Le lock-out dans la Ligue nationale risque de sourire à la Ligue américaine, qui jouira d'une attention inespérée en raison de l'afflux de joueurs de talent.

C'est une situation familière pour Michael Andlauer, devenu actionnaire majoritaire des Bulldogs de Hamilton tout juste avant le conflit de 2004. Cette saison-là, les Bulldogs avaient établi des records d'assistance avec une moyenne de 5793 spectateurs. C'est presque un millier de plus que la moyenne enregistrée l'an dernier (4848), qui a placé les Bulldogs au 20e rang des 30 équipes du circuit.

«Je ne serais pas surpris qu'on atteigne les chiffres de 2004 si le lock-out dure longtemps, avance Andlauer. Le produit sur la glace sera très relevé et les gens du sud de l'Ontario sont avides de hockey.»

Mais Andlauer n'a pas l'air excité outre mesure devant la perspective de revenus additionnels.

«Voir de jeunes joueurs se développer et se préparer à la LNH, voilà la raison principale pour laquelle j'ai cette équipe, insiste-t-il. Ça n'a jamais été une motivation d'ordre économique.»

N'empêche, son club profitera d'une meilleure visibilité. Une entente est en effet survenue entre le réseau Sportsnet et la Ligue américaine pour présenter des matchs tous les samedis soirs durant le lock-out.

«L'intérêt tourne autour des Bulldogs, des Marlies de Toronto et des Wolves de Chicago», précise l'homme d'affaires de 47 ans.

TVA Sports aura par ailleurs un droit de premier refus sur la diffusion de ces matchs au Québec.

Le calendrier des Bulldogs prévoit deux matchs au Centre Bell, en novembre et en février. Il ne faut pas s'attendre à ce qu'il y en ait davantage si le lock-out se prolonge.

«Les fans de Hamilton qui achètent des abonnements de saison et qui verraient des matchs annulés et déplacés à Montréal ne seraient pas contents, soutient Andlauer. On ne peut pas leur faire ça.»

Un nouveau bail à Hamilton

Une prolongation de trois ans du bail liant les Bulldogs au Copps Coliseum n'a pas encore été annoncée, mais ce ne serait plus qu'une formalité. La ville de Hamilton insistait pour se délester de la gestion de l'amphithéâtre et la refiler au privé. Finalement, c'est la firme Global Spectrum - celle-là même qui vient de conclure une entente avec Graeme Roustan pour le GTA Centre de Markham - qui devrait prendre le relais.

Avec ce nouveau bail, Andlauer garantira la survie de l'équipe à Hamilton pour encore quelques saisons.

«J'ai fait la promesse aux fans des Bulldogs, je me suis engagé à ce qu'il y ait du hockey à Hamilton», a insisté l'homme de 47 ans.

Est-ce à dire pour autant que le Canadien y gardera son club-école? Après tout, l'entente d'affiliation liant les Bulldogs au CH arrive à échéance au terme de la présente saison...

Tout dépend de la façon dont avancera le projet de la Place Bell à Laval.

L'amphithéâtre devait être prêt à l'automne 2014, mais cet objectif sera difficile à respecter. La Ville de Laval indique en effet que la procédure d'appels d'offres ne sera pas complétée avant le printemps 2013. Il faudra ensuite prévoir de 18 à 24 mois de construction après la première pelletée de terre.

De la Ligue américaine... ou du junior

Il n'est pas impossible que le Canadien et les Bulldogs renouvellent l'affiliation sur une base annuelle en attendant l'ouverture de la Place Bell. Chose certaine, il est hors de question qu'à l'expiration de l'entente, le Tricolore déménage son club-école dans une autre ville de façon temporaire.

«Ça a tellement bien marché ici, fait valoir Andlauer. Essayez de me trouver un autre endroit où l'équipe pourrait profiter de la même qualité de vestiaire et de gymnase...»

Le jour viendra toutefois où Andlauer devra faire un choix.

En tant qu'actionnaire minoritaire du Canadien, il ne se placera pas en conflit d'intérêts en étant propriétaire d'un club-école autre que celui du Tricolore. Il pourrait alors vendre les Bulldogs à d'autres intérêts de la Ligue américaine.

Une autre voie possible serait de se porter acquéreur d'une équipe de la Ligue junior de l'Ontario qui deviendrait alors le principal locataire du Copps Coliseum.

Mais tout cela est prématuré, soutient Andlauer, pour qui le déménagement du club-école du Canadien à Laval est à l'état de «spéculation».