David Aebischer avait 15 ans lorsqu'il a croisé François Allaire pour la première fois, en 1993. Il aspirait à une carrière de gardien professionnel, mais la LNH était un objectif très peu réaliste pour les jeunes gardiens suisses.Un seul compatriote avait atteint la LNH à l'époque: Pauli Jaks... il avait joué deux périodes devant le filet des Kings de Los Angeles en 1972.

«C'était un camp d'une semaine avec François Allaire, se souvient Aebischer. Je ne savais pas à quoi m'attendre. Lundi et mardi, nous ne comprenions rien à ce qu'il nous expliquait. Mercredi, on commençait à assimiler ses enseignements. Jeudi et vendredi, on était désormais convaincu que le papillon demeurait la meilleure façon de garder les buts.»

Le jeune homme se heurtera cependant à beaucoup de résistance à son retour dans son club. «Nos entraîneurs ne voulaient pas qu'on change de style. Ils optaient pour la glissade classique à deux jambières. Ça n'a pas été facile. On me reprochait d'être trop sur les genoux. Mais nous avons terminé au troisième rang du Championnat mondial junior. J'ai même été sélectionné dans l'équipe nationale et repêché par l'Avalanche du Colorado, alors ils n'ont pas eu le choix de me laisser faire. Mais il a fallu des années avant de changer la mentalité de nos entraîneurs.»

Aebischer est devenu en 2000 le premier gardien suisse à jouer régulièrement dans la LNH. Il disputera même deux saisons à titre de gardien nº 1 à la suite de la retraite de Patrick Roy, avant de passer au Canadien de Montréal. Martin Gerber et Jonas Hiller suivront.

«François a apporté un style moderne aux gardiens suisses, dit Aebischer. Et ça a eu un effet boule de neige sur notre hockey en général. Les attaquants ont eu à s'ajuster, car les gardiens devenaient meilleurs et ils se sont améliorés par le fait même.»