Le nouvel entraîneur du Lightning de Tampa Bay, Guy Boucher, a déjà un allié de taille dans le vestiaire: le capitaine Vincent Lecavalier.

L'attaquant de 30 ans était fébrile au bout du fil, hier après-midi. Il y a longtemps que je l'avais senti aussi enthousiaste. «C'est vraiment incroyable ce qui se passe depuis quelques semaines à Tampa. Ça commence par le nouveau propriétaire (Jeffrey Vinik) puis l'embauche du directeur général Steve Yzerman, un gars respecté de tous, un des plus grands capitaines de l'histoire dans une organisation que tout le monde cherche à imiter. J'étais déjà heureux juste avec ces deux-là et maintenant Guy Boucher, c'est un peu la cerise sur le sundae.»

Lecavalier a joué pour de piètres communicateurs au fil des ans. On chuchote même à Tampa que le plus récent entraîneur, Rick Tocchet, avait du John Tortorella dans le nez. Il pouvait passer trois semaines sans même adresser la parole à son capitaine. «Je ne veux pas revenir dans le passé, a dit Lecavalier. Guy Boucher, j'en entends tellement parler en bien depuis des années. C'est un jeune coach avec de nouvelles idées, un gars qui communique avec ses gars. Qu'on soit dans le premier ou le quatrième trio, Guy parle à tout le monde. Pour moi, personnellement, je veux communiquer avec l'entraîneur, savoir ce qu'il attend de moi, qu'il me dirige, comme un entraîneur devrait le faire. Il y a «d'anciens» entraîneurs qui font sept ou huit équipes différentes depuis 15 ans. Il faut de nouvelles idées.»

Lecavalier affirme qu'il se chargera du comité d'accueil. «Les gars vont sûrement vite l'adopter. Ses succès depuis deux ans lui ont permis de gagner le respect de beaucoup de gens et si Steve Yzerman l'a embauché, c'est parce qu'il était le meilleur et le plus convoité de toutes les équipes. Pour qu'un système de jeu fonctionne, il faut que les joueurs aient confiance en l'entraîneur et ça part du capitaine, des leaders du club comme Martin (St-Louis) et (Steven) Stamkos et moi je suis à 100% derrière Guy Boucher. Il n'a peut-être pas joué dans la LNH, c'est un entraîneur recrue, mais partout où il est passé, il a gagné. Il faut entendre ses anciens joueurs parler de lui. C'est un gars très intense, dur avec les gars, mais il les respecte.»

Présenté aux médias de Tampa hier matin, Guy Boucher a avoué avoir très hâte de commencer. «Nous avons une bonne base sur laquelle bâtir», a-t-il déclaré, assis à la gauche de son nouveau patron Steve Yzerman.

Boucher a parlé d'une chimie avec Yzerman. «J'ai choisi Tampa en raison de la réputation de M. Yzerman mais aussi, surtout, parce que la ligne directrice entre le propriétaire, le directeur général et moi-même semble claire. Nous partageons les mêmes valeurs.»

L'entraîneur québécois, qui a pris la peine de remercier le Canadien en français au cours de son allocution, a déclaré qu'il n'allait pas imposer un système de jeu à ses hommes. «Je dirige d'abord des joueurs, et c'est ma priorité. Il y a 24 joueurs, donc 24 façons de procéder. Mon système de jeu change à chaque année, je m'ajuste au personnel en place. Avec des Lecavalier, des St-Louis et des Stamkos, il est évident que nous aurons un style rapide et offensif.»

Malgré des rumeurs d'échange, il semble déjà acquis que Lecavalier fasse partie des plans à long terme du Lightning. Yzerman a tenu à rassurer son capitaine lors d'un meeting dans un hôtel de Montréal (une visite qui a sans doute permis au DG de rencontrer également Guy Boucher) la semaine dernière.

«Je ne savais pas à quoi m'attendre de cette rencontre mais j'en suis ressorti très heureux, a confié Lecavalier. On a parlé quand même longtemps. Je ne me suis pas senti comme ça depuis deux ans. J'étais motivé au maximum. Il m'a dit qu'il avait confiance en moi comme leader, il savait que j'avais eu deux années assez difficiles. Il veut que je sois moi-même, pas quelqu'un que je ne suis pas. Il me rappelait que lui, à titre de capitaine, n'était pas un gars qui cassait des bâtons dans le vestiaire, mais il montrait son leadership sur la glace. Il veut la même chose de moi. Qu'on soit dans la Ligue depuis un an ou 12 saisons, on se sent bien quand on a la confiance de nos patrons. Il m'a rassuré au sujet des échanges et je le crois. C'est quelqu'un d'honnête.»

Ni Lecavalier ni Yzerman n'ont abordé la délicate question des Jeux olympiques. «Je pensais peut-être qu'on en aurait parlé mais une fois le meeting terminé, ça ne m'avait même pas traversé l'esprit. Il était avec l'équipe du Canada, il avait de très bons joueurs à choisir. Oui, j'étais frustré de ne pas faire partie de cette équipe-là, j'aurais voulu gagner la médaille d'or, mais c'est fini. Je suis content qu'il soit à Tampa et d'avoir entendu ce que j'ai entendu. Il ne veut pas faire 50 000 changements en 10 jours, il pense à long terme, repêcher de bons joueurs, un peu comme à Detroit.»

Le Lightning devrait être excitant à suivre.