Les fans dans le Centre Bell se sont mis à scander le nom de Louis Leblanc avant même que le Canadien soit en mesure de le repêcher. La commande était ferme. Style, ça fait assez longtemps que vous nous niaisez, celle-là, on le prendrait pas!

Bob Gainey a fait plaisir aux fans et a donc choisi le jeune Leblanc. Un attaquant droitier qui patine bien et est combatif dans tous les aspects du jeu. Même en fusillade, il fonce à toute vitesse vers le gardien.

 

Mais il n'a que 18 ans et c'est difficile de prévoir ce que ça va donner dans trois ou quatre ans.

Le meilleur texte que j'ai lu sur Leblanc avait été écrit en août dernier par François Ferland, aujourd'hui à ruefrontenac.com. Double F, comme ses amis le surnomment, avait couvert une cérémonie où le jeune Leblanc avait reçu le trophée Daniel Brière dans le Midget AAA.

Son père expliquait que le jeune garçon avait décidé à 15 ans que c'est aux États-Unis qu'il ferait son chemin vers une carrière professionnelle. Que selon lui, c'était la meilleure façon de concilier les études et le hockey. Il ajoutait que les exigences de la Ligue junior majeur du Québec étaient trop grandes pour qu'un jeune puisse étudier sérieusement.

Il s'est retrouvé avec les Lancers d'Omaha, une équipe junior propriété de Luc Robitaille entre autres. Il a brillé et il a pu étudier.

Dans quelques semaines, il va prendre le chemin de Harvard. C'est une des grandes universités au monde. Même les anciens chefs du PQ vont y chercher un certificat quelconque pour avoir l'air sérieux.

Harvard n'est pas une puissance dans le hockey universitaire, mais est-ce qu'on s'en sacre. Louis Leblanc va avoir la chance de fréquenter un endroit de haut savoir dans un contexte fabuleux. Quand le Canadien logeait à Cambridge, un petit détour à Harvard me faisait rêver. L'UQAC c'est bien, Harvard c'est mieux.

Au mieux, les fans vont avoir droit à un joueur de hockey de haut niveau avec une tête solide sur les épaules. Sinon, il y aura toujours un cabochon pour jouer à sa place. De toute façon, si ça se passe bien, Louis Leblanc fera une belle carrière. Sur la glace ou ailleurs. On peut seulement souhaiter que c'est le Québec qu'il fera profiter de ses talents. On a cruellement besoin de jeunes comme lui.

Juste un mot à propos de la sélection de Louis Leblanc. Il ne faudrait pas que son repêchage en première ronde soit vu comme une concession «nationaleuse» par le Canadien. Ce serait insultant. Ce que ça veut dire, j'espère, c'est que Trevor Timmins, Bob Gainey et Pierre Boivin ont compris qu'ils avaient la responsabilité de mieux couvrir le hockey québécois. Pour diverses raisons qui au bout du compte favorisent l'organisation. Peut-être que ça leur a pris 10 ans à comprendre, mais mieux vaut tard que jamais. Surtout avec l'entrée en scène d'un nouveau propriétaire.

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Parlant de nouveaux propriétaires, je voudrais souhaiter la bienvenue aux analystes de hockey de RDS dans la grande famille du Canadien. Vous savez sans doute que Thomson et BCE sont maintenant propriétaires du Canadien. Ils sont également de gros actionnaires de CTVglobemedia, qui détient RDS. Gerry Frappier et Pierre Boivin vont maintenant se parler d'égal à égal. C'est quand même génial, les journalistes, analystes et commentateurs de RDS font maintenant partie de la même équipe. Même plus besoin de faire accroire. C'est le pied total.

Et les fefans qui trouvent que les médias en beurrent trop épais avec le Canadien et exagèrent dans leur couverture, devront réfléchir un peu. Toutes les folies qu'ils entendront sur le réseau du Canadien serviront les intérêts des mêmes propriétaires: BCE et Thomson.

J'ai mauditement hâte de connaître la répartition de l'actionnariat du Canadien. J'espère seulement que les Molson sont majoritaires et que le contrôle de l'équipe, après avoir été déporté à Denver, n'est tout simplement pas rendu à Toronto.

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C'est la dernière édition dominicale de La Presse que vous tenez entre vos mains. Ça fait toujours de la peine mais en réalité, il y a déjà eu une Presse imprimée six jours par semaine. J'ai vu arriver la septième édition de la semaine un peu avant Thriller de Michael Jackson. Ça va disparaître le même week-end. Quand j'ai commencé à La Presse, on publiait six fois par semaine et c'était bien correct comme ça. Je couvrais le match du samedi soir du Canadien au Forum, on prenait l'avion pour se rendre à Detroit ou Boston dans la nuit et je préparais un texte adapté à la réalité du dimanche avant le match du soir.

Aujourd'hui, tout va se retrouver en plus sur Cyberpresse.

Mais il ne faut oublier que si Cyberpresse est un site d'information aussi exceptionnel, c'est par La Presse que tout passe. C'est le journal qui paye 1600$ par semaine un journaliste pour enquêter et dénicher les bonnes histoires. Sans ces journalistes qui s'appuient sur un encadrement professionnel en béton, Cyberpresse serait un site plus ou moins crédible comme il y en a des milliers. Et je frissonne quand j'imagine comment se comporteraient les gouvernements et les multinationales sans des organes de presse indépendants pour assurer le quatrième pouvoir. Si vous trouvez que les médias sont trop présents, faites l'effort d'imaginer le contraire. Vous allez avoir une idée à quel point vous allez vous faire arnaquer, pour employer un mot poli.

Tout change. À mes premières années à La Presse, on avait la semaine de travail de cinq jours. Honnêtement, c'était pas si pire que ça. Aujourd'hui, on est sur le gun sept jours sur sept. Gros progrès. Quand je pense qu'on parlait de la société du loisir...

Quand même, bonne lecture pour ce dernier dimanche, j'aimais ça me réserver un bon 100 lignes pour le dimanche. Me semble que c'était tranquille, que vous aviez le temps de lire...

Qu'il y avait moins de fefans dans la grande famille du dimanche.