Les blessures et les performances au camp d'entraînement ont brouillé le portrait d'ensemble à la ligne bleue du Canadien, si bien que Jacques Martin est ouvert à démarrer la saison avec huit défenseurs.

Roman Hamrlik, qui n'a pas disputé une seule rencontre préparatoire, a participé à un premier entraînement, hier, mais il se dit à seulement 60% de ses capacités.

«J'ai eu une bonne grippe, mais ce n'est pas la H1N1», a précisé l'arrière de 35 ans.

«À mon âge, c'est moins bon de rater une partie du camp d'entraînement. Déjà que je ne suis pas le plus rapide, j'ai peur de manquer de rythme en début de saison.»

Paul Mara, de son côté, n'a joué qu'un match jusqu'ici, et il se croise les doigts pour être en uniforme ce soir face aux Bruins de Boston.

«J'aurais voulu créer une forte impression au camp, mais je dois aussi m'occuper de moi pour éviter une absence à long terme», a indiqué Mara à propos de sa blessure au bas du corps.

Bref, avec deux vétérans qui ne sont pas au sommet de leur forme, les expériences continuent - avec en tête Ryan O'Byrne et Mathieu Carle, qui connaissent un bon camp, et Yannick Weber pour qui les choses vont couci-couça.

«Je suis vraiment heureux d'être encore ici, c'est une chance pour moi», a d'ailleurs lâché Weber, qu'on n'accusera jamais d'avoir tenu sa place pour acquise.

Avantage O'Byrne

Les trois jeunes loups partagent le même atout, celui d'être droitiers. Tous les autres défenseurs au camp sont gauchers.

Mais alors, qu'est-ce qui les départagera?

«En fonction de la composition de notre équipe, on doit évaluer ce que chaque individu apporte et déterminer de quel élément on a le plus besoin», a répondu Jacques Martin.

«Weber est un défenseur qui déplace bien la rondelle et qui se spécialise dans l'avantage numérique, alors que Ryan est du type plus défensif, plus costaud et plus physique.»

Une multitude de facteurs militent en faveur de O'Byrne.

Il connaît un meilleur camp que Weber.

Martin l'avait dans sa ligne de mire quand il était DG des Panthers de la Floride.

Le Canadien doit le soumettre au ballottage s'il veut le céder aux mineures, ce qui n'est pas le cas de Weber.

Et les défenseurs du top 6 les plus vulnérables à sauter leur tour de temps à autre (Gill et Mara) ont des mandats semblables au sien.

Huit défenseurs?

Weber, lui, reconnaît que le camp de cette année représente un défi plus imposant pour lui.

«L'an passé, c'était mon premier camp professionnel et je n'avais rien à perdre, a-t-il dit. Et j'ai terminé la saison en jouant en avantage numérique avec des gars comme Kovalev et Markov.

«Maintenant, l'entraîneur s'attend à plus de ma part.»

Cet automne, Weber a tenté d'apporter certains ajustements à son jeu défensif, mais il a semblé du même coup délaisser ses instincts offensifs.

«Mais à mon dernier match, j'ai essayé de jouer mon style et celui que l'entraîneur veut que je joue», a-t-il cependant noté.

Le jeune Suisse est sûrement de ceux qui aimeraient que le Tricolore garde huit défenseurs en début de saison. Mais l'idée de l'entraîneur n'est pas faite à ce sujet.

«Va-t-on garder sept ou huit défenseurs? Je ne le sais pas encore», a souligné Jacques Martin.

«On procède encore à des évaluations, mais on a des joueurs blessés ou qui ne sont pas à 100%, alors on se sert de tout notre personnel.»

Moins de risques

Ironiquement, le joueur que Weber a supplanté dans la hiérarchie de l'équipe l'an dernier est encore au camp parce qu'il a lui-même réussi des ajustements à la ligne bleue.

Mathieu Carle, qui était un défenseur strictement offensif dans les rangs juniors, explique qu'il a diminué le niveau de risque dans son jeu.

«Il y a très peu de défenseurs entre 20 et 25 ans qui sont strictement offensifs et qui arrivent à rester dans la Ligue nationale, a observé Carle.

«Les défenseurs plus expérimentés finissent par réduire le niveau de risque dans leur jeu. Ils ne cherchent pas à tout prix à marquer en fin de match.

«D'ailleurs, on me le reprochait autrefois, de sorte que je ne jouais pas en fin de match.»

Quoi qu'il arrive, Carle aura profité de ce camp d'entraînement pour reprendre du galon au sein de l'organisation.