La tentation était forte de savourer un peu plus longtemps la performance de Jaroslav Halak. Après tout, il a repoussé 53 rondelles en temps réglementaire lors du sixième match, ce qui constitue un record d'équipe en séries.

Seuls Tom Barrasso (Pittsburgh), auteur de 56 arrêts contre les Panthers de la Floride en 1996, et Jiri Crha (Toronto), qui avait repoussé 55 tirs des North Stars du Minnesota en 1980, ont arrêté plus de caoutchouc que Halak en 60 minutes de hockey des séries.

Et encore là, Barrasso et Crha avaient accordé respectivement cinq et six buts...

«On s'attend à rien de moins de Jaro à chacun de ses matchs, a badiné Scott Gomez. Il n'a aucune pression!»

Oui, la tentation de surfer sur la victoire de lundi était forte.

Un collègue anglophone a même demandé à quelques joueurs si les exploits de Halak marqueraient l'imaginaire des plus jeunes partisans qui n'ont pas connu Patrick Roy avec le Canadien.

Seul problème : cette formidable prestation perdra de sa valeur si le Tricolore ne parvient pas à remporter la série.

«Il n'y a pas de doute que Jaro a connu une grande performance, a concédé Jacques Martin. Mais la clé est de tourner la page et de se préparer en vue du prochain match.

«Car en tant que groupe, nous savons que nous devons être un meilleur adversaire.»

Moins de pénalités

Que doit faire le Tricolore pour ne pas avoir à s'en remettre autant à son gardien?

«Si l'on dissèque le match de lundi, on voit que la différence a surtout été sur les unités spéciales, a répondu Martin.

«Plus de la moitié des chances de marquer des Capitals ont été créées en avantage numérique. À cinq contre cinq, nous étions nez à nez.

«Ce sera donc important d'éviter le banc des pénalités.»

Les Capitals ont beau n'avoir marqué qu'un seul but en 30 supériorités numériques au cours de cette série, ce n'est pas le temps de réveiller la bête.

«Ils créent déjà assez de choses à forces égales; si on leur donne trop d'opportunités en avantage numérique, ils vont avoir plusieurs chances, a rappelé Michael Cammalleri.

«Notre unité d'infériorité numérique a fait de l'excellent boulot, mais je pense qu'en restant loin du banc des punitions, on va rendre la vie plus difficile aux Caps.»

La pression sur les Capitals

Parmi tous les joueurs qui seront en uniforme, aucun n'a plus l'expérience des septièmes matchs que Scott Gomez. Et il a remporté quatre des six matchs qu'il a disputés dans ces circonstances.

Jacques Martin, lui, s'est incliné quatre fois avec les Sénateurs d'Ottawa et n'a jamais gagné de match ultime...

«Je suis très fier de nos joueurs, de leur détermination et de l'effort qu'ils y ont mis pour nous donner une chance de gagner», a mentionné l'entraîneur au terme d'une courte réunion d'équipe, mardi midi.

«C'est une série exceptionnelle avec du hockey excitant. C'est fantastique pour les fans.»

Sur 129 séries ayant atteint le septième match, 80 ont été remportées par l'équipe à domicile, soit 62%.

Puisque la série se conclut à Washington, est-ce à dire que les Caps sont favoris?

Compte tenu des attentes placées en eux, et du fait qu'ils viennent de voir le Tricolore effacer le déficit de 3-1 qu'il avait dans la série, rien n'est moins sûr. «La pression a toujours été sur les Capitals, a insisté Cammalleri. Ce sont eux qui sont supposés gagner la Coupe Stanley. Mais ils doivent nous battre demain soir avant de la gagner.

«De notre côté, l'objectif est d'aller là-bas, jouer avec du plaisir, et essayer de détrôner la première équipe. C'est le fun de faire ça.»

«Nous avons gagné les deux derniers matchs. Nous allons continuer dans la même veine.»

Tout le monde à bord

Tout le monde a pris l'avion vers la capitale américaine, mardi après-midi.

Et quand on dit tout le monde, ça signifie non seulement le gourmeux Jaroslav Spacek, mais même Paul Mara, dont la saison est pourtant terminée.

Dans le cas de Spacek - qui a patiné en compagnie de Sergei Kostitsyn, Mathieu Darche, Ben Maxwell et Carey Price avant la rencontre d'équipe - son cas continue d'être réévalué quotidiennement.

Cela fait maintenant une semaine que le vétéran tchèque n'a pas pratiqué avec ses coéquipiers en raison d'un virus persistant.

Son état de santé est-elle la seule raison qui justifie son absence?

Jacques Martin n'a pas voulu nous éclairer à ce sujet.

Mais cela importe peu, au fond.

Il ne reste plus grand-chose à dire, il ne reste qu'à jouer le match.

Le Tricolore devait s'assurer que sa préparation était à point et qu'il serait en mesure de livrer mercredi sa meilleure rencontre.

À partir de là, comme le disait Bill Walsh, l'ancien coach des 49ers de San Francisco, «the score takes care of itself».

Photo: François Roy, La Presse

Michael Cammalleri