Trois Canadiens seront présents au Tournoi des Maîtres. Corey Conners, Mackenzie Hughes et Mike Weir. Aucun des trois n’est le favori des preneurs aux livres. Il serait très surprenant que l’un d’entre eux rentre à la maison vêtu d’un veston vert. Néanmoins, les trois joueurs nous ont déjà prouvé qu’ils étaient en mesure d’élever leur jeu d’un cran lors des moments importants.

Corey Conners

Nul doute, Corey Conners est le meilleur golfeur canadien sur le circuit de la PGA. Assurément le plus talentueux depuis son compatriote Mike Weir. Depuis 2018, l’Ontarien a sa place parmi l’élite du golf. Toutefois, son manque de constance lui a probablement coûté quelques titres depuis le début de sa carrière. Un peu à l’image des saisons antérieures, Conners connaît une campagne en dents de scie. Posté au 32rang mondial, le joueur de 30 ans s’était fait discret jusqu’au Championnat du monde par tour, disputé au Texas, à la fin de mars. Il a pris le 3e rang, en ayant le dessus sur Dustin Johnson lors de la petite finale.

En marge du Valero Texas Open en début de semaine, le seul tournoi qu’il a remporté d’ailleurs, en 2019, Conners a souligné que pour espérer bien faire au Tournoi des Maîtres, « il faut être bon dans tous les aspects du jeu ». C’est ce qu’il a fait lors du Championnat du monde. Ayant l’un des élans les plus fluides du circuit, le Canadien est septième dans les statistiques concernant les coups de départ. À son avis, ce sera un atout majeur à l’Augusta National, puisque le tracé du parcours avantage la trajectoire naturellement droite gauche de sa balle.

Même s’il n’a pas encore remporté de titre dans les grands tournois du calendrier, Conners a le potentiel de pouvoir créer une belle surprise lors de cette 86édition. L’an dernier, il avait très bien fait lors des tournois majeurs, avec une 8place au Tournoi des Maîtres, une 15position à l’Omnium britannique et une 17position au Championnat de la PGA. Il avait aussi pris le 10e rang lors de l’édition automnale du Tournoi des Maîtres, il y a deux ans. Si la qualité de son jeu court peut être égale à sa performance sur les tertres de départ, il est tout à fait possible d’espérer une première victoire canadienne depuis 2003.

Mackenzie Hughes

Talentueux et sous-estimé, Mackenzie Hughes est un autre Canadien qui pourrait faire écarquiller bien des yeux. Même s’il s’est fait plus discret depuis le début de l’année, le golfeur de 31 ans a prouvé la saison dernière que la pression des grands évènements ne l’effrayait pas.

Lors du dernier Omnium des États-Unis, l’Ontarien était le meneur à l’issue des trois premières rondes. Il a finalement terminé 15e. Il a aussi joué de l’excellent golf de l’autre côté de l’Atlantique, alors qu’il avait pris le 6rang à l’Omnium britannique. Ces deux performances l’ont d’ailleurs aidé à terminer l’année 2021 au 39rang mondial, ce qui lui a permis de se qualifier pour le Tournoi des Maîtres. Il devait terminer parmi le top 50 pour être invité.

Actuellement au 57rang mondial, Hughes est sans victoire depuis quelques années. Son dernier et seul titre remonte à la Classique RSM le 21 novembre 2016. C’est d’ailleurs lors de ce même évènement qu’il a obtenu son meilleur résultat cette saison, en novembre 2021, lorsqu’il a pris le 2e rang.

S’il veut remporter le veston vert, Hughes devra continuer d’exceller sur les coups roulés – il est sixième selon le classement de la PGA dans cette facette du jeu. Il est pratiquement impossible d’espérer gagner le tournoi sans connaître un bon week-end sur les verts. La saison est encore jeune, mais le moment serait opportun pour le Canadien de prouver qu’il a sa place parmi l’élite.

