoir aujourd'hui qu'ils ont leur place. Mais à compter de ce soir, chacun d'eux aura à la défendre. Et aussi à défendre la place du Canadien dans une Association de l'Est qui se promet d'être impitoyable.