Cette année, dans chacun des affrontements qui ont opposé les Bruins au Canadien, à l'exception du dernier match de la saison disputé la semaine dernière à Boston quand les Bruins n'avaient rien à perdre, ce sont les hommes de Claude Julien qui se sont montré les plus disciplinés.

Hier encore, les Bruins n'ont accordé que deux avantages numériques au Canadien (0 en 2) tandis que les hommes de Claude Julien s'en sont vu octroyer quatre (1 en 4).

C'est d'ailleurs une punition stupide de Josh Gorges en milieu de troisième période, alors que le Canadien et les Bruins étaient à égalité 2-2, qui a permis à Zdeno Chara de décocher un puissant tir qui n'a donné aucune chance à Carey Price.

Les Bruins, les redoutables Bruins avec leur jeu robuste, qui disputent un match sans bavure, un autre, voilà qui nous en dit long sur l'emprise de Claude Julien sur ses hommes.

Quoi qu'il en soit, le Canadien, hier, pouvait difficilement mieux jouer. Au chapitre des mises en échec, il a dominé les Bruins, 31 à 23. Après une première période solide, il a largement dominé la deuxième. Au point où on a senti les Bruins nerveux, inquiets, surpris par le sérieux de l'opposition que leur offrait le Canadien.

En troisième, avant que Gorges ne sévisse et que Chara procure le but de la victoire aux Bruins, c'était assez partagé, merci. D'ailleurs la foule l'a bien compris puisque rarement l'avait-on vu aussi silencieuse.

Bref, le Canadien, hier, a surpris un peu tout le monde.

N'eut été des deux maladresses de Carey Price qui ont conduit aux deux premiers buts des Bruins, la première pour n'avoir pas su suffisamment étouffer une rondelle libre sous sa grosse mitaine et la deuxième à la suite d'une mauvaise remise du disque à Gorges, le Canadien aurait même pu se sauver avec la victoire même si au chapitre des tirs au but il a été dominé 38 à 28.

Il y a donc eu Gorges et Price qui ont gaffé mais s'il y a un individu que l'on peut pointer du doigt à la suite de ce premier revers du Canadien, il faut regarder en direction de Bob Gainey.

Sapré Bob ! Il n'a pas fini de nous étonner, celui-là.

Afin de donner plus d'espace de manoeuvre à Alex Kovalev, Gainey avait décidé de jumeler Georges Laraque à Koivu et Kovalev. Et de placer Tanguay avec Higgins et Metropolit. Si le trio de Tanguay a brillé, celui de Koivu a été à toutes fins utiles inopérant, impuissant, inefficace. Et comme Gainey est un entêté, il n'a quand même jamais dérogé de son plan de match. Même après le but de Chara qui portait la marque à 3-2 Bruins et que le Canadien, manifestement, avait besoin d'un but, Gainey est quand même toujours revenu avec Koivu-Kovalev et Laraque. Un non-sens. Une aberration. Un manque flagrant de jugement.

Laraque qui n'a absolument rien à se reprocher a été utilisé durant un peu plus de 13 minutes (13:12), soit à peine une minute de moins que le temps de jeu accordé à Tanguay (14:36) et près de deux minutes de plus que celui accordé à Guillaume Latendresse (11:58).

Allô !

Est-il aussi nécessaire d'insister sur le jeu tout croche de Patrice Brisebois, lui dont la carrière aurait dû prendre fin il y a trois ans après son séjour avec l'Avalanche du Colorado. Mais Brisebois ne coûtait pas cher et Gainey a jugé qu'avec un Brisebois au sein de sa formation, en plus d'acquérir un joueur d'expérience, il augmentait sa marge de manoeuvre au niveau de la masse salariale.

Le temps de jeu de Brisebois, hier, a été de 16:07. Contre Boston, à Boston, c'est beaucoup. Beaucoup trop en fait. Fallait voir les Bruins le tabasser à chaque fois qu'ils en avaient l'occasion pour se rendre compte que Brisebois n'avait pas d'affaire là. C'est triste à dire, mais c'est ça.

Quoi d'autre ?

J'ai aimé voir le gros Georges aller narguer Milan Lucic durant la période d'échauffement.

Mais j'aurais adoré le voir s'en prendre à ce même Lucic après que ce dernier, en début de match, eut littéralement écrabouillé Brisebois le long de la rampe.

Je ne sais pas si samedi Gainey sévira à nouveau. Une chose est certaine, Claude Julien doit le souhaiter de tout coeur. Car si en accordant plus de 13 minutes de temps de jeu à Laraque, Gainey parvient à éloigner Chara de Kovalev, il se prive aussi du même coup de son meilleur trio, celui de Koivu jumelé à Tanguay et Kovi. Élémentaire. Très mauvais calcul mon cher Watson.

Et puis, dites-moi, qui a dit que Kovalev n'était pas assez grand pour prendre soin de lui-même ?

Si Laraque, hier, en étant jumelé à Kovalev, a obtenu quelques bonnes chances de marquer, ces chances, Tanguay, lui, ne les aurait certes pas bousillées.

Bien drôle de match quand même. Au point où l'entraîneur du Canadien, en fin de rencontre, comme s'il avait été perdu dans ses pensées, n'a jamais cru bon d'indiquer à un Carey Price en émoi le moment de rentrer au banc.

Re-allô...

À quoi faut-il maintenant s'attendre ?

Tout dépendra de Gainey. Si Gainey samedi persiste et signe dans sa façon d'utiliser ses joueurs, les Bruins l'emporteront encore plus facilement qu'hier soir. Eux qui pourtant, surtout en deuxième période, ont plutôt été embouteillés. Au fait, depuis l'arrivée de Gainey, rarement avait-on vu le Canadien jouer aussi bien, sa défensive étant devenue, comme il se doit, l'affaire des cinq joueurs envoyés dans la mêlée.

Au cours de ce premier match, les hommes de Gainey ont vraiment tout donné. Mais force est d'admettre qu'il leur en manque quand même encore pas mal avant d'espérer arracher la série aux Bruins.

À commencer par un meilleur plan de match...