Mike Weir

Si vous avez misé sur Mike Weir pour remporter le Tournoi des Maîtres, vous pourriez vous faire un beau petit pactole. En effet, ses chances de gagner sont minimes, voire inexistantes. Il a réussi à survivre à la coupure seulement deux fois au cours des dix dernières années.

Néanmoins, le champion de l’édition de 2003 prend son sport toujours aussi sérieusement et s’entraîne assidument. Il joue actuellement sur le Circuit des Champions, où il s’en tire relativement bien. Le golfeur de 51 ans est 35e du classement Charles Schwab. Il a gagné un tournoi sur le circuit, en mai 2021.

À ce jour, Weir est le seul Canadien à avoir conclu le tournoi avec le veston vert sur le dos et sa présence est saluée chaque année par le golf canadien. Cette édition ne fera pas exception et le sympathique golfeur fera partie du groupe des anciens champions qui ont une place assurée à chaque édition. Si Bernhard Langer a réussi à surprendre tout le monde avec un top 30 en 2020, pourquoi ne pas y croire ? S’il y a un lieu où les histoires inattendues s’écrivent et où les dieux du golf peuvent se pointer le bout du nez, c’est au Tournoi des Maîtres.

Qui enfilera le veston vert ?

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Hideki Matsuyama, champion en 2021, reçoit le veston vert de Dustin Johnson, champion l’année précédente.

D’anciens champions, de jeunes loups, des vétérans habitués aux grands honneurs, les prétendants au titre sont nombreux. Regard sur les favoris.

Scottie Scheffler

À l’heure actuelle, il n’y a pas de meilleur joueur sur la planète que Scottie Scheffler. L’Américain connaît un début d’année sensationnel et il n’a pas volé sa place au sommet du classement mondial. Il a été couronné à trois des cinq derniers tournois auxquels il a participé. Tout fonctionne pour le Texan de 25 ans. Il n’y a aucune faille dans son jeu et il semble prendre de l’aplomb chaque semaine. Il reste à voir s’il pourra maintenir cette cadence lors des plus grands tournois de la saison, à commencer par le Tournoi des Maîtres.

Cameron Smith

Si Cameron Smith a commencé à jouer, c’est grâce à son père. Si son père aimait autant le golf, c’est grâce à Greg Norman. Un demi-dieu pour les Australiens, qui n’a malheureusement jamais été en mesure de dompter l’Augusta National. Gagnant du Championnat des joueurs à la mi-mars, Smith est le meilleur golfeur au monde sur les verts. Il carbure à la pression et il voudra certainement venger sa deuxième position obtenue à l’édition automnale de 2020. Ses chances d’y parvenir sont assez intéressantes.

Jordan Spieth

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Jordan Spieth

Jordan Spieth s’est fait découvrir au Tournoi des Maîtres alors qu’il n’avait même pas encore l’âge légal pour s’acheter une bière aux États-Unis. L’Augusta National, c’est chez lui. C’est là que sa légende est née et qu’elle se perpétue chaque année. À toutes les éditions, il a une chance de gagner, et ce sera le cas encore cette semaine. En huit participations au tournoi, il a gagné une fois et a terminé à cinq reprises parmi les trois premiers. Même si c’est un peu plus difficile que la saison dernière pour le Texan, Spieth doit malgré tout figurer parmi les prétendants au titre.

Collin Morikawa

On pourrait parfois croire que Collin Morikawa joue aux dards plus qu’au golf. Ses coups de fer sont si précis qu’on dirait pratiquement que ses balles sont aimantées aux fanions. Malgré sa jeunesse, l’Américain a déjà beaucoup d’expérience dans les tournois d’envergure. Posté au troisième rang mondial, Morikawa est l’idole d’une nouvelle génération de golfeurs et il remportera forcément le Tournoi des Maîtres un jour ou l’autre. En sept tournois depuis le début de la saison, il a terminé cinq fois parmi les dix premiers. Rappelons que le golfeur de 25 ans a déjà remporté l’Omnium britannique et le Championnat des joueurs…

