Les Buccaneers de Tampa Bay pourraient gagner à nouveau. Ce ne sera sans doute pas cette année, mais l’après-Tom Brady est moins fatal qu’anticipé.

Pour une raison obscure, les Buccaneers sont incapables d’attirer la moindre sympathie. Contrairement aux Lions ou aux Packers, peu d’amateurs sont séduits par l’histoire pourtant rocambolesque et improbable de ces pirates aux ambitions sincères.

Dans la dernière année, les Buccaneers ont dû négocier avec le départ à la retraite du plus grand quart-arrière de l’histoire, l’embauche d’un nouveau coordonnateur offensif, l’arrivée de Baker Mayfield, un quart-arrière désespérément résolu à trouver un emploi de partant après avoir joué pour trois équipes en deux ans, et une fiche de quatre victoires et sept défaites au début du mois de décembre.

Contre toute attente, cette équipe a humilié les Eagles de Philadelphie pour accéder au deuxième tour éliminatoire et a des chances réelles d’accéder à la finale d’association.

L’explication est pourtant simple : cette équipe joue avec le goût du risque et la force du collectif, sans chercher à plaire.

À juste titre, le chroniqueur du Tampa Bay Times John Romano a décrit les Bucs ainsi au lendemain de leur dernière victoire : « Glorieusement imparfaits. Spectaculairement réduits. Étonnamment limités. Et incroyablement vivants. »

PHOTO CHRIS O'MEARA, ASSOCIATED PRESS

Chris Godwin célèbre après avoir capté une passe de touché le week-end dernier contre les Eagles de Philadelphie.

De l’extérieur, c’est la perception qu’on en a. Et c’est sans doute la bonne. Cette équipe peut compter sur d’excellents joueurs, mais aucune véritable vedette capable de changer un match, ou une saison, à elle seule.

Leur joueur le mieux payé, Chris Godwin, arrive seulement au 32e rang de la NFL. Les Bucs ont la cinquième parmi les plus petites masses salariales actives de tout le circuit.

Ce groupe ne domine dans aucune catégorie. La seule où elle fait bonne figure est la moyenne de points accordés, où elle pointe au sixième rang. Sinon, dans les autres catégories significatives, les Bucs se retrouvent dans le dernier tiers de la ligue.

Mais ce club sait comment terminer les matchs importants avec plus de points que ses adversaires. Sept fois cette saison, les Buccaneers sont revenus de l’arrière pour remporter un match, ce qui leur vaut d'occuper le deuxième rang de la NFL à ce chapitre.

Principalement parce que cette équipe est aussi un club de cols bleus. Après avoir connu la gloire, le luxe et l’opulence avec Tom Brady, Rob Gronkowski, Leonard Fournette et Antonio Brown, les Bucs sont revenus à la base. Renouveau imposé par l’entraîneur-chef Todd Bowles.

Être agressif en défense, coriace en attaque et debout jusqu’à ce que ça casse. Et ça tient toujours.

Le plaqueur Vita Vea, le bloqueur Tristan Wirfs et le demi de coin Jamel Dean sont des durs à cuire. Leurs visages ne sont pas dans les journaux ni à la télévision, mais ils sont essentiels à la réussite de leur équipe.

« On a du plaisir à jouer, a évoqué Godwin après la rencontre à un représentant de Sports Illustrated. Et ce sera important de continuer comme ça si on veut continuer à avancer. »

L’homme de la situation

Avec 337 verges aériennes et 3 passes de touché contre les Eagles, Mayfield a fait taire bien des détracteurs. Est-il l’étincelle de cette équipe ou simplement un joueur profitant d’un bon système ? Un peu des deux.

PHOTO DOUG MURRAY, ASSOCIATED PRESS

Le quart-arrière des Buccaneers de Tampa Bay Baker Mayfield

La carrière de Mayfield semblait terminée après des passages infructueux chez les Panthers et les Rams en 2023. Ou, à tout le moins, on le voyait difficilement redevenir le visage d’une franchise.

Et voilà que dès l’ouverture du marché des joueurs autonomes, le directeur général Jason Licht s’est empressé d’offrir un contrat au quart-arrière, comme s’il était l’un des joueurs les plus convoités.

Visiblement, l’organisation aimait les chances de Mayfield d’aider l’équipe à faire un bon bout de chemin. Mais pas à n’importe quel prix. Quatre millions de dollars, presque le salaire minimum pour un quart partant, pour un an seulement.

Puis, Mayfield a répondu de la meilleure manière possible. Taux de passes réussies de 64,3 %, 4044 verges, 28 passes de touché et un titre de division.

On a revu cette saison la détermination du quart-arrière d’Oklahoma qui est allé planter le drapeau de son équipe au centre du terrain d’Ohio State en 2017. On a reconnu l’assurance du premier choix au total de l’encan 2018. On a renoué avec la détermination du leader ayant offert aux Browns un premier match éliminatoire en 18 ans, en 2020.

« C’est ce qui a rendu ma décision si facile, a expliqué Mayfield au sujet de son déménagement à Tampa à l’antenne de CBS, à la fin de décembre. Il y avait tous les éléments dans cet effectif, dans cette organisation, et je savais que j’allais être mis dans une bonne position pour progresser. »

C’est pourquoi Mayfield n’est pas responsable à lui seul du succès de son équipe. Après tout, les Bucs ont gagné le Super Bowl en 2021 avec un groupe similaire.

Mayfield excelle, mais ses coéquipiers aussi. Le système favorise son style de jeu peu orthodoxe, mais son imprévisibilité est compensée par un rendement satisfaisant des autres joueurs sur le terrain.

Mike Evans a connu une 10e saison de suite de plus de 1000 verges par la passe. Chris Godwin a retrouvé ses repères avec 1024 verges. L’ailier rapproché Cade Otton fait le boulot dans les moments de haute tension. Rachaad White n’est pas le porteur de ballon le plus productif, mais il est bien utilisé.

Mayfield est donc très bien épaulé. Il a trouvé sa niche et en retour, l’équipe s’est assuré un quart jeune et désireux d’en faire plus. Après tout, Mayfield est seulement de quelques mois l’aîné de Josh Allen et Joe Burrow.

Tout ça sera sans doute insuffisant pour gagner le Super Bowl dès cette année, mais les Buccaneers sont toujours là. Et le soleil brille à nouveau à Tampa.