Il ne s'agissait que du troisième «Pro Day» de l'histoire pour un espoir québécois, hier à Québec, où Antony Auclair s'est entraîné de façon individuelle devant les recruteurs de 17 équipes de la NFL. Et malgré une blessure à un ischio-jambier, l'ailier rapproché était somme toute satisfait du déroulement de la journée.

«Les choses ont bien été malgré ma blessure. J'ai fait de bons tests et j'ai même battu mes marques personnelles pour le saut vertical, le saut horizontal et le bench press. Je suis content de ma journée», a résumé l'ancien porte-couleurs du Rouge et Or de l'Université Laval à La Presse.

La plupart des résultats d'Auclair ont sûrement répondu aux attentes des recruteurs présents, sauf peut-être son temps dans le sprint de 40 verges (entre 4,82 et 4,88 s, selon les différents chronos), ce qui s'explique par cette blessure à une cuisse survenue il y a une dizaine de jours.

«On a songé à repousser l'entraînement, mais se préparer pour des exercices individuels et pour une saison, ce n'est pas la même chose du tout. Et je veux pouvoir commencer à m'entraîner en vue de la prochaine saison le plus rapidement possible», a expliqué Auclair.

Selon son agent, Sasha Ghavami, le Québécois a probablement plutôt impressionné certaines équipes en acceptant de courir sous le regard des recruteurs même s'il n'était pas au sommet de sa forme.

«Il a marqué des points en démontrant qu'il était tough. Les équipes savaient qu'il était blessé, nous les avions toutes avisées ce week-end. Plusieurs recruteurs étaient d'ailleurs surpris qu'Antony choisisse de faire le sprint une deuxième fois après sa première tentative», a noté Ghavami.

C'est connu, certaines équipes de la NFL accordent une importance démesurée aux résultats lors des entraînements individuels. Mais Auclair étant un joueur qui s'illustre d'abord et avant tout par la qualité de ses blocs (une espèce en voie de disparition chez les ailiers rapprochés), son chrono ne devrait pas trop lui nuire.

«Si certaines équipes hésitent à le repêcher à cause de ça, vaut mieux qu'elles ne le repêchent pas. Antony est un bon joueur de football, et je suis convaincu qu'il y a des équipes qui le savent très bien», a dit Ghavami.

Six entrevues au calendrier

En comparaison, il y avait neuf équipes de la NFL, dont les Chiefs de Kansas City, qui avaient assisté au «Pro Day» de Laurent Duvernay-Tardif, il y a trois ans. N'eût été de problèmes de logistique qui ont empêché les Broncos de Denver et les Chargers de Los Angeles d'être représentés hier, il y en aurait eu 19 dans le cas d'Auclair...

«Il y a une corrélation avec le succès de Laurent, c'est indéniable. Certaines équipes se mordent encore les doigts de ne pas avoir repêché Laurent et elles ont maintenant moins de doutes que ça puisse fonctionner. Le succès de Laurent a été un facteur important, mais si autant d'équipes s'intéressent à Antony, c'est d'abord et avant tout parce qu'il est bon», a cependant rappelé Ghavami.

Charles Vaillancourt, un garde qui a obtenu un essai avec les Giants de New York et qui fait actuellement partie des Lions de la Colombie-Britannique, est l'autre Québécois à avoir participé à un «Pro Day».

Photo Erick Labbé, Le Soleil

Sasha Ghavami, agent d'Antony Auclair

Plus de la moitié des équipes du circuit Goodell étaient représentées à Québec, mais il y a un autre signe qui prouve encore plus que la NFL s'intéresse au jeune Auclair: six équipes avaient déjà organisé des entrevues dans leur ville respective avec lui. Aucune équipe n'avait prévu une rencontre formelle avec Duvernay-Tardif avant son «Pro Day», en 2014.

Il faut savoir que les 32 équipes de la NFL ne peuvent excéder un total de 30 rencontres formelles à l'aube du repêchage. Elles ne gaspillent donc pas ces occasions...

Les six clubs qui ont invité Auclair à venir les rencontrer ne sont pas connus pour l'instant, mais le joueur de 23 ans fera une première visite la semaine prochaine, puis cinq autres en avril. Il a même passé une partie de la soirée de samedi avec des membres d'une équipe de la NFL.

«On ne peut pas vraiment se préparer pour ces entrevues. Il faut prendre ça comme ça vient. Je sais seulement que je vais rencontrer les entraîneurs des équipes et leur personnel médical», a dit Auclair, qui a discuté avec plusieurs recruteurs au cours des derniers jours.

«Il y a certaines équipes qui semblaient plus intéressées que d'autres, mais c'est difficile à évaluer. Il y a sûrement des équipes qui cachent leur jeu.»

Une cuvée exceptionnelle

De nos jours, la grande majorité des ailiers rapprochés excellent ou bien à attraper le ballon, ou bien à bloquer. Rares sont ceux qui font du bon travail dans les deux aspects du jeu.

«Antony est un très bon bloqueur et il est très précis dans ses tracés de passe. C'est ce qui intéresse les équipes, sa polyvalence», a convenu Ghavami.

Le seul élément qui pourrait nuire à Auclair à l'occasion du repêchage de la NFL, qui aura lieu du 27 au 29 avril à Philadelphie, est la qualité du groupe d'ailiers rapprochés disponibles. Certains experts croient que la cuvée de 2017 est l'une des meilleures de l'histoire à cette position.

«Plusieurs recruteurs nous ont dit que si Antony n'était pas repêché, ce serait parce que la cuvée d'ailiers rapprochés est exceptionnelle.»

«Bien honnêtement, tant mieux si c'est l'une des meilleures. J'adore la compétition et j'ai hâte de pouvoir me mesurer à ces gars-là», a de son côté indiqué le joueur de 6 pi 5 po et 255 lb.

Il est difficile de savoir si Auclair sera sélectionné ou non au repêchage. Ce qui est toutefois certain, c'est qu'il obtiendra un contrat à titre de joueur autonome dans le pire des scénarios.

«Je souhaite être repêché, mais je n'ai pas d'attentes. Le repêchage est une porte d'entrée pour la NFL, mais ce n'est pas la seule. La clé pour moi, c'est de rester patient. Je dois m'assurer que ma blessure guérisse bien et bien me préparer pour la saison.»

Il n'y a pas de flafla avec Auclair. Alors que de plus en plus d'espoirs évitent de s'entraîner devant les recruteurs par peur de se blesser, lui s'est entraîné alors qu'il traînait déjà une blessure. C'est précisément le genre d'attitude que recherchent les équipes de la NFL.

Photo Erick Labbé, Le Soleil

Antony Auclair