Lou Lamoriello et les Devils du New Jersey ont pris par surprise la Ligue nationale au grand complet, et surtout le premier intéressé, en congédiant Claude Julien de son poste d'entraîneur-chef le 2 avril 2007.

Avec trois matchs seulement à disputer en saison régulière, les Devils affichaient une récolte de 102 points et trônaient au premier rang de la division Atlantique. Ils venaient de remporter quatre de leurs cinq derniers matchs.

À peine deux ans plus tard, Claude Julien est à nouveau au sommet. C'est toutefois derrière le banc des Bruins de Boston qu'il occupe le premier rang de l'Association de l'Est à la pause du match des Étoiles.

Match des Étoiles auquel Claude Julien participera à titre d'entraîneur-chef de la sélection de l'Est, en raison des succès de son équipe.

Des succès dont il est certainement en partie responsable.

Lorsqu'on demande à Lou Lamoriello ce qu'il pense du succès remporté par un entraîneur qu'il a limogé sans avertissement, le DG des Devils se cambre un peu.

«Vous n'êtes pas obligé de me croire et je sais que dans les circonstances, il me serait difficile de convaincre tout le monde. Mais je suis certainement l'une des personnes les plus heureuses de voir Claude connaître les succès qu'il connaît cette année. Je suis fier pour lui. Et je serai vraiment ravi, en fin de semaine, à Montréal, de le voir diriger l'équipe de l'Est. Je peux comprendre votre scepticisme, mais Claude Julien sait à quel point j'ai du respect pour lui, pour le travail qu'il accomplit et à quel point je suis sincère dans ce commentaire.»

Alors pourquoi l'avoir congédié?

«Il y a des impondérables que les amateurs et les journalistes ne comprennent pas toujours. Quand j'ai décidé de procéder au changement et que je suis descendu derrière le banc, ce n'était pas pour dire: "Claude Julien n'est pas un bon coach et je vais prendre la relève". C'était parce que la situation au sein de notre équipe l'exigeait. Je devais bouger», explique Lamoriello.

Aussi secret que son homologue Bob Gainey avec le Canadien, Lou Lamoriello n'est pas du genre à lever le voile sur le quotidien de son équipe. Encore moins pour reconnaître certains ennuis qui minaient son vestiaire.

Mais les informations selon lesquelles certains vétérans avaient décidé d'avoir la tête de Julien en défilant à son bureau ont vite circulé autour de la LNH.

Les noms des Martin Brodeur, John Madden, Scott Gomez et autres Patrick Elias ont été avancés...

Vérité ou rumeur? Difficile à dire.

Ce qu'on peut affirmer avec certitude, c'est que Scott Gomez, après sa première visite à Boston dans l'uniforme des Rangers de New York, a été vu à proximité du vestiaire des Bruins.

Il ne s'était pas rendu là pour parler avec des copains de l'équipe rivale. Il s'était rendu là pour échanger avec Claude Julien et réparer des pots cassés.

Motus et bouche cousue...

Lors de la dernière visite du Canadien à Boston, Julien a refusé net d'ouvrir la porte à une discussion sur ce sujet.

Lamoriello n'a même pas attendu que la question soit posée pour refuser d'y répondre.

Lorsqu'on lui a demandé, alors, si les succès de Julien ne condamnaient pas la décision de le congédier comme une grave erreur, Lamoriello a tourné le tout à son avantage.

« Je pense plutôt qu'ils indiquent que j'avais entièrement raison de l'embaucher lorsqu'il est parti de Montréal. J'avais une décision à prendre. Une action à poser. On ne peut pas revenir sur une décision du genre deux ans plus tard et dire qu'aujourd'hui cela semble une erreur. C'est la réalité d'alors qui prévalait.

«Mais je peux vous assurer une chose. Claude Julien était un excellent entraîneur quand les Devils l'ont embauché. Il l'était toujours quand j'ai dû le laisser aller. Il l'est encore aujourd'hui, même qu'il s'est peut-être amélioré. C'est un gars travaillant, qui comprend le hockey, qui connaît le sport et qui a la cause de son équipe et de ses joueurs à coeur. Je vous l'ai dit tout à l'heure et je vous l'assure encore : j'ai le plus grand des respects pour Claude Julien. À vous de me croire ou non...»