Kevin Kisner

Ce nom n’aurait peut-être pas figuré sur cette liste si elle avait été faite il y a un mois. Sauf que la qualité du jeu de Kevin Kisner ne nous laisse pas le choix. Le vétéran de 38 ans connaît toute une séquence et se frotte sans gêne aux jeunes loups du circuit. Cette saison marque un peu la renaissance de Kisner, qui a amélioré son élan. Il peut rivaliser avec les meilleurs au monde dans la plupart des facettes du jeu. Récemment, il a été étincelant au Championnat du monde par trous et au Championnat des joueurs. L’Américain est toujours à la recherche d’un premier titre majeur.

Patrick Cantlay

Patrick Cantlay est l’incarnation même de la régularité et de la constance. Certains aimeraient peut-être qu’il soit un peu moins régulier avec les nombreux piétinements qu’il fait avant d’effectuer ses coups roulés, mais bon, ça fait partie du personnage. Aucun terrain n’effraie le Californien de 30 ans. Peu volubile, Cantlay fait bonne figure pratiquement chaque semaine. Le vainqueur de la Coupe FedEx et du Championnat du Circuit la saison dernière sera dangereux sur les allées de l’Augusta National.

Rory McIlroy

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Rory McIlroy

Est-ce que cette fois sera la bonne pour Rory McIlroy ? Seulement cinq joueurs ont réussi le Grand Chelem dans l’histoire, c’est-à-dire de gagner les quatre tournois majeurs. Depuis 2014, il ne manque que le Tournoi des Maîtres à l’Irlandais du Nord pour faire partie de ce club sélect. Depuis huit ans, il n’a raté le top 10 qu’à deux reprises. À 32 ans, McIlroy n’a pas joué énormément cette saison, mais il a quand même obtenu une victoire en octobre. Il ne lésine pas non plus sur les efforts. Il était l’un des premiers participants à arriver sur le site de compétition au début de la semaine dernière.

Justin Thomas

Justin Thomas joue au golf principalement parce qu’il en est passionné. Un joueur qui respecte et qui embrasse la tradition, mais qui est aussi impliqué auprès de la relève. Lors du concours annuel Drive, chip and putt, organisé pour les jeunes de 7 à 15 ans par l’Augusta National, un seul joueur était présent pour regarder et encourager ces jeunes : Justin Thomas. Il est arrivé une dizaine de jours avant le début du tournoi. Septième joueur mondial, l’Américain rêve de pouvoir triompher à la Mecque du golf et il aura d’excellentes chances d’y parvenir cette année.

Louis Oosthuizen

Amateurs de pool, vous savez qu’en sélectionnant Louis Oosthuizen, vous allez avoir un bon rendement en tournoi majeur. Cependant, vous savez aussi qu’il pourrait échapper le titre sur le neuf de retour lors de la ronde finale. Le Sud-Africain est probablement le joueur le plus malchanceux de sa génération. Au cours des dernières années, il a terminé six fois au deuxième rang lors de tournois majeurs. Puis, deux fois troisième en 2020 et en 2021. Le golfeur de 39 ans n’a pas connu un grand début de saison, mais quand l’enjeu est grand, habituellement, Oosthuizen prend le départ tardivement le dimanche.

Hideki Matsuyama

Champion en titre de l’évènement, Hideki Matsuyama connaît une bonne saison et est encore intraitable avec son jeu court. Il y a toujours quelque chose de particulier avec les anciens champions qui reviennent à l’Augusta National dont eux seuls ont le secret. Matsuyama doit assurément faire partie des prétendants au titre et une deuxième victoire consécutive serait en tous points extraordinaire. Le dernier golfeur à avoir gagné le Tournoi des Maîtres coup sur coup est Tiger Woods, en 2001 et en 2002.

Regarder vers l’avant, sans oublier le passé

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La tradition est importante au Tournoi des Maîtres, qui n’oublie pas ses anciens champions.

La tradition est importante au Tournoi des Maîtres, qui n’oublie pas ses anciens champions, mais un petit lifting ne fait jamais de mal, non plus.

Les organisateurs du Tournoi des Maîtres ont pris la décision de retaper quelque peu le parcours de l’Augusta National. Les derniers changements majeurs remontaient à 2019. Cette année, les trous 11 et 15 ont subi des transformations assez significatives, sans que ce soit majeur pour autant.

Le 11e trou, le deuxième parmi les plus difficiles du parcours, a été allongé. En effet, le coup de départ se fera 15 verges plus loin qu’à l’habitude et aussi plus à gauche. Ses allées ont aussi été modifiées et des arbres ont été coupés sur la droite. Cette normale 4, appelée « White Dogwood », est mythique, puisqu’il s’agit du premier du tout aussi légendaire « Amen Corner ».

Le 15e trou, nommé « Firethorn », est au deuxième rang des plus faciles du site. Le tertre de départ a été reculé de 20 verges et les joueurs s’élanceront plus à droite que lors des années antérieures.

Ainsi, 35 verges ont donc été ajoutées au parcours qui en compte maintenant 7510.

Tom Watson rejoint Nicklaus et Player

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L’an dernier, les premiers coups de départ honorifiques ont été donnés par Lee Elder, Gary Player et Jack Nicklaus.

Comme c’est la tradition, les premiers coups de départ du tournoi sont réalisés par trois membres honorifiques. Trois légendes vivantes. Pendant bon nombre d’années, c’est le trio composé de Jack Nicklaus, Gary Player et Arnold Palmer qui a inauguré le Tournoi des Maîtres. Après la mort de M. Palmer en 2016, Lee Elder, premier joueur noir à avoir disputé le tournoi, a été invité en 2021. Il n’aura fait qu’une seule apparition avant de mourir en novembre dernier. En janvier, le président du club, Fred Ridley, a annoncé que Tom Watson allait remplacer Elder. Watson, 72 ans, a remporté le veston vert en 1977 et en 1981. Il a participé à 42 éditions consécutives entre 1975 et 2016. L’Américain comptabilise huit titres en tournoi majeur, dont cinq à l’Omnium britannique. Il est au 6e rang de l’histoire pour le nombre de triomphes en tournoi majeur et au 10e rang de l’histoire pour le nombre de victoires avec 39.

Retour vers le futur

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Danny Willett

Une victoire au Tournoi des Maîtres offre un droit de jeu à vie à l’Augusta National, ainsi qu’une participation automatique à chaque édition du Tournoi. Cette année, 18 anciens champions ont été invités. Du nombre, certains qu’on oublie et dont on se souvient seulement une fois venu le mois d’avril. Le tournoi a déjà couronné des champions qui n’ont jamais su profiter de l’élan fourni par le veston vert.

En 2007, Zach Johnson a mis un frein à la séquence de Tiger Woods et de Phil Mickelson. Vous en souveniez-vous ?

Larry Mize n’a décroché que quatre victoires au cours de sa carrière. Sa plus importante : celle de 1987 au Tournoi des Maîtres.

Le grand Bernhard Langer a connu une carrière exceptionnelle sur le circuit européen. Sur le circuit de la PGA, il n’a décroché que trois titres, dont deux à l’Augusta National. C’était en 1985 et en 1993.

Le cas de Charl Schwartzel est similaire. Le Sud-Africain a signé 11 victoires sur le circuit européen, mais seulement 2 en PGA. L’une d’elles était en 2011, en Géorgie, où il avait terminé devant les Australiens Jason Day et Adam Scott.

Toutefois, celui que les amateurs ont tendance à oublier le plus souvent est Danny Willett. En 2016, il a remporté l’une des victoires les plus improbables de l’histoire du tournoi. Il s’agit aussi de son seul titre en carrière. Il avait remis une carte de - 5 pour devancer Jordan Spieth, champion en titre de l’époque. Willett est disparu du radar par la suite. Depuis 2017, il s’est classé dans le top 10 d’un tournoi seulement cinq fois.