Randy Cunneyworth doit être heureux que le Canadien soit loin de Montréal aujourd'hui. Ça lui permet de s'éloigner quelque peu de la tempête entourant sa nomination.

«Je serai heureux que l'on soit partis si l'on gagne ce soir», s'est-il toutefois contenté de dire.

Les joueurs du Canadien, eux, haussent les épaules devant la tournure politique qu'a prise l'arrivée de Cunneyworth derrière le banc de l'équipe. Ils n'ont remporté que deux de leurs six derniers matchs et leur attention, à l'instar de celle de leur entraîneur, est portée sur le besoin de victoire.

Quant à l'ancien entraîneur du Canadien Claude Julien, il a préféré se tenir loin du débat sur la nécessité que le Tricolore compte ait un entraîneur-chef bilingue.

«Je suis l'entraîneur des Bruins et ce n'est pas à moi de commenter», a-t-il prudemment répondu.

Julien n'est toutefois pas insensible au départ de Jacques Martin. Le Canadien n'arrive pas à prendre son rythme, qui menace de piquer du nez, et l'entraîneur-chef qui écope au milieu d'un branle-bas de combat, c'est un scénario qui lui est familier.

Ça lui est arrivé en janvier 2006 lorsque Bob Gainey l'a mis à la porte.

«Peu importe où tu perds ton poste, ça fait le même dommage. La différence c'est que, dans d'autres villes, ça ne reçoit pas la même attention médiatique. Mais ça fait tout aussi mal.

«Les entraîneurs sont tous fiers de leur travail et ont confiance en leurs moyens. Mais c'est un métier ingrat car l'entraîneur est souvent blâmé pour les insuccès d'une équipe... parce que c'est la chose la plus facile à faire. »

Claude Julien est l'un de ces entraîneurs francophones à qui l'organisation a donné une première chance derrière un banc de la LNH et il est toujours demeuré reconnaissant à l'égard du Canadien.

«Je suis allé à la meilleure école pour être entraîneur, a soutenu Julien. J'ai appris à Montréal à gérer la pression et c'est pourquoi en arrivant à Boston, où les Bruins n'avaient pas gagné la Coupe en 39 ans, j'ai pu y faire face beaucoup mieux.»

De bons mots pour Cunneyworth

Randy Cunneyworth se voit lui aussi confier par le Canadien la barre d'une équipe de la LNH pour la première fois de sa carrière.

Des joueurs des Bruins ont eu l'occasion de jouer sous sa direction, dont Daniel Paillé, qui a été formé dans l'organisation des Sabres de Buffalo, où Cunneyworth a oeuvré pendant six ans.

«J'ai entendu dire que Randy faisait un bon adjoint mais, quant à moi, je l'ai beaucoup aimé comme entraîneur-chef, a mentionné Paillé. Je l'ai eu pendant deux ans et demi avec les Americans de Rochester et c'est un gars que les joueurs respectaient parce que nous avions tous le sentiment qu'il savait bien traiter ses joueurs.

«Au plan technique, il assurait le prolongement du système des Sabres, s'est souvenu le Franco-ontarien. Mais c'est un entraîneur qui laissait ses bons joueurs jouer.

«Durant le lock-out, plusieurs joueurs étaient destinés à la LNH l'année suivante et il nous a aidé à nous y préparer.»

Cunneyworth a quitté la Ligue américaine pour se joindre aux Thrashers d'Atlanta en tant qu'entraîneur-adjoint. C'est là que Rich Peverley a fait sa connaissance.

«Il m'est toujours apparu comme un entraîneur qui en connaissait beaucoup, qui travaillait fort et qui avait à coeur l'amélioration de l'équipe, s'est souvenu Peverley. Il en faisait une affaire personnelle.

«Il travaillait beaucoup à nous améliorer en infériorité numérique et semblait avoir des exercices pour à peu près tout, ce qui était plaisant.»