Il n'est pas facile pour un entraîneur de faire le saut des États-Unis vers le Canada. Le début de saison de l'entraîneur américain Dan Hawkins avec les Alouettes nous le rappelle. A-t-il sous-estimé la LCF?

Le constat

L'attaque des Alouettes n'est plus ce qu'elle était. Elle est désorganisée et prévisible. Elle n'affiche plus le même aplomb et ne fait plus peur à ses adversaires.

La situation est directement liée à l'arrivée d'un nouveau groupe d'entraîneurs. Dan Hawkins et son coordonnateur offensif Mike Miller n'ont visiblement pas encore maîtrisé les subtilités de la LCF.

Mais quelles sont ces subtilités? Voici quelques-unes des différences entre le football américain et le football canadien que doivent maîtriser ceux qui veulent s'aventurer au nord de la frontière.

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Les dimensions du terrain sont très différentes. Le terrain américain est d'une largeur de 50 verges et d'une longueur 100 verges avec des zones de but de 10 verges de profondeur. Au Canada, le terrain est d'une largeur de 65 verges et d'une longueur de 110 verges avec des zones de but de 20 verges de profondeur. La différence est donc substantielle et le cahier de jeu doit être modifié en conséquence.

L'attaque au football est une question de synchronisme et d'espacement. Afin d'optimiser le potentiel d'une attaque, il faut être en mesure d'exploiter le terrain au complet. Plus grand sera le territoire exploité, plus la défense sera dispersée et plus il y aura d'espace entre les joueurs afin de compléter des passes ou courir avec le ballon.

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Au Canada, les receveurs et les porteurs de ballon peuvent faire des motions avant la levée du ballon. Ils n'ont pratiquement aucune limite de mouvement, vertical ou latéral. Aux États-Unis, un seul joueur peut bouger à la fois et seulement latéralement. C'est un outil indispensable pour une attaque afin de confondre la défense et de permettre au quart d'effectuer des lectures de jeu avant même que le ballon soit mis en jeu.

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Une des différences les mieux connues est sans contredit le nombre d'essais pour obtenir un premier jeu: trois au Canada et quatre aux États-Unis. Les gains lors du premier essai sont ainsi beaucoup plus importants au football canadien. Une attaque doit éviter de se retrouver trop souvent en deuxième essai avec sept verges ou plus à franchir. Dans ces circonstances, l'attaque devient prévisible et plus facile à contrer. À l'intérieur d'un système américain, des gains de trois ou quatre verges à chaque jeu suffisent pour accumuler les premiers essais alors que cela est nettement insuffisant chez nous.

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Aux États-Unis, l'équipe à l'attaque a 40 secondes pour mettre le ballon en jeu. Dans la LCF, ce délai maximum est de 20 secondes. Résultat: au football canadien, le rythme est effréné et souvent chaotique. Il faut être prêt à plusieurs revirements de situation rapides. Plusieurs entraîneurs tentent de reproduire durant les entraînements cet aspect du jeu: il faut agir vite, penser vite, bouger vite et toujours rester alerte.

Analyse

En observant de près les dernières performances de l'attaque des Alouettes, il est évident que les éléments ne sont pas en place pour assurer une transition en douceur du sud au nord. Mike Miller est incapable d'attaquer l'ensemble du terrain, il n'a pas encore saisi l'avantage que lui procurent les mouvements de joueurs, il ne semble pas avoir de plan en premier essai et le rythme en pratique et en match ne reflète en rien le sentiment d'urgence dont devrait faire preuve son équipe.

Plus encore, les nouveaux entraîneurs sont peut-être tombés dans le plus grand piège de tous: sous-estimer le niveau de jeu de la LCF. Résultat, il se peut qu'ils n'aient pas investi l'énergie nécessaire pour y connaître du succès.

Ça ne serait pas un précédent. L'ego des Américains qui viennent au Canada est bien souvent leur plus grand ennemi. Cette attitude a éliminé bien des joueurs et des entraîneurs qui ont tenté de faire la transition.

Une transition beaucoup plus difficile qu'il n'y paraît.