Lorsqu'ils sont arrivés dans leur vestiaire en début de semaine, certains joueurs des Jaguars cherchaient sûrement leur casier. Jack Del Rio a voulu secouer ses troupes en changeant certains individus de place, ce qui laisse supposer qu'il y a peut-être un petit problème de cliques à Jacksonville.

Toujours est-il que c'est sûrement un meilleur truc que de montrer son «zizi», comme l'a récemment fait Mike Singletary, ou d'apporter une hache dans le vestiaire; voulant littéralement faire la démonstration de ce qui survient lorsqu'on ne cesse de bûcher, ce même Del Rio avait demandé à ses joueurs d'y aller de quelques coups bien sentis en 2003. L'épisode a pris fin lorsque le botteur Chris Hanson a raté son coup et s'est retrouvé avec l'objet tranchant dans le pied gauche. La hache fut sagement remisée.

 

Cette fois, Del Rio a eu recours à des moyens un peu plus communs pour brasser la cage. En plus de réorganiser le vestiaire, il a banni la musique trop forte et a même expulsé un joueur pendant quelques jours, le vétéran Mike Peterson. On raconte que Del Rio n'aurait pas apprécié que le secondeur gonfle les biceps après avoir réussi un plaqué en fin de troisième quart d'un match que les Jaguars perdaient 21-3 contre les tristes Bengals de Cincinnati. Peterson soutient qu'il voulait insuffler un peu d'énergie à l'équipe, mais avouons que le moment était plutôt mal choisi pour imiter Hulk Hogan.

Les deux se sont échangé quelques mots salés et Del Rio a suggéré à son vétéran d'aller passer l'après-midi chez lui. Peterson n'est revenu avec l'équipe que quelques jours plus tard.

Au terme de la saison dernière, les Jaguars étaient pourtant considérés comme l'une des grosses pointures du circuit - et assez unanimement. Ils venaient de tenir tête aux Patriots à Foxborough en séries, une semaine après avoir éliminé les Steelers à Pittsburgh. L'équipe qui devait détrôner les Colts d'Indianapolis au sommet de la division Sud de l'Américaine, c'était celle-ci, et non pas les Titans du Tennessee.

Pendant la saison morte, les Jaguars ont essayé de combler les quelques faiblesses qui les retenaient en obtenant les ailiers espacés Jerry Porter et Troy Williamson et en repêchant les ailiers défensifs Derrick Harvey et Quentin Groves lors des deux premières rondes. Une catastrophe...

Porter et Williamson ont trois attrapés chacun, tandis que Harvey et Groves totalisent 14 plaqués et un sac et demi. Le jeu de passe demeure stagnant et la défense occupe le 29e rang avec 11 sacs du quart.

La décision de conclure une entente de six ans pour 30 millions avec Porter semble particulièrement mal avisée. Il a connu quelques bons moments à Oakland lorsque Jerry Rice et Tim Brown lui poussaient dans le derrière, mais Porter ressemble de plus en plus à un type qui va finir sa carrière dans la LCF.

Williams a connu une seule bonne saison universitaire, mais a tout de même été sélectionné au septième rang du repêchage de 2005. Les Vikings du Minnesota se sont épris de sa vitesse, avant de constater trop tardivement qu'il ne savait pas vraiment jouer au football.

C'est finalement Matt Jones qui est devenu le receveur principal de l'équipe, à un moment où on n'espérait plus rien de lui. Un autre choix de première ronde de la cuvée 2005, Jones est un ancien quart-arrière des Razorbacks de l'Université de l'Arkansas. Le colosse de 6'6 semble enfin avoir consacré ses efforts à l'apprentissage de sa position d'ailier espacé et connaît facilement sa meilleure saison, se dirigeant vers une récolte de 90 attrapés et 1048 verges, ce qui n'est pas rien dans une attaque aussi conservatrice.

Or, le vrai problème des Jaguars, c'est au sol qu'il se situe. Possiblement le plus dominant de la NFL en 2007, le jeu au sol des Jaguars produit beaucoup moins. Maurice Jones-Drew a porté le ballon 87 fois pour 363 verges et Fred Taylor, 85 pour 278, ce qui confère aux Jaguars le 17e rang de la ligue au sol, un échelon respectable, mais décevant.

On n'a pas à chercher très longtemps pour trouver une explication à cette tiède production. Les Jaguars ont perdu Vince Manuwai, Maurice Williams et Chris Naeole, trois joueurs de ligne à l'attaque, dès le début de la saison. Ce n'est peut-être pas aussi dramatique que de perdre Tom Brady, mais pour une équipe construite comme le sont les Jaguars, c'est un dur coup.

Si l'équipe du nord de la Floride s'incline devant les Lions à Detroit cet après-midi, sept jours après l'avoir fait contre les Bengals à Cincinnati, ce qui s'annonçait comme l'une des meilleures saisons de sa jeune histoire pourrait vite tourner au cauchemar.