C'est sous le regard de plusieurs centaines de partisans que les Alouettes ont terminé leur première journée de travail, hier à Saint-Jean-sur-Richelieu. Pendant que les amateurs profitaient d'un bain de soleil, les joueurs complétaient leur deuxième entraînement de la journée, les redoutés two-a-day, propres à tout camp de football qui se respecte.

Mais hier, personne ne se plaignait. Matthieu Proulx, qui a quitté son complet et l'air climatisé d'un bureau pour un casque et le béton d'un camp militaire, aurait certainement pu rechigner un peu à l'idée de s'entraîner pendant quatre heures. Une fois les papillons de la rentrée passés, Proulx s'est plutôt très bien senti sur le terrain... et cela n'a rien à voir avec sa nouvelle carrière dans le monde du droit, qu'il apprécie parfaitement.

«C'est toujours stressant pour moi la première journée du camp. De voir comment mon corps va réagir, comment je me sens, comment je joue. On est toujours un peu rouillé, même si on s'est entraîné pendant la saison morte et qu'on se sent en forme. Mais c'est trippant! On se rappelle tout de suite pourquoi on joue au football, la camaraderie est incroyable», a dit Proulx, qui amorcera sa cinquième saison chez les Alouettes et qui semble dans une forme splendide.

Proulx n'a pas chômé depuis la défaite des siens aux mains des Stampeders de Calgary en finale de la Coupe Grey.

«Ma saison morte a duré pendant à peu près une semaine. La Coupe Grey était disputée le 23 novembre, et le 1er décembre, je travaillais déjà dans un bureau d'avocats. Ça été bon dans un sens, ça m'a permis de décrocher du football.»

Décrocher du football, voilà un thème qui est revenu souvent hier. Même Marc Trestman a vanté les bienfaits de prendre ses distances. De partir pour mieux revenir.

«On traverse toujours une étape où on veut s'éloigner du football, a dit l'entraîneur-chef. On adore notre sport, mais il faut s'en éloigner parce qu'on a été dedans chaque jour pendant six mois. Puis, quelque chose survient, sans qu'on ne décide quoi que ce soit, et le déclic se fait. C'est émotionnel, passionnel, dans le sang. Et ça grandit en vous jusqu'au premier jour du camp d'entraînement, au point où tout vous semble nouveau lorsque ça commence. C'est extrêmement excitant. Et en regardant les joueurs hier (samedi), j'ai eu l'impression qu'ils ressentaient la même chose.»

Étienne Boulay en est un autre pour qui une petite pause n'avait rien d'un caprice.

«J'ai décroché du football, et j'en avais besoin. Je n'ai presque pas arrêté pendant deux ans et ça été éprouvant, autant mentalement que physiquement», a indiqué Boulay, qui a passé plusieurs mois chez les Jets de New York entre les deux dernières saisons des Alouettes, ne l'oublions pas. Le demi défensif vise un retour en force cette saison.

«C'était une situation particulière l'année dernière. Il y avait de nouveaux entraîneurs et la saison était déjà bien engagée lorsque je suis arrivé. C'est évident que je n'ai pas connu la saison que je souhaitais, et c'est pourquoi je suis très, très excité de commencer le camp. Je veux jouer une saison complète. Mon premier but, c'est de refaire ma place dans l'équipe, de reprendre mon poste de maraudeur, de tout recommencer à zéro. C'est un processus. On vient de terminer la première journée et je suis bien content.»

La polyvalence de Boulay pourrait continuer de bien servir les Alouettes.

«Mon nom apparaît à trois positions: maraudeur, demi de coin du côté large, et demi défensif du côté court. Donc, j'ai l'impression que je vais obtenir beaucoup de répétitions à ces positions pendant le camp d'entraînement», a-t-il indiqué.

Un nouvel environnement

Pendant que Proulx, Boulay et les autres vétérans de l'équipe retrouvent leurs aises, les recrues s'acclimatent à un nouvel environnement. C'est notamment le cas de Nickolas Morin-Soucy, anciennement des Carabins de l'Université de Montréal.

«Ça va très bien. J'aime l'ambiance, l'énergie. Ça avance vite et j'apprends beaucoup. J'étais nerveux au début, mais c'est une belle nervosité. C'est un peu comme quand je suis arrivé à l'université. Je ne sais pas trop où aller, mais j'apprends beaucoup. C'est un beau feeling.»

Morin-Soucy, qui se décrit comme un joueur énergique et dynamique, sait très bien que ses chances de percer la formation dès cette saison sont minces. Pour ce faire, l'ailier défensif devra vraisemblablement s'illustrer au sein des unités spéciales.

«Si ça ne fonctionne pas cette année, je vais retourner à l'université pour une autre année, mais le football ne sera pas fini pour moi», a assuré Morin-Soucy.

Boulay est toutefois là pour nous rappeler que rien n'est jamais tout à fait joué dans un camp. «C'est ça qui est excitant d'un camp d'entraînement. Ou bien on se fait un nom, ou bien on se fait tasser. Il y a toujours des surprises, il y a toujours des vétérans qui se font tasser», a-t-il noté.

Calvillo: plus difficile en 2009

Le quart-arrière Anthony Calvillo et l'attaque des Alouettes ont tonné pendant une bonne partie de 2008, mais selon le vétéran, il sera ardu de maintenir pareille production.

«Ce sera plus difficile, aucun doute là-dessus. Les coordonnateurs défensifs des autres équipes ont eu plusieurs mois pour analyser notre attaque, alors ce sera un défi considérable, autant pour nos joueurs que nos entraîneurs. Heureusement, nos entraîneurs sont très créatifs et investissent beaucoup d'heures en préparation.

«Je suis encore plus enthousiaste qu'à pareille date l'année dernière, car on est beaucoup plus avancé qu'on l'était. Je pense qu'on formera vraiment une meilleure équipe.»

Un enthousiasme qui est notamment rendu possible par le retour à Montréal de Jamel Richardson, qui est rapidement devenu l'une des cibles de choix de Calvillo. Le quart-arrière s'attend d'ailleurs à beaucoup de son spectaculaire receveur.

«Avec ses statistiques de l'année dernière, son gabarit, sa vitesse et son attitude, j'étais convaincu qu'il se retrouverait quelque part au sud (dans la NFL). Lorsque j'ai appris qu'il était de retour, j'étais fou de joie. Il pourrait être une super-étoile dans cette ligue pendant plusieurs années, à condition de conserver le même dévouement et le même désir de vaincre. Je pense qu'il peut le faire.»

Richardson devrait toutefois rater les premières semaines du camp à cause d'une pneumonie. Randee Drew, lui, sera absent pendant tout le camp en raison d'une blessure à un genou qui a mis un terme à sa saison dernière.