Ce n'est pas pour demain. Pour après-demain non plus. Mais Guillaume Latendresse ne met pas une croix sur un éventuel retour à Montréal, dans l'uniforme du Canadien. «Je ne reviendrais pas tout de suite. Mais à 27 ou 28 ans, avec plus de maturité, après avoir vécu d'autres choses dans la LNH, je crois que je serais plus en mesure d'affronter la pression», a lancé Latendresse, dimanche midi, devant un groupe de journalistes qui l'encerclaient à la sortie du vestiaire du Wild.

Le jeune attaquant de 23 ans a fait cette déclaration surprenante au lendemain de sa sortie de La Presse, sortie par le biais de laquelle il dénonçait l'attitude des partisans qui ont pris à partie Carey Price mercredi dernier lors d'une sortie difficile face aux Bruins de Boston.

Interrogé sur cette question encore dimanche, Latendresse a maintenu son appui à l'endroit du jeune gardien du Canadien.

«C'est vrai que Jaroslav Halak a fait de grandes choses pour le Canadien en séries l'an dernier. Mais il faut donner la chance à Carey de réussir également. Il n'a que 23 ans et je suis convaincu que Carey peut faire autant que Halak l'an dernier. Peut-être même plus», a ajouté Latendresse.

Pourquoi revenir?

Pourquoi revenir dans l'enfer de Montréal, surtout pour un Québécois, alors qu'il profite d'une vie de hockeyeur beaucoup plus paisible avec le Wild au Minnesota.

«Montréal, ça demeure Montréal. Je n'ai rien à dire contre les partisans si ce n'est qu'ils pourraient être derrière leur équipe au lieu de huer leurs joueurs. Pour le reste, c'est un endroit particulier où tu vis des hauts fantastiques quand ça va bien. Mon problème, c'est que les bas étaient plus fréquents et que je n'arrivais pas à m'en sortir. Tu as beau dire que tu fais abstraction de ce qui se dit et s'écrit sur toi, mais quand tu vas au dépanneur pour acheter un paquet de gomme, tu ne peux pas faire autrement que voir les manchettes qui te sautent au visage avec des titres: le Canadien déclassé. Ça frappe.»

Bien qu'il ait connu sa part d'épreuves au cours de son séjour de trois saisons et demie à Montréal, c'est à son retour dans le camp ennemi que Latendresse a eu le plus mal.

Lors de sa première visite dans l'uniforme du Wild, Latendresse ne s'attendait pas à être traité en paria par ses anciens partisans qui l'avaient copieusement hué.

S'il a qualifié de «difficile» ce premier match dans les pages de La Presse samedi, un membre de sa famille qui assistait à l'entraînement du Wild dimanche a indiqué que cette réaction massive lui avait carrément «scié les jambes.»

Mieux préparé

Latendresse, qui avait très hâte de quitter les journalistes pour aller prendre son fils Hayden dans ses bras, appréhendait un peu ses retrouvailles avec les partisans.

«Penses-tu qu'ils m'ont oublié? On verra. Je suis mieux préparé que l'an dernier cela dit. C'est le fun d'être ici. Surtout que je n'ai pas vu mon bonhomme depuis que je suis parti pour le camp il y a trois semaines», racontait Latendresse qui était attendu par fiston, sa compagne Annie Villeneuve, ses parents et ses grands-parents.

Il ne manquait que son frère Olivier, qui a tenté sa chance au sein de l'organisation du Canadien il y a deux ans. Mais l'aîné de la famille est maintenant en Allemagne où il prolonge sa carrière de hockeyeur en découvrant les charmes de l'Europe.

Après un début de saison atroce avec le Canadien l'an dernier (2 buts, 3 points en 23 matchs), Latendresse s'est bien repris au Minnesota. Ses 25 buts et 37 points récoltés en 55 rencontres ont sauvé la mise et donné raison au Wild de l'avoir acquis en retour de Benoit Pouliot.

À l'aube de sa deuxième saison, Latendresse tient à reprendre là où il a laissé. «Je n'ai pas de rancoeur à l'endroit du Canadien et ce n'est pas le désir de prouver qu'ils se sont trompés sur mon compte qui me motive. Je suis un marqueur de buts. Je veux donc en marquer et aider mon équipe à gagner. Pour le moment, je ne joue pas le hockey que je voudrais. Je vais prendre les bouchées doubles. Nos partisans sont moins impatients qu'à Montréal et ils sont toujours derrière le club. Mais après 10 ans, ils veulent un club gagnant. C'était la première fois l'autre soir qu'on ne jouait pas devant des gradins remplis. Il faut leur donner ce qu'ils attendent», a conclu Latendresse.