Ça rappelle un peu le film d'animation pour enfants A Bug's Life quand les fourmis finissent par découvrir que la force du nombre peut avoir raison des grosses et intimidantes sauterelles.

Le pari des Blackhawks de Chicago pouvait paraître risqué de réunir Jonathan Toews et Patrick Kane au sein du même trio, sachant qu'ils allaient avoir le grand Zdeno Chara sur les talons toute la soirée. Or, les deux attaquants-vedettes ont eu le dessus sur le capitaine des Bruins dans la victoire de 6-5 des Hawks, mercredi soir à Boston.

Après le match, Toews a expliqué que son équipe devait éviter de trop respecter Chara et qu'il y avait moyen d'exposer ses limites.

«Nos placements en fond de territoire allaient de son côté ce soir et nous nous assurions d'être toujours plus nombreux là où il allait, a expliqué Toews. Ça impliquait d'aller au filet, de se mettre le nez à l'intérieur de l'enclave et de ne pas se laisser intimider.»

Bref, les Blackhawks ont choisi d'affronter Chara plutôt que de trouver des façons de s'y soustraire.

Vous devinez que les Bruins n'étaient pas d'humeur à propager l'idée...

«Zee [Chara] est l'un des meilleurs défenseurs de la ligue et il ne faut pas trop s'essayer auprès d'un gars si grand et si fort, a prévenu Brad Marchand. Ils peuvent bien dire ce qu'ils veulent, nous allons nous préoccuper de la façon dont on joue.»

Chara s'est retrouvé sur la patinoire pour quatre buts des Hawks, mercredi, et a terminé la soirée à -3. L'entraîneur-chef Claude Julien a jugé qu'il avait été « correct «, tout en ajoutant que sa fiche avait été entachée par les erreurs des autres.

Tout de même, le capitaine des Bruins n'avait pas montré un différentiel de -3 dans un match des séries depuis le 3 mai 2009.

Il reste à savoir si cette nouvelle formule des Hawks est un accident de parcours ou si les Bruins continueront d'en être embêtés dans les deux ou trois prochains matchs...

L'agenda et l'oignon

Cette manière qu'ont les Hawks d'aborder les choses de front se confirme autrement dans cette finale de la Coupe Stanley.

Par exemple, dans leur façon de dicter le rythme des matchs la plupart du temps avec leur vitesse et leur esprit d'initiative. Ils l'avaient fait dans la première rencontre et dans la seconde moitié de la deuxième, et ça s'est vérifié mercredi dans le quatrième match.

Les débuts de rencontres sont particulièrement révélateurs. Ils n'ont pas toujours pris les devants, mais leurs intentions ont mis les Bruins à leur remorque.

«Ils semblent déterminés à sortir en force et à aller chercher le premier but, a constaté l'attaquant Brad Marchand. Il nous faudra contrer cela. En général, on trouve le moyen de ralentir leurs ardeurs, mais ce serait bien si, pour une fois, c'était nous qui exercions la pression en début de match...»

On comprendra les Bruins de vouloir prendre les devants et de déployer dès samedi la même défensive rodée au quart de retour qui avait mystifié les Hawks plus tôt dans la série.

«Notre style, c'est la défense d'abord, a souligné Tyler Seguin. Donner autant de buts ne nous ressemble pas. On ne gagne pas en se lançant dans du va-et-vient comme [mercredi].»

Ça ne date pas d'hier que ce genre de largesse ne leur ressemble pas. Il faut remonter au 22 avril 1996, contre les Panthers de la Floride, pour trouver un match de séries au cours duquel les Bruins avaient cédé six buts!

Ce qui préoccupe les Bruins, c'est de retrouver les fameuses «couches défensives» dont ils parlent souvent, ces couches que l'adversaire doit traverser s'il veut parvenir à obtenir des chances de marquer. C'est l'oignon qui peut finir par faire pleurer l'autre équipe, comme on l'a vu dans le troisième match.

«»Mercredi, nous nous pelions nous-mêmes», a conclu l'entraîneur-chef Claude Julien.