Les Alouettes de Montréal ont réussi un exploit unique dans l'histoire centenaire de la Ligue canadienne de football.

En effet, l'organisation montréalaise est devenue la première équipe à présenter une fiche gagnante après s'être retrouvée six matchs sous la barre de ,500. Grâce à huit victoires à ses neuf derniers matchs, elle a complètement mystifié les sceptiques et relancé une saison qui semblait vouée à l'échec.

Mais comment cette équipe a-t-elle pu réaliser un tel exploit? Plusieurs éléments ont dû être corrigés et modifiés: allons-y un à la fois.

Il fallait tout d'abord un entraîneur-chef en mesure de maintenir ses troupes motivées et engagées. Je lève mon chapeau à Tom Higgins. Il a dirigé un groupe d'adjoints qu'il n'avait pas choisi et avec qui il fallait mettre en place une cohésion, un respect et une confiance mutuelle. Malgré quelques embûches, il a su maintenir le cap et s'assurer que tous connaissaient leur rôle et leurs responsabilités. Jim Popp lui a également donné un coup de main avec l'ajout de Turk Schonert et Jeff Garcia pour seconder le coordonnateur à l'attaque Ryan Dinwiddie.

L'ajout de Garcia a libéré Dinwiddie de sa tâche d'entraîneur des quarts, ce qui lui a laissé plus de temps pour se concentrer sur sa tâche de coordonnateur, un élément non négligeable. Je vous rappelle qu'il n'a que 33 ans et qu'il n'avait aucune expérience préalable comme sélectionneur de jeux. C'était donc inévitable qu'il y ait une courbe d'apprentissage. Avec moins de responsabilités, il pouvait mieux préparer les stratégies et évaluer son équipe ainsi que son propre travail.

Le cahier de jeux

Par ailleurs, Dinwiddie héritait d'un cahier de jeux qui n'était pas le sien et d'un quart, Troy Smith, avec peu d'expérience au football canadien. Smith était un bon leader et un joueur respecté, mais sa compréhension du système et son professionnalisme semblaient poser problème.

Par conséquent, Dinwiddie devait utiliser des concepts simples et peu créatifs. Par exemple, il utilisait beaucoup de jeux à seulement deux receveurs de passes, avec peu de mouvement avant la levée du ballon. Il devenait ainsi facile pour les joueurs défensifs de reconnaître la stratégie et de jouer de façon énergique. Conséquence: rares étaient les receveurs capables de créer de la séparation et de se libérer de leur couvreur. Smith devait être très précis pour compléter des passes, ce qu'il n'était pas en mesure d'accomplir.

Le changement au poste de quart avec Jonathan Crompton a permis au coordonnateur de s'offrir son propre cahier de jeux: plus élaboré et mieux maîtrisé. Loin d'être le système le plus difficile à défendre, l'ajout de quelques formations et concepts permettait d'être moins prévisible. Crompton n'est pas la réincarnation d'Anthony Calvillo, mais contrairement à Smith, il commet peu d'erreurs, il arrive à lire les défenses adverses et prend ce qui est disponible.

Finalement, on reconnaissait chez Dinwiddie la propension de tout ancien quart devenu coordonnateur offensif à surutiliser le jeu aérien. Lorsque le jeu ne fonctionnait pas avec la passe au premier essai, il se retrouvait en deuxième essai et 10, et devenait encore plus prévisible. Vous comprenez que ses chances de succès étaient considérablement réduites. Depuis maintenant quelques semaines, il n'hésite pas à sélectionner le jeu au sol afin de s'offrir des deuxièmes essais plus faciles à convertir.

La meilleure unité défensive

Plusieurs changements en attaque ont ainsi permis à l'équipe de connaître plus de succès. Mais le véritable élément responsable de ce revirement de situation complet demeure le brio de l'unité défensive. Elle est le pilier et l'identité même de cette équipe et doit être considérée comme la meilleure de la ligue. Elle a littéralement passé le rouleau compresseur sur ses adversaires depuis le début de cette remontée historique.

Au cours de la saison, le coordonnateur défensif Noel Thorpe a réduit la quantité de pression appliquée sur les quarts afin de concentrer plus d'effectifs en couverture. En agissant de la sorte, il y a un peu moins de pression, mais également beaucoup moins de chances d'accorder de longs jeux. Ainsi, la défense accorde quelques premiers jeux ici et là, mais avec la qualité des joueurs, il est très difficile de traverser le terrain au complet.

Certes, cette remontée historique marquera le livre des records, mais pour l'organisation montréalaise, elle ne sera mémorable que si ses joueurs peuvent soulever la Coupe Grey le 30 novembre. Et avec la deuxième moitié de saison que les Alouettes ont connue, tous les espoirs sont permis!