Sidney Crosby n'est pas ici, mais en marchant dans les rues de Raleigh en ce week-end du match des Étoiles de la LNH, on a un peu l'impression qu'il est ici malgré tout.

On voit son portrait peint dans les vitrines des magasins du centre-ville. On voit sa photo sur des affiches. Au Fan Fair, une exposition pour les partisans présentée au centre des congrès de Raleigh, des marchands vendent des dizaines et des dizaines de chandails, de photos et de cartes du fameux numéro 87.

Mais Sidney Crosby n'y est pas.

La raison principale de cette absence, évidemment, se résume en deux mots: commotion cérébrale. Ce qui mène inévitablement à quatre autres mots, sans doute les mots les plus en vogue cette saison dans la LNH: coups à la tête. Il y avait bel et bien une ambiance de fête hier soir au centre des congrès de Raleigh, lieu du repêchage spécial en vue du match des Étoiles, mais il y avait tout de même cet absent de taille. Et des questions. Des questions sur ces fameux coups à la tête, et sur ce que la LNH devrait faire pour les enrayer pour de bon.

Les opinions diffèrent, et même les joueurs ne sont pas certains d'avoir les bonnes solutions. «Je crois que la LNH s'en va dans la bonne direction à ce sujet, a commencé par dire l'attaquant Martin St-Louis, du Lightning de Tampa Bay. Maintenant, chaque coup est suivi de près et avec beaucoup d'attention par les médecins des équipes. Mais peut-être qu'il faudrait que la politique des coups à la tête soit plus claire. De toute façon, ce n'est pas évident; dans le feu de l'action, souvent, les joueurs se retrouvent dans des positions vulnérables.»

Comme Martin St-Louis, Patrick Kane croit lui aussi que la LNH est sur la bonne voie. «C'est mieux qu'avant, a répondu l'attaquant des Blackhawks de Chicago. La plupart des gars ne sont pas là pour essayer de blesser un adversaire. Il y a des coups à la tête, ça arrive, mais souvent, ce n'est pas voulu. C'est dommage pour Sidney Crosby, c'est un grand nom qui n'est pas ici. Je me sens mal pour lui, j'aimerais mieux qu'il soit ici avec nous.»

La LNH aimerait elle aussi que sa supervedette y soit. C'est pourquoi les gouverneurs de la Ligue et le commissaire Gary Bettman vont discuter du problème des coups à la tête lors de la réunion des gouverneurs, ce matin à Raleigh.

Selon Martin St-Louis, ce ne sont pas seulement les dirigeants de la Ligue qui doivent se pencher sur ce problème.

«Les joueurs aussi doivent y penser, peut-être qu'il pourrait y avoir un peu plus de respect sur la glace, a-t-il ajouté. On peut y faire quelque chose, je pense.»

Ajustement

Sidney Crosby ne sera donc pas au match des Étoiles demain, mais au moins, il a repris l'entraînement. C'est déjà mieux que Marc Savard, des Bruins de Boston, dont la carrière semble encore menacée, ou mieux que David Perron, l'attaquant des Blues de St.Louis, qui n'a pas joué depuis le début du mois de novembre à la suite d'une violente charge de Joe Thornton, des Sharks de San Jose. «Le problème, c'est que la ligne est très mince entre le jeu agressif et la violence, a noté l'entraîneur des Canucks de Vancouver, Alain Vigneault. Notre sport est un sport qui est très physique. Ça va vite, les joueurs sont de plus en plus rapides. Mais en même temps, si la LNH veut en faire plus, je suis sûr que les joueurs vont être capables de s'ajuster. Ils se sont ajustés quand est venu le temps d'éliminer l'accrochage.»

Certains ont avancé l'idée de patinoires plus grandes afin de réduire le nombre de collisions sur la glace, mais Alain Vigneault n'y croit pas.

«Les patinoires sont plus grandes en Europe, a conclu l'entraîneur des Canucks. J'ai vu des matchs des ligues européennes, et il y avait autant de coups à la tête que dans la LNH. Les patinoires plus grandes, ce n'est pas une solution.»