Nous avons été nombreux à nous poser la même question en début de série: Michaël Bournival, face aux méchants Bruins, il aurait l'air de quoi? Jouer contre le Lightning, c'est une chose. Mais contre les Bruins? Pour un type d'à peine 195 lb, qui a tout juste une saison d'expérience au compteur, le défi semblait trop gros.

Peut-être que Michel Therrien était d'accord. Quand la série contre les rivaux de Boston s'est amorcée, dans le zoo du TD Garden, Bournival était en complet, pendant que Travis Moen prenait sa place sur la glace. Ça tombait sous le sens: Bournival, de toute évidence, n'était pas prêt pour ça.

Puis, il y a eu le deuxième match. Cette fois-là, Bournival y était. Il n'a peut-être pas mis son nom sur la feuille de pointage, mais il a étonné ses coéquipiers sur cette hostile glace bostonienne qui, croyait-on bien naïvement, n'était pas faite pour lui.

«Il est tellement rapide, a expliqué hier l'attaquant Dale Weise. Ce qui est impressionnant dans son cas, c'est son calme. Il n'y a rien qui le dérange. Pour un jeune joueur, c'est assez étonnant.»

Ce même Bournival s'est retrouvé sur la glace en fin de troisième période, mardi soir, quand le Canadien cherchait à confirmer sa victoire.

Ce qui ne l'a pas effrayé, bien au contraire.

«Il faut rester calme dans toutes les situations, et de se retrouver comme ça sur la glace en fin de match, c'est sûr que c'est super le fun», a-t-il admis après l'entraînement d'hier à Brossard.

C'est sans doute Weise qui a raison: non, Michaël Bournival ne semble pas trop impressionné par tout ce qui se passe autour de lui ces jours-ci. Peut-être parce que le joueur de 21 ans, originaire de Shawinigan, se prépare à ce genre de chose depuis longtemps.

«Mon atout principal, c'est ma vitesse»

À Hamilton, la saison dernière, il savait déjà le genre d'été qui l'attendait: entraînement, entraînement et entraînement, afin d'être fin prêt pour le camp du Canadien, au mois de septembre.

«C'est là que j'ai vu que je pouvais jouer dans cette ligue, a-t-il expliqué hier. C'est ça qui m'a donné confiance. Je me suis entraîné l'été passé avec ce but-là en tête, le but d'obtenir un poste avec l'équipe. Je suis allé au camp et j'ai su que j'allais avoir ma place.

«Mon atout principal, c'est ma vitesse. C'est ça que j'apporte à l'équipe. C'est avec ma vitesse que j'ai du succès dans cette ligue. Je n'ai jamais pensé à changer mon style de jeu cette saison, je garde ça simple et j'évite d'essayer des jeux trop compliqués. Quand j'ai dû rater le premier match de la série, Michel Therrien m'a rencontré pour m'en parler... L'idée, ç'a toujours été de me tenir prêt. C'est ce que j'ai fait après le premier match, rien de différent, et je me suis dit que je devais travailler plus fort.»

Daniel Brière, qui en a vu bien d'autres, n'hésite pas bien longtemps quand on lui demande d'expliquer les succès de Bournival.

«Il travaille avec intensité le long des bandes et il fait les jeux simples, répond le vétéran. On le voit, il joue super bien depuis le début de la série. Comme un peu tout le monde dans notre équipe, il a fait passer son jeu à un niveau supérieur.»

Au moment où le Canadien se prépare au quatrième match de la série, ce soir au Centre Bell, les Bruins ont maintenant un nom de plus à prendre au sérieux. Pas si mal pour un type que l'Avalanche du Colorado a tout bonnement refilé au Canadien en 2010, en retour de... Ryan O'Byrne.

Pendant qu'O'Byrne tente de se retrouver dans la KHL, Bournival est sous les projecteurs du Centre Bell. C'est un scénario que peu de gens auraient pu prévoir. Surtout les dirigeants de l'Avalanche...