Les recruteurs ont l'oeil aiguisé pour déceler les habiletés et les carences des jeunes joueurs.

Certaines aptitudes - vitesse, talent de marqueur, qualité du lancer - sautent aux yeux. D'autres, comme le sens du hockey, s'évaluent mieux sur une plus longue période.

Mais déceler la passion et le désir de vaincre peut être l'élément qui fera la différence entre un bon choix au repêchage et un mauvais.

«C'est très difficile à juger», admet Guy Lapointe, recruteur avec le Wild du Minnesota.

«Il faut que tu regardes l'intensité de match en match», renchérit Simon Nolet, des Flyers de Philadelphie.

«Si un soir, un jeune joue comme une étoile et que tu ne le vois pas le lendemain, ce n'est pas bon signe. S'il offre des performances égales, ça te montre que le p'tit gars veut jouer.

«Parfois, c'est bon de miser sur un passionné même s'il a un peu moins de talent.»

Faire tout le nécessaire

Trevor Timmins, le responsable du recrutement chez le Canadien, affirme pour sa part que l'exercice est facile à faire.

«Tu peux voir tout de suite quel joueur donne tout ce qu'il a sur la glace et celui qui est enclin à aller dans les zones dangereuses de la patinoire, soutient Timmins. Ce sont des gars qui gagnent leurs batailles, qui n'ont pas peur de jouer de façon physique et d'aller devant le filet. Ils bloquent des lancers.

«Bref, ils font tout ce qui est nécessaire pour aider leur équipe.

«Mais ça prend de la diversité pour faire un club de hockey, ajoute Timmins. Tu ne peux pas avoir seulement des travaillants ou seulement des joueurs de finesse.»

En entrevue

Gilles Côté ratisse le Québec, les Maritimes et l'Ontario pour le compte des Sharks de San Jose. À l'époque où il était à l'emploi des Capitals de Washington, il croyait déjà qu'une meilleure connaissance de la personnalité des joueurs lui permettrait d'identifier ceux qui ont le feu sacré.

«On riait de moi autrefois parce que je passais des jeunes en entrevue, se souvient Côté. On me disait que je perdais mon temps!»

De septembre à décembre, Côté essaie de voir tous les clubs le plus souvent possible afin de déterminer quels joueurs l'intéressent.

Après décembre, il réduit sa liste de moitié et commence à entrer en contact avec les jeunes qu'il a ciblés, que ce soit après un match ou lors d'un appel téléphonique.

«En fin de compte, je vais faire près de 150 entrevues dans une année. J'aurai remis à chacun de ces jeunes un formulaire à remplir pour en connaître plus sur leur milieu, leur famille, etc.

«Il arrive même que je parle à leurs professeurs...»

L'idée est d'en apprendre le plus possible sur chacun des espoirs afin de réduire la marge d'erreur.

Car le recrutement est loin d'être une science exacte!

Être bien entouré

Certains diront que l'intensité et le leadership sont des qualités innées. Guy Lapointe, lui, croit que le désir de vaincre peut croître avec l'usage, pourvu qu'un jeune soit bien entouré.

«Tu regardes une équipe structurée comme les Red Wings de Detroit; je suis sûr qu'il y a beaucoup de leadership dans cette équipe-là, observe l'ex-défenseur du Tricolore.

«Tu peux amener un jeune qui n'a peut-être pas beaucoup de leadership, ou qui a des progrès à faire en termes d'habitudes de travail, et il va pouvoir développer ces qualités-là en regardant les autres.»

Mais les joueurs de coeur, ceux qui veulent plus que les autres, sont parmi ceux que les équipes s'arrachent. Car en séries, ce sont souvent eux qui s'illustrent...