D'ordinaire, les quarts de la NFL sont de drôles de bibittes. Ça parle aux médias une fois par semaine. Ça ne veut pas trop être dérangé. Ça passe en coup de vent dans le vestiaire. Bref, ceux qui lancent le ballon ont l'habitude d'être un peu précieux.

Pas Jake Delhomme.

En me voyant à côté de son casier dans le vestiaire des Panthers, le quart de la Caroline m'a accueilli comme si on était des potes depuis le secondaire. «On va se parler tant que tu voudras», m'a-t-il lancé avec un sourire gros comme ça. Un peu plus et il sortait une bouteille de vin et un plateau de fromages.

 

De toute évidence, Jake Delhomme est un gars heureux. Ça se voit. À 33 ans, le quart a encore l'allure d'un ado qui ne s'en fait pas trop avec la vie. Le ton est amical, les réponses franches, le sourire sincère. Bref, Jake Delhomme a l'air de bien s'amuser. Et pourquoi pas? Quand, comme lui, on revient d'une importante opération au coude pour reprendre le collier comme si de rien n'était, on peut bien voir la vie en rose. «Mais je n'ai jamais cru un seul instant que ma carrière pouvait être en danger, tient-il à préciser. Je n'ai jamais perdu de temps pour penser à ça. Peut-être que j'étais un peu naïf, mais il fallait faire quelque chose à mon bras. Il fallait le réparer. C'était rendu au point que j'avais hâte de finir les entraînements pour pouvoir mettre de la glace sur mon bras... Peut-être que le football commençait à être une corvée pour moi. L'opération s'est bien passée, et aujourd'hui, je me sens bien. Je suis à 100% de mes capacités.»

Les chiffres ont tendance à lui donner raison. Jake Delhomme ne fait rien de spectaculaire cette saison, mais il est efficace. Il complète presque 60% de ses passes, et il a amassé des gains de 1338 verges par la passe. À ce rythme, il pourrait conclure la saison avec quelque 3500 verges de gains, lui qui a atteint cette marque magique une seule fois. C'était en 2004, l'année où il revenait d'une participation au Super Bowl avec son club.

D'ailleurs, le vétéran a encore un chandail du Super Bowl dans son casier... «Ça ne veut rien dire, je ne sais pas trop pourquoi ce chandail est là, s'empresse-t-il de préciser. Je ne suis pas du genre à collectionner des choses ou à rester pris dans le passé...»

Ce qui est certain, c'est que Jake Delhomme a effacé la saison 2007 de sa mémoire. Une saison désastreuse où il n'a pris part qu'à trois rencontres. «C'est bien d'être de retour... C'est la première fois que je devais rater des matchs en raison d'une blessure. Mais là, j'ai un coude neuf. C'est la chose la plus importante.»

Delhomme et ses Panthers vont avoir un ennemi de taille dans les pattes, demain après-midi à Charlotte: les Saints de La Nouvelle-Orléans. Les Saints, qui ont une fiche de 3-3, pourraient très bien avoir une fiche de 5-1 si leur botteur avait fait son travail. Les Panthers, à 4-2, ne peuvent pas vraiment se permettre d'échapper ce match.

Les Saints, c'est aussi l'équipe qui a donné à Jake Delhomme sa première chance dans la NFL. C'était en 1997. Ignoré au repêchage, le quart-arrière a passé deux saisons au sein de l'équipe d'entraînement des Saints, avant de devenir le troisième quart de la formation en 1999. Mais les Saints n'ont jamais cru en lui, et il est devenu joueur autonome en 2003. C'est là qu'il a été embauché par les Panthers.

Le reste, comme le disent les philosophes, fait partie de l'histoire.

«Les choses finissent toujours par se placer... Je le pense vraiment. Ce qui doit arriver doit arriver. Je suis content d'être ici en Caroline, tout s'est arrangé pour le mieux. J'ai bien aimé le temps passé en Louisiane, mais ceci est la NFL. Il faut apprécier chaque moment.»

Sur ces sages paroles, il m'a offert une franche poignée de main. Je lui ai souhaité bonne chance en vue de l'important match de demain contre les Saints. Nerveux, Jake Delhomme? Pas vraiment. Après tout, les choses finissent toujours par se placer...