«La première chose que je vais lui dire? Peux-tu me donner trois coups pour le neuf d'allée?» blaguait mardi Brendan Jones à Tucson, en conférence de presse.

Il aurait aussi pu parler de faire un «Tonya Harding» sur le genou gauche de son rival. C'est son autre meilleure chance de battre Tiger Woods, son adversaire en première ronde.

Le numéro 1 mondial retourne au jeu mercredi matin au Championnat de partie par trou Accenture. Il amorce la défense de son titre en affrontant l'Australien Brendan Jones, un membre plutôt anonyme du circuit japonais, classé 64e au monde.

La PGA soupire sûrement de soulagement. Cela faisait maintenant huit mois depuis le dernier tournoi de Tiger. Une victoire mémorable à l'Omnium des États-Unis. Sa jambe gauche semblait bonne pour la poubelle. Ligaments déchirés, double fracture de stress au tibia. Malgré la douleur et ses grimaces exhibées en gros plan HD, Woods a survécu aux 19 trous de prolongation contre Rocco Mediate pour gagner son 14e majeur.

En son absence, la PGA est redevenue humaine, trop humaine, comme disait l'autre. Des petits triomphes avec des petites histoires à hauteur d'homme.

Les cotes d'écoute chutaient conséquemment. Et les commanditaires grimaçaient. L'attente se terminera ce matin avec la venue du Tiger nouveau.

Pendant son absence, Woods s'est reposé longuement, a été le seul athlète invité au micro à la cérémonie d'investiture d'Obama, a assisté à la naissance de son deuxième enfant et a guéri son genou. Il a fallu attendre décembre pour qu'il dépoussière finalement ses bâtons. Un mois plus tard, il s'élançait à pleine vitesse. Sa forme se comparerait aujourd'hui à celle de ses meilleures années. Son ami John Cook l'a constaté plus tôt en février à Isleworth, quand il attaquait violemment une normale 4 avec son bois 1.

«T'es OK?» lui demandait Cook. «Jamais été mieux», répondait Woods. (Source: ESPN) Cela faisait près de 10 ans qu'il n'avait pas joué sans douleur.

On connaît donc le favori cette semaine au prolétaire Ritz Carlton Golf Club de Tucson. Certains prédisent toutefois que la nationalité de Jones pourrait l'aider. La moitié des défaites de Tiger au Championnat Accenture sont survenues contre des Australiens (Peter O'Malley en 2002 et Nick O'Hern en 2005 et 2007). C'est vrai. Mais Tiger totalise quand même une fiche de 5-3 contre les Australiens au même tournoi. Et ces chiffres relèvent plutôt de la coïncidence, voire de la statistiquaillerie.

La formule partie-par-trou devrait aussi faciliter le retour de Woods. D'abord, parce qu'il profitera encore plus du facteur intimidation. Ensuite, parce qu'il pourra échapper quelques coups sans craindre de noircir sa carte de pointage. Et finalement, parce que cette formule mort subite réveillera ses réflexes compétitifs dès le premier trou.

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Lors des rondes préparatoires, Tiger Woods arrive habituellement le premier au terrain. Pas mardi matin. L'aube se levait quand Tiger marchait vers le champ d'exercice. Phil Mickelson, vainqueur la semaine dernière à Riviera, y était déjà installé avec son cadet. Le gaucher n'a pas salué Tiger. Tiger non plus, rapporte Sports Illustrated. La rivalité peut recommencer.