À l’occasion du jour de l’An, pendant que plusieurs tenteront d’engloutir les restants de la veille et que certains se demanderont pourquoi la soirée du réveillon n’est pas simplement un très long Infoman, d’autres se blottiront dans leur canapé pour assister à l’un des plus beaux spectacles sportifs de l’année.

Alabama, Michigan, Texas et Washington. Quatre États américains ayant entre autres permis d’élire Franklin D. Roosevelt à la présidence en 1932. Mais ce sont surtout les quatre universités qualifiées pour les éliminatoires du football collégial américain de cette année.

Le Crimson Tide, les Wolverines, les Longhorns et les Huskies ont été choisis par le comité du College Football Playoff (CFP) pour disputer les demi-finales menant au championnat national. Si la phrase précédente vous est incompréhensible, voici une courte explication du format éliminatoire du football de la NCAA.

Depuis 2014, 13 membres siègent au CFP. Ils sont d’anciens entraîneurs, d’anciens joueurs, directeurs de programme, administrateurs et journalistes. Ensemble, chaque semaine, ils établissent un classement des 25 meilleures équipes des États-Unis. Leur évaluation est basée sur les performances, les victoires intraconférences, la difficulté du calendrier, les affrontements passés et les comparaisons entre adversaires. Les quatre équipes au sommet du classement à la fin de la période font donc partie du portrait éliminatoire.

Ainsi, comparativement à la majorité des systèmes, le nombre de victoires ou les statistiques collectives n’ont pas d’effet direct et certain sur le classement. C’est un classement plutôt subjectif.

Par exemple, malgré un dossier de 13 victoires et aucune défaite, Florida State a terminé au cinquième rang, derrière le Texas et l’Alabama qui ont pourtant un dossier de 12-1.

Michigan (1) c. Alabama (4) : Rose Bowl, lundi à 17 h

Difficile de demander un meilleur duel pour amorcer ces demi-finales. Non seulement cet affrontement mettra aux prises deux des programmes les plus prestigieux des États-Unis, mais surtout il impliquera deux programmes aux antipodes.

D’un côté, il y a l’Alabama. Ce programme dirigé par le grand Nick Saban a remporté trois fois la grande finale au cours des huit dernières années.

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L’entraîneur-chef du Crimson Tide de l’Alabama, Nick Saban (au centre, chandail blanc)

Pour sa part, le Michigan a dû s’avouer vaincu en demi-finale lors des deux dernières années. Toutefois, les chances sont bonnes pour que cette disette prenne fin au tournant de la nouvelle année.

Il n’y a peut-être pas de grandes vedettes dans cette équipe dirigée par Jim Harbaugh, mais le collectif est irréprochable et inspiré. Comme c’est le cas depuis un bon moment chez les Wolverines, l’identité de cette équipe prend racine en défense.

Les bleus ont terminé la saison au premier rang de toute la NCAA pour le nombre de points accordés par match – la moyenne est de 9,5 – et deuxièmes pour le nombre de verges accordées. Jalen Milroe, le quart-arrière de l’Alabama, a le talent nécessaire pour rester debout face au vent, mais la défense aérienne du Michigan est tellement dominante qu’il pourrait finir par casser. Surtout si le demi de coin Mike Sainristil fait des siennes. Il a été parmi les plus efficaces à sa position avec cinq interceptions et deux touchés. Le roi des jeux clés. Il est aux Wolverines ce que Marc-Antoine Dequoy est aux Alouettes.

Le quart du Michigan, J.J. McCarthy, est encore jeune, à 20 ans, mais il a prouvé de belles choses. Ça fait longtemps qu’on le voit venir et il semble enfin éclore. Cependant, la véritable menace du Michigan se trouve dans le champ arrière. Blake Corum est une locomotive sans frein. Le porteur de ballon a réalisé 24 touchés en 13 matchs, dont 22 à moins de 10 verges de la zone des buts.

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Le porteur de ballon des Wolverines du Michigan Blake Corum

Néanmoins, Nick Saban sait comment gagner. Son équipe sait surtout comment avoir l’ascendant sur les jeux clés. S’il veut gagner, le Crimson Tide devra remporter la guerre des tranchées. L’Alabama a été la meilleure équipe offensivement sur quatrième essai. Mais comme le Michigan, le succès de l’Alabama repose aussi sur la défense avec Terrion Arnold, Chris Braswell et Dallas Turner. Et avec un demi de coin au surnom aussi délicieux que Kool-Aid McKinstry, il est difficile de ne pas avoir de parti pris.

Or, même si la conférence dans laquelle évolue l’Alabama est historiquement plus forte, plus rapide et plus talentueuse que celle du Michigan, les Wolverines ont trop de profondeur pour perdre. Et avec une équipe donnant aussi peu de pénalités et de revirements, on est certain qu’elle ne se battra pas elle-même.

Washington (2) c. Texas (3) : Sugar Bowl, lundi à 20 h

Pourquoi aime-t-on autant les Longhorns du Texas ? Parce que Matthew McConaughey assiste à la majorité de leurs matchs à domicile. Oui, mais encore ? Parce que le programme s’est complètement revigoré. Bijan Robinson y a fait des miracles et Arch Manning est attendu comme peu de quarts l’ont été dans les dernières années. Les Longhorns sont captivants et spectaculaires.

Néanmoins, le défi sera colossal pour les Texans. Peu d’observateurs voyaient les Huskies de Washington dans leur soupe en début de campagne.

Grâce au quart gaucher Michael Penix Jr., Washington a excédé toutes les attentes. Le finaliste au trophée Heisman a terminé parmi les cinq premiers pour le nombre de verges gagnées par la passe (4218), de passes réussies (307) et de passes de touché (33) parmi tous les quarts au pays.

Comme le reste de son équipe, Penix Jr. joue comme s’il n’avait rien à perdre. Il s’exécute avec détente, attitude et surtout avec la conviction de pouvoir gagner, malgré tout. Grâce à lui, l’attaque de Washington est devenue l’une des plus menaçantes de la NCAA.

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Le quart-arrière des Huskies de Washington Michael Penix Jr.

En vérité, un autre joueur s’est démarqué. Le receveur Rome Odunze a terminé troisième pour le nombre de verges accumulées. Comme celle entre Mac Jones et DeVonta Smith en Alabama ou celle de Joe Burrow et Ja’Marr Chase à LSU, la chimie entre Penix Jr. et Odunze semble inébranlable. N’eût été Marvin Harrison Jr., il aurait été le meilleur receveur du circuit universitaire.

Malheureusement pour les partisans des Longhorns, leur équipe excelle contre le jeu au sol. Cependant, Washington mise avant tout sur l’attaque aérienne.

Ce duel sera à haut pointage, assurément. Les deux formations ont marqué plus de 30 points dans la majorité de leurs matchs. Si la rencontre est corsée, Texas a les outils nécessaires pour faire la différence. Sur les unités spéciales, l’équipe peut compter sur le botteur le plus efficace en Bert Auburn et sur le receveur Xavier Worthy, une menace sur chaque retour de botté. Le quart-arrière Quinn Ewers a été fumant à son dernier match avec 452 verges par la passe, mais son équipe en aura plein les bras face à une formation complète et déterminée à continuer de surprendre et d’épater.