Gretzky, Fetisov, Kurri, Lemieux, Larionov - ils ont tous foulé la patinoire en même temps afin d'offrir le meilleur hockey jamais joué.

Marcel Aubut entend encore parler du jour où il a transformé le match des étoiles de la LNH en spectacle à saveur internationale.

L'ex-président des Nordiques de Québec fut l'architecte derrière Rendez-vous 87, une série de deux matchs entre les meilleurs joueurs de la LNH et l'équipe nationale soviétique qui a remplacé le traditionnel match des étoiles il y a 25 ans.

L'équipe de la LNH, menée par Wayne Gretzky et plusieurs de ses coéquipiers des Oilers d'Edmonton, a triomphé 4-3 lors du premier match le 11 février 1987. L'Union soviétique, dirigée par Viacheslav Fetisov, Igor Larionov et la jeune sensation Valeri Kamensky, a obtenu sa revanche deux jours plus tard en l'emportant 5-3.

Mais il y avait plus que du hockey de haut niveau.

Il y avait des célébrités, des politiciens, des soupers-bénéfices et des spectacles du Ballet du Bolchoï et du Choeur de l'Armée rouge, tout ça avec en toile de fond le Carnaval de Québec.

«Ce fut absolument audacieux, un peu fou, a relaté Aubut cette semaine. Mais j'ai dit «Faisons-le'.

«Ce que j'aime le plus c'est qu'à chaque match des étoiles où je vais on me dit «Hey Marcel, on espère qu'il y aura un autre Rendez-Vous un jour.» Ça ne s'oublie pas. Ça ne s'oubliera jamais. Même les jeunes aujourd'hui sont au courant de cet événement.»

L'avocat montréalais, désormais président du Comité olympique canadien (COC), est même parvenu à ravir le contrôle de l'événement des mains d'Alan Eagleson, l'ex-directeur de l'Association des joueurs de la LNH désormais en disgrâce. À l'époque, Eagleson était le tsar du hockey international qui impliquait des joueurs de la LNH.

Cela a permis à Aubut de se libérer pour faire un tournoi à sa façon, la plus spectaculaire possible. Il a presque atteint la perfection, et a même engrangé 2 millions $ qu'il a remis à des organismes de charité.

Ce qui a rendu Rendez-Vous 87 si particulier sur la patinoire du Colisée de Québec fut que contrairement à la Série du siècle de 1972 entre le Canada et l'Union soviétique, ou encore les tournois de la Coupe Canada d'Eagleson, cette compétition n'opposait pas un pays contre un autre.

L'équipe de la LNH était majoritairement canadienne, à commencer par Gretzky et Mario Lemieux, mais elle comptait aussi sur les Suédois Ulf Samuelsson et Tomas Sandstrom, les Finlandais Jari Kurri et Esa Tikkanen, ainsi que les Américains Rod Langway et Chris Chelios.

Leur avantage, c'était qu'ils jouaient devant une foule partisane et sur une patinoire répondant aux standards de la LNH.

Pour leur part, les Soviétiques jouaient ensemble pendant la majeure partie de l'année, contrairement à l'équipe de la LNH qui était formée d'éléments provenant des quatre coins de la ligue (même s'il y avait six joueurs des Oilers et qu'il y en aurait eu sept n'eût été d'une blessure au défenseur Paul Coffey).

Gretzky pilotait un trio comprenant ses coéquipiers des Oilers Tikkanen et Kurri, tandis que la première unité en avantage numérique était formée de Gretzky, Mark Messier et Dale Hawerchuk, avec Raymond Bourque et Doug Wilson à la pointe. Les Soviétiques ripostaient avec un trio axé sur la vitesse en Larionov, Sergei Makarov et Vladimir Krutov.

Le premier match était supervisé par un arbitre russe, Sergei Morozov, qui n'a appelé qu'une pénalité (pour trop d'hommes sur la patinoire) contre les Soviétiques, et quatre contre la LNH.

Gretzky a cependant mis la table pour Kurri, et Lemieux pour Glen Anderson, et le Canada a rapidement pris les devants 2-0. Les Soviétiques ont toutefois répliqué par l'entremise d'Alexei Kasatonov et Viacheslav Bykov. Kevin Dineen et Anatoli Semenov ont échangé des buts avant que Dave Poulin ne marque le but victorieux sur une passe de Lemieux, alors qu'il restait 1:15 au cadran.

Le deuxième match, contrôlé par l'arbitre canadien Dave Newell, fut mis en marche lorsque Messier a touché la cible en supériorité numérique à 3:22 du premier vingt, mais les Soviétiques ont dominé la période médiane tandis que Kamesky, qui allait éventuellement jouer pour les Nordiques, brillait en marquant deux buts. Krutov a obtenu l'autre filet des Soviétiques.

L'équipe de l'entraîneur-chef Jean Perron a nivelé la marque par l'entremise de Wilson, mais Semenov a trouvé le fond du filet et Kamensky a repéré Andrei Khomutov, seul, qui a mis le match hors de la portée des représentants de la LNH. Bourque a complété la marque en fin de rencontre.

Gretzky fut nommé joueur par excellence de la LNH et a remporté une voiture. Kamensky fut nommé le meilleur joueur soviétique, et a obtenu une chaîne stéréo. Les Soviétiques auraient empoché 80 000 $, contre 350 000 $ pour le fonds de pension des joueurs de la LNH.