Anthony Duclair était bien embêté, hier. Après une douzaine de jours éreintants, les jeunes joueurs d'Équipe Canada junior ont eu congé, sauf que l'équipe a eu la bonne idée d'organiser une pige de Noël.

«Je ne vais pas te dire qui j'ai pigé parce que je ne veux pas qu'il le découvre dans les journaux. Mais je peux te dire une affaire: je ne sais vraiment pas ce que je vais lui acheter!», a déploré en riant l'attaquant de 19 ans.

«On va magasiner aujourd'hui [hier], alors il va vraiment falloir que je fasse aller mon imagination», dit-il.

Le Championnat mondial junior est associé à Noël dans l'esprit des amateurs de hockey. Comme la tourtière et le pain sandwich, il revient chaque année. Et comme chaque année, il coïncide avec les Fêtes. Il représente un moment de détente à passer en famille.

L'histoire est bien sûr très différente pour les joueurs, les «petits gars», comme l'aurait dit Claude Ruel. Les 22 hockeyeurs et les entraîneurs sont conscrits dans une routine de matchs, d'entraînements, de victoires et de défaites. Il y a la pression. Il y a l'adrénaline. Il y a, en vérité, bien peu de place pour Noël, même si avec une pige et un souper du réveillon, on tente de recréer un peu de la magie des Fêtes au sein même de l'équipe.

«C'est certain que les joueurs sont loin de leur famille. Ils peuvent la voir brièvement après les matchs, concède l'entraîneur Benoît Groulx, mais autant les joueurs que les entraîneurs, nous sommes privilégiés de faire partie de cette équipe et de cette aventure. Ça, il n'y a pas de doute.»

MORIN LOIN DE LA BEAUCE

Pour plusieurs joueurs qui n'avaient jamais fait partie d'Équipe Canada junior (ECJ), ce sera le premier Noël loin de leur famille. C'est le cas du défenseur format géant Samuel Morin.

«Je viens d'un petit village en Beauce. Ma famille est encore là-bas et je suis très proche d'elle. Mes cousins sont mes meilleurs amis, raconte Morin. Je n'ai jamais manqué Noël avant. Pour moi, Noël en famille, c'est vraiment important. 

«[...] Ça ne me dérange pas pantoute. Je ne revivrai peut-être plus jamais une expérience comme ça.»

- Samuel Morin, questionné sur le fait de manquer les réunions familiales des Fêtes pour participer au Championnat mondial junior

Sa famille a des traditions immuables, comme le réveillon dans un chalet à Lac-Etchemin. « Pour moi, Noël, c'est la famille. C'est tout le temps la même affaire: le 24 chez les Larose et le 25 chez les Morin. Puis, le 31 chez les Larose et le 1er chez les Morin. »

Sauf que cette année, Samuel Morin passera le temps des Fêtes avec ses 21 coéquipiers. Il a tellement sué pour en arriver là qu'il ne penserait pas une seconde à s'en plaindre. Une partie de sa famille va débarquer à Montréal de la Beauce pour la veille du jour de l'An. Il espère pouvoir les voir et les embrasser. En attendant, tout comme Duclair, il a d'autres chats à fouetter.

«Moi, j'ai pigé Shea Theodore. Je le lui ai dit. Je sais, il ne fallait pas, mais je ne savais vraiment pas quoi lui acheter!», lance Morin.

Les joueurs sont donc allés magasiner hier. Ils se remettront les cadeaux demain soir, la veille de Noël, lors d'un souper d'équipe. Tout cela vise à créer un esprit de corps.

«Je n'ai jamais passé Noël loin de ma famille, explique le gardien Eric Comrie. Mais pour les prochaines semaines, ma famille est là. Ce sont ces gars-là. Alors, d'une certaine manière, oui, on passe Noël en famille.»

De toute manière, le plus beau cadeau de Noël ne viendra pas le 25 décembre cette année. Les joueurs d'ECJ savent bien qu'il sera offert le 5 janvier au soir à Toronto. Il n'y aura ni dinde ni chalet, mais les Noëls d'antan seront toujours là l'année prochaine. Pour plusieurs, la chance de gagner l'or ne reviendra pas.

GRAND GALOP ET PETIT TROT ?Le duo de défenseurs le plus singulier de ce tournoi qui commence est certainement celui composé de Samuel Morin et de Joe Hicketts. Le défenseur québécois est le plus grand joueur de l'équipe (6'7''). Son partenaire originaire de la Colombie-Britannique est quant à lui le plus petit (5'7''). Les deux principaux intéressés en rient. « Un bon nom pour nous, ça pourrait être David et Goliath », a dit Morin, hier. D'autres se sont pris au jeu sur les réseaux sociaux. Outre le classique Laurel et Hardy et l'allusion aux frères Dalton, retenons « Grand Galop et Petit Trot » ainsi que « Snape pis Bourdonne ». Peu importe leur nom, l'entraîneur Benoît Groulx est satisfait de ce duo, qui allie robustesse et rapidité.