Un confrère qui se trouvait au Centre Bell, mardi soir, raconte sur son blogue que dans les présentations d'avant match, des huées à l'égard de Andrei Kostitsyn, Guillaume Latendresse ainsi que pour quelques autres joueurs du Canadien ont été entendues quand sur le tableau indicateur, à tour de rôle, la photo de chacun est apparue.

À la télévision en tout cas, on s'est vite aperçu que la foule en ce méchant mardi ne pardonnerait rien au Canadien. Pas après la dégelée subie à Nashville. Surtout que leurs adversaires, les Hurricanes de la Caroline, sont considérés comme la risée de la ligue actuellement.

Mais devant le jeu échevelé du Canadien, ce qui devait arriver, arriva.

Quand les Canes ont porté la marque à 2-2 à la septième minute de jeu de la deuxième période, à la suite d'un autre cafouillage épouvantable du Canadien dans sa zone, des centaines d'amateurs, peut-être même des milliers, ont largement manifesté leur dégoût en chahutant.

Il a fallu attendre le but du bel Andrei en fin de troisième période pour ne plus entendre comme Bob Gainey a déjà étiqueté les amateurs qui se plaisaient par le passé à houspiller le beau Patrice.

La question à mille sous maintenant: pourquoi afficher autant de mépris pour une équipe qu'on aime tant ?

Ras-le-bol généralisé ? Ou, statistiques à l'appui, le fait de réaliser, mi-novembre à peine, que le Canadien forme encore cette année une équipe pas sérieuse pour deux sous?

Prenons le cas des revirements. Avant le match de mardi, les joueurs du Canadien en avaient commis 116. C'est 15 de plus que les Oilers, 29e de la ligue à cet égard. Quant aux 28 autres équipes, elles sont toutes sous la barre des 80 revirements commis.

Bon, les revirements, les revirements, on ne viendra quand même pas fou avec ça. Permettez-moi de vous repasser la cassette. Le Canadien compte 11 nouveaux joueurs, de nombreux blessés et ils sont encore à peaufiner un nouveau système de jeu. Laissons-leur donc encore un peu de temps. Comme le souligne Jacques Martin, l'important c'est de progresser et de continuer à bien respecter l'éthique de travail imposée...

Blague à part, moi je veux bien faire preuve de patience, mais du progrès jusqu'à maintenant, après 21 matches, je n'en vois point, pas même l'ombre de la queue du moindre petit progrès. En voyez-vous, vous autres ?

Cela dit, quels sont les autres irritants qui pourraient inciter des centaines d'amateurs à huer leur équipe ?

Le jeu mou ? Le peu de mises en échec distribuées ?

Le Canadien est 27e sur 30 équipes à ce chapitre. Là, j'avoue que ça fait un peu dur, surtout pour une équipe que Gainey a voulu costaude et robuste à la ligne bleue. Mais je le répète, et la chanson vous la connaissez aussi, nos petits chéris sont à roder leur nouveau système de jeu et tout cela semble bien compliqué. En zone défensive, ils ont tant et tant à penser qu'ils en oublient de frapper. Ne vous découragez pas, ça viendra. Comme le souligne à tout coup Jacques Martin, suffit juste de conserver une bonne éthique de travail, de continuer à trimer dur et de progresser.

Au sujet du Canadien, au Québec présentement, chez les professionnels du sport, deux écoles de pensées s'affrontent.

Il y a les Jacques Demers de ce monde qui avancent que Jacques Martin est l'homme de la situation et qu'en entraîneur ultra chevronné et ultra aguerri qu'il est, il finira bien par sortir son équipe du bourbier dans lequel elle est enlisée.

Et puis, il y a ceux qui comme Michel Bergeron affirment que chez le Canadien tout est croche, vraiment tout croche et qu'il n'y a pas grand-chose à faire.

En l'absence de véritables joueurs de talents, c'est vrai que chez le Canadien il n'y a pas grand-chose à faire. Les joueurs, nouveaux comme anciens, ceux qui sont partis comme ceux qui sont restés, ont à peu près tous été mal évalués.

Cela dit, Jacques Martin doit-il s'entêter à tenter de mettre en place un système de jeu qui de toute évidence ne fonctionne pas et sied fort mal aux joueurs qu'il dirige, comme en font foi les 54 lancers accordés aux Predators de Nashville, samedi dernier ? Poser la question c'est y répondre.

Au fait, pourquoi le système de jeu du Canadien en territoire défensif est-il aussi inefficace ?

Répondez.

Tout simplement parce qu'il exige du groupe de joueurs appelés à l'appliquer des qualités que les hommes de Jacques Martin ne possèdent tout simplement pas. Les défenseurs du Canadien n'ont pas la mobilité, la finesse, l'habileté, bref le talent, pour pratiquer ce que j'appellerais l'ultra trappe. Petit exemple : un Paul Mara ou un Hal Gill qui se retrouve en possession de la rondelle derrière son filet et qui voit se dresser devant lui neuf joueurs (cinq adversaires, quatre coéquipiers) qui patinent à toute vitesse à l'intérieur même de la ligne bleue, avouez que, encombré comme c'est, ça devient vite compliqué. Au point, comme en témoigne le nombre effarant de revirements commis, d'en devenir étourdissant. Neuf joueurs qui tournoient devant vous à toute vitesse dans un territoire restreint par surcroît, force est d'admettre qu'il y a de quoi à en perdre son latin. Un défenseur a besoin d'être drôlement rapide et précis pour refiler la rondelle à un coéquipier à moitié découvert tellement tout ce qui s'y trouve bouge et forme un ensemble tellement, mais tellement enchevêtré.

On m'a toujours enseigné que pour qu'une attaque se mette rapidement en branle, il fallait ouvrir le jeu, pas le refermer. Tant et aussi longtemps que les joueurs du Canadien, à tous coups, seront forcés de se retrancher à cinq en zone défensive, les défenseurs, soirs après soirs, accumuleront des montagnes de revirements.

Aux chahuteurs maintenant, petit conseil : comme il est très mal vu de huer le Canadien au Centre Bell, n'attendez pas que Monsieur Gainey se fâche à nouveau et se mette à vous invectiver comme il l'a déjà fait dans le cas de Patrice Brisebois.

Pour tout vous dire, mes amis, aux partisans tannés de se faire ridiculiser, au lieu de chahuter l'équipe que vous aimez tant, munissez-vous de sacs en papier et enfilez-vous en un sur la tête.

Comme je serais surpris que Gainey pousse l'indécence jusqu'à vous obliger à les enlever, le message cette fois finira peut-être par passer.

Allez, on n'est pas des lâcheux pour autant. Tous ensemble, à l'unisson comme on dit: Go Habs Go ! Go Habs Go...