Alors que les critiques fusaient de toutes parts envers le travail pitoyable des arbitres de remplacement dans la NFL, ceux de la Ligue canadienne de football semblent soudainement avoir repris du lustre.

En début de saison, j'ai eu l'intention d'écrire un article à ce sujet à la suite de quelques décisions douteuses des officiels canadiens. Mais après avoir enduré le spectacle des remplaçants dans la NFL et après avoir analysé le travail des arbitres canadiens, j'en conclus que nous sommes choyés.

Une bonne part des succès de l'arbitrage revient à la structure mise en place par le directeur des arbitres, Tom Higgins. Avec plus de 25 ans d'expérience en coaching et plusieurs années en gestion, il était l'homme tout désigné pour remplacer George Black en 2008.

Muni d'un plan échelonné sur plusieurs années, Higgins a contribué à améliorer la qualité de l'arbitrage canadien grâce à de nombreuses innovations. Son défi et son objectif final: le plus de constance possible. Il ne s'agit pas nécessairement d'être parfait, mais d'être constant.

Il a notamment mis en place le centre de commande responsable de réviser les décisions contestées par les entraîneurs et, depuis le début de la présente saison, chaque jeu au cours duquel un point est inscrit au tableau.

Depuis maintenant quelques saisons, Tom Higgins et un groupe d'arbitres visitent l'ensemble des équipes pendant le camp d'entraînement. Cette visite a pour objectif de clarifier et d'expliquer les règlements qui pourraient sembler nébuleux, de discuter avec les joueurs et les entraîneurs de l'application du cahier de règlements et de répondre aux questions des parties intéressées. Lors de cette visite, les arbitres participent régulièrement à un entraînement de l'équipe afin de simuler des situations de match.

En 2011, quatre postes d'entraîneur de position ont été créés afin de superviser et de soutenir le travail des arbitres. De plus, un processus d'évaluation rigide est en place. Tous les arbitres sur le terrain sont jugés sur chaque jeu. Avec en moyenne 11 000 jeux dans une saison et sept arbitres à la fois, cela représente plus de 77 000 évaluations annuelles!

Les arbitres reçoivent un «bulletin» hebdomadaire. Sur les six groupes de sept arbitres en place au début de la saison, un sera mis de côté au milieu du calendrier et un autre à l'arrivée des séries éliminatoires, en fonction des évaluations reçues pendant le l'année.

Un regard sur la relève

La LCF ne se préoccupe pas seulement de la qualité de l'arbitrage actuel. Elle se soucie aussi de la relève. Pour une deuxième année consécutive, elle a mandaté un officiel à la retraite comme responsable du développement et conseiller technique pour l'arbitrage du football amateur au Canada. Son rôle est de travailler avec le Sport interuniversitaire canadien (SIC), les ligues juniors et Football Canada afin de favoriser un arbitrage de qualité. De plus, depuis plusieurs années, la LCF paie un septième officiel au sein des équipes d'arbitres du SIC et des ligues juniors afin de faciliter leur développement et la compréhension de la mécanique à sept.

Sans être parfait, l'arbitrage au Canada est loin d'être aussi mauvais que certains le prétendent. D'ailleurs, les statistiques de la LCF sont éloquentes. Lors des meilleures performances, 98% des décisions seraient considérées comme bonnes, contre 95% lors des moins bonnes performances. D'ailleurs, Mike Pereira, ancien directeur des officiels de la NFL, a souligné qu'un pourcentage d'efficacité aussi élevé est exceptionnel avec un terrain si grand.

Le job d'arbitre est très ingrat, mais tout à fait essentiel. Les gens qui décident de s'y aventurer sont réellement passionnés par leur boulot et ne souhaitent qu'une chose: qu'on ne parle jamais d'eux. C'est comme ça qu'ils sauront qu'ils font du bon travail.