Pour avoir joué avec les Oilers d'Edmonton de 2011 jusqu'à tout récemment, Jeff Petry sait très bien dans quel état d'esprit les Maple Leafs de Toronto aborderont le match de ce soir.

Comme les Oilers l'ont souvent vécu en fin de saison, les Leafs attaqueront le match de ce soir sans aucun enjeu au classement. Même leur sort en vue de la loterie est réglé: victoire ou défaite ce soir, ils termineront au 27e rang du classement général.

Dans ce contexte, avec un dernier match à jouer dans une saison catastrophique à oublier, la performance individuelle peut prendre une dimension plus importante.

«Je ne dis pas qu'ils vont tricher, mais certains joueurs peuvent jouer pour des bonis, expliquait Petry, après l'entraînement d'hier à Brossard. Ils veulent aussi connaître une bonne fin de saison. D'autres jouent pour des contrats en vue de l'an prochain.»

Sans vouloir donner de noms, le défenseur se souvient très bien des fins de saison à Edmonton. «Des joueurs tentaient d'atteindre des plateaux liés à des bonis, les autres le savaient et ça se voyait sur la patinoire, ils tentaient de trouver ceux qui pouvaient avoir des bonis», raconte-t-il.

À l'autre bout du vestiaire, Dale Weise s'attend aussi à du jeu collectif moins structuré. Il s'attend à l'inattendu.

«Ils vont tricher, ils n'ont rien à perdre», soutient-il.

«Ils vont patiner partout, tenter d'obtenir des échappées et tricher offensivement. Ils veulent leurs points et leur entraîneur ne se fâchera pas s'ils manquent à leurs responsabilités. On devra jouer serré.»

Petry sur une lancée

Jeff Petry était un homme populaire dans le vestiaire hier, et pas seulement pour parler de ses expériences antérieures.

C'est qu'il connaît offensivement les meilleurs moments de sa carrière, avec une séquence de six matchs de suite avec au moins un point. Il a amassé trois buts et quatre aides au cours de cette séquence, tout ça après avoir été blanchi de la feuille de pointage à ses 12 premiers matchs avec sa nouvelle équipe. Il y a bien sûr eu la période d'adaptation («Les 10 premiers matchs, j'essayais de m'intégrer, saisir comment les joueurs autour de moi jouent», rappelle-t-il). Mais il y a plus.

«Je vois beaucoup de changement depuis qu'il est arrivé. Il se sent beaucoup plus à l'aise avec la façon dont on joue, ça devient une deuxième nature, estime Michel Therrien. Il gagne en confiance, on lui donne de bonnes responsabilités. J'aime son duo avec [Alexei] Emelin, les deux ont un bon physique, ils patinent bien, ont de bons bâtons. Jeff peut appuyer l'attaque. Il y a plusieurs qualités dans son jeu.»

Petry dit aussi se sentir plus à l'aise de se porter à l'attaque. On l'a bien vu dans le match de jeudi, quand il n'a pas hésité à se porter à l'attaque, dès qu'il a lu le jeu, pour appuyer Torrey Mitchell en entrée de zone. Ça a valu à Petry un but.

Il aurait même pu ajouter le but gagnant, qui a finalement été marqué par Lars Eller. Sur la séquence, Petry s'est amené à toute allure vers le filet pour recevoir une passe du Danois, qui a finalement pris un tir faible pour battre Jimmy Howard.

«Je suis un peu plus combatif quand on monte avec la rondelle. Ils veulent que l'on s'implique plus - pas seulement moi - et qu'un quatrième homme appuie l'attaque.»

Et quand on a demandé à Therrien s'il avait demandé à Petry en particulier d'appuyer l'attaque plus souvent...

«On ne met pas de bungee à personne, pour le faire arrêter quand il arrive à la ligne bleue